3 Questions à Sion Assidon : Le Festival des Musiques Sacrées de Jérusalem est « une manifestation concoctée par les organisateurs de l’apartheid, par les champions de l’épuration ethnique »

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La participation du groupe marocain ??Chabab alandalous?? au festival des musiques sacr?es de J?rusalem a d?clench? de vives critiques notamment au sein d?une partie de l?opinion publique isra?lienne (voir appel lanc? par l?association BFW). Pour comprendre les raisons d?une telle pol?mique, le Quid interroge Sion Assidon pr?sident du mouvement BDS Maroc

Quid.ma?: Que voulez vous r?pondre aux gens qui affirment que participer ? un festival, tel que celui des musiques sacr?es de J?rusalem , envoie un message de paix et de tol?rance??

Sion Assidon?: Je ne peux mieux faire que de renvoyer ? la lettre de BFW. Tol?rance et paix ? Dans une manifestation concoct?e par les organisateurs de l'apartheid, par les champions de l'?puration ethnique ? Sous la coupole des institutions qui ont organis? les massacres en masse de civils et ont tent? de ne laisser ? Gaza que le chaos ? Non. Il est clair que ces criminels, en organisant ce genre de festivals n'ont qu'un seul souci : essayer d'effacer aux yeux de l'opinion publique internationale l'image que finissent par mettre au jour leurs pratiques de plus en plus connues ? travers le monde. Quant aux cyniques, aux sp?cialistes restaurateurs d'images m?diatiques des despotes, des tortionnaires et des champions du sociocide, qui ? grand renfort de dollars tentent d'accr?diter qu'on a affaire ? un Etat "civilis?" et "cultiv?", "tol?rant", ceux-l? doivent ?tre d?masqu?s et d?nonc?s. Les artistes qui ont une conscience et le sens de la dignit? ne tomberont pas dans ce pi?ge. Les musiciens de musique andalouse qui ont dans le pass? refus? de recevoir de l'argent pour aller se produire sous le drapeau de l'occupant, et les membres de l'orchestre Chabab el Andalous qui ont refus? cette fois de faire le voyage, m?me ceux qui se sont tromp?s dans le pass?, ceux-l? doivent ?tre f?licit?s et encourag?s. La dignit?, la dignit? retrouv?e, c'est cela qui compte.

Quid.ma?: Pensez-vous que l?association ??Boycott from Within?? a un r?el impact sur la soci?t? isra?lienne??

SA?: Je r?ponds oui sans h?sitation. Pas BFW seulement, mais les activistes anti-sionistes en g?n?ral qui sont une poign?e. Ils comptent. ?videmment, je ne parle pas en termes ?lectoraux.

Aujourd'hui la soci?t? isra?lienne est dans un processus de fascisation. Le fameux "camp de la paix" (avant on parlait des "colombes") est r?duit ? sa plus simple expression, et les militants anti-sionistes cons?quents font m?me face ? des risques de lynchage, voire pire. Mais ils sont cette bougie allum?e dans les t?n?bres qui permettent ? d'autres, moins engag?s qu'eux de tenir. Je pense ? l'?ditorialiste Gideon Levi de Haaretz, ou ? la reporter du m?me journal Amira Hass, par exemple. Qui sont sur des positions qui remettent en cause les standards sionistes. Tous participent ? ce lent travail souterrain qui pr?pare le changement.

Quel r?le ont jou? les militants anti-apartheid blancs en Afrique du Sud dans la chute du r?gime raciste ? Pas le moteur principal du changement. Mais ils ont ?t? un acteur indispensable. Dans notre cas, c'est le peuple palestinien qui est le moteur. Mais ces porteurs de la conscience humanitaire nous permettent d'entrevoir des voies vers l'avenir, et d'envisager la possibilit? d'un pays dans lequel r?gnera l'?galit? des droits entre tous les habitants y compris ceux qui auront renonc? ? un statut et ? des privil?ges qui sont ? la base de l'oppression sioniste.

En arabe, on dit : Fi laylati addhalma'i youftaqadou el badrou. Dans les t?n?bres profondes on cherche le croissant. Les activistes isra?liens anti-sionistes sont ce croissant.

Quid.ma?: Croyez-vous que les cachets qu?offrent le festival aux artistes soit la motivation principale des int?ress?s d?y participer???

SA?: Lorsque l'istirzaq (la recherche l?gitime de son gagne-pain) se transforme en irtizaq (la mercenarisation au service des oppresseurs), ce ne s'appelle plus des cachets, cela s'appelle de la corruption (fassad). D'autant plus grave si l'argent a l'odeur pestilentielle des cadavres d'innocents.

Propos recueillis par Abdelaziz Alaoui