Après l’interdiction d’Exodus, Khalfi peut interdire d’affirmer que la terre est ronde

5437685854_d630fceaff_b-

1
Partager :
couv-FILM-MOSSA Les valeurs de Khalfi et ses fr?res sont partag?es par tous les mouvements islamistes qui veulent pr?cipiter la sortie d'Addajal et la fin de la vie pour que la mort r?gne sur ce monde. Comme pr?vu, le ministre de la communication Mustapha Khalfi a r?ussi le pari d'interdire ???Exodus?: Gods and Kings??, le dernier film du grand r?alisateur Ridley Scott, ?de la projection dans les quelques salles de cin?ma qui r?sistent encore au Maroc. La commission, qu'il domine aujourd'hui, est mise ? contribution pour ent?riner la d?cision qu'il a prise lui m?me et pouss? ses relais ? l'imposer, allant jusqu'? menacer les propri?taires des salles de cin?ma de fermeture s'ils proc?dent ? sa projection. En prenant cette d?cision, le nouveau promu ? la direction du MUR Mustapha Khalfi vient ?confirmer au monde que le Maroc est, d?ores et d?j?, soumis au dictat des islamistes et ? leurs valeurs, contraires aux libert?s, et qu'il ne se distingue pas par rapport aux autres pays arabes o? ces valeurs obscurantistes font des ravages. Le non dit dans une explication timide de cette interdiction est que le film est r?alis? par un impie (Kafir) et qu'il risque d'encourager le doute (Achak) et l'apostasie (Arrida) en remettant en cause une histoire que les croyants doivent accepter sans discussion. Cette r?action ? une cr?ation artistique, qui n'est ni une relecture de l'histoire ni une remise en cause des religions, est non seulement disproportionn?e, mais refl?te une certaine volont? de limiter le champ des libert?s, y compris la libert? de la cr?ation artistique. Les islamistes, isolationnistes par d?finition, se foutent de la r?action du reste du monde, parce qu'ils se croient toujours les meilleurs de ce monde, ce qui signifie que le message de l'interdiction est destin? ? nos cin?astes et artistes qui oseraient demain d?passer les lignes rouges trac?es par le MUR et sa vitrine politique. Cette d?cision d'interdire un film international vient confirmer que les attaques contre des cin?astes marocains ayant os? approch? des sujets consid?r?s par les fr?res de Khalfi de tabous, et contre l'ex-directeur g?n?ral du CCM Noureddine Sail, accus? d'encourager ces cin?astes de prendre beaucoup de libert?. Elle lance ?galement un avertissement ? tous ceux qui se laissent emporter par certains discours tactiques et croient qu'une coexistence pacifique entre les libert?s, les droits de l'Homme, la d?mocratie et le progr?s d'une part et un projet de soci?t? r?trograde d?une autre. L'interdiction d'Exodus constitue d?j? une r?f?rence qui sera utilis?e ? chaque fois que Khalfi ou son alli? Sbihi, qui doit prouver sa loyaut? ? son chef, proc?deront ? l?interdiction d'un autre film, d'une s?rie, d'un livre, d'une pi?ce de th??tre ?., Les islamistes de la zaouia d'Ahmed Raissouni, vice pr?sident d'Al Qardaoui, agissent aujourd'hui contre un film ?tranger, r?alis? par un grand ami de notre pays, comme premier pas. ?Leur pr?texte, discut? hors cadre, ce n'est pas l'image qu'ils ont cit? dans leur communiqu?, qui a essay? de mettre fin ? la controverse, mais le refus de la mise en sc?ne des proph?tes, interdite par le rite sunnite, et qui ne l'est pas par le rite chiite, m?me dans sa version iranienne. Si les islamistes au gouvernement arrivent ? imposer leur version du rite sunnite, copi?e aux obscurantistes des si?cles de la d?cadence, on se trouverait devant une situation o? toute cr?ation artistique, toute pens?e philosophique, toute invention technique ou toute recherche scientifique qui d?rogent ? ce rite sanctionn?es par l'interdiction au moins si ce n'est l'emprisonnement, voire la d?capitation. La culture arabe, ouverte ? l'aube de l'islam ? la culture grecque, a rejet? le th??tre, la sculpture, le dessin et les portraits, la musique, la chanson...parce que les pr?dicateurs ont refus? la repr?sentation et l'imitation assimil?es au polyth?isme. Cette culture s'est trouv?e sans patrimoine pictural et musical jusqu'au 19e si?cle et sans tradition th??trale jusqu'au 20?me si?cle. A part la p?riode de r?gne du calife abasside Al Mamoune et une courte p?riode en Andalousie, tous ceux qui ont os? d?roger ? l?orthodoxie ont ?t? chass?s et pers?cut?s. Les artistes, les philosophes, les mystiques, les scientifiques... ont ?t? consid?r?s comme des impies ou des apostates qu'il faut liquider. Nous assistons aujourd'hui ? un retour des vieux d?mons et nous nous trouvons confront?s au risque d'un fait accompli impos? par Khalfi et ses fr?res, qui affirment ? chaque fois qu'ils donnent la priorit? ? leur guerre ou bataille des valeurs. Ces valeurs sont partag?es par tous les mouvements islamistes qui ?veulent pr?cipiter la sortie d'Addajal et la fin de la vie pour que r?gne la mort sur ce monde. L'interdiction d'Exodus ou de Noah et d'autres cr?ations artistiques ? venir n'est que le d?part d'un processus visant ? instaurer la censure et restreindre les libert?s, discret aujourd'hui malgr? tout, et ? imposer un mod?le de soci?t? qui se r?f?re ? des temps obscurs id?alis?s. Nous sommes tous responsables.

lire aussi