La culture et le football

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Le football est accus? de tous les maux depuis qu?il a conquis la plan?te avec ses stars immens?ment adul?es par des foules ? la limite de l?adoration et des sommes d?argent colossales drain?es par les transferts, les produits d?riv?s et la publicit?. Cela fait perdre? la t?te aux plus sceptiques. En effet, ??adul? ou ha?, vecteur de passions, d?identit?s, d?int?r?ts individuels ou collectifs, le football est devenu un ?l?ment central de nos soci?t?s??, affirme Pascal Boniface, directeur de l?IRIS ? Paris et sp?cialiste du monde footballistique.

?Et parce que le football est devenu l?attraction la plus suivie dans le monde des spectacles et des loisirs ( Plus de 16 millions de tweets et plus d?un milliard sur Facebook rien que lors du match Br?sil ? Colombie lors de la phase des poules de la 20?me Coupe du Monde), battant ainsi le record du show de la nuit des ?lections am?ricaines par exemple et mettant ? mal toutes les autres pratiques? intellectuelles, artistiques et sportives, on lui fait endosser tous les maux dont souffrent les soci?t?s en mal de positionnement g?ostrat?gique et de supr?matie politique et ?conomique comme c?est le cas pour notre pays.?Que les th??tres soient vides, c?est la faute au football qui emp?che, dit-on chez nous le plus souvent, le d?veloppement th??tral dans notre pays. Que les galeries de peinture et les salles de conf?rences ne drainent que quelques passionn?s de nourriture spirituelle? et c?est encore la faute au football si un match est programm? ? la m?me heure. Pourtant, les nations les plus avanc?es ?conomiquement et socialement sont leaders dans le monde footballistique aussi bien que dans tous les autres domaines de la vie socioculturelle.

Le football, en fait, n?y est pour rien. Le football n?est pas seulement un jeu avec un ballon rond qui passionne des millions de gens sur la plan?te. Le football n?est pas seulement une g?opolitique que les gouvernements du monde entier prennent en consid?ration pour promouvoir leur politique nationale et internationale en leur servant de tremplin pour leur positionnement dans l??chiquier international - Le Qatar en est l?exemple criant - Le football n?est pas seulement une valeur ?conomique qui draine un flux consid?rable d?argent. A voir, en effet, les sommes colossales annonc?es lors des transferts et le salaire de certains joueurs, on a le vertige, m?me si, derri?re cette marchandisation des ?tres humains, il y aurait, selon les dires m?me du pr?sident de la FIFA, ??un esclavage moderne??. Mais le football est aussi une culture. Le football de haut niveau, notamment cette manifestation qu?est la Coupe du monde 2014 au Br?sil, patrie du football, de la samba et des corps qui dansent, c?l?bre la culture des peuples dans toutes ses manifestations civilisationnelles, ethniques, artistiques, esth?tiques? Le football offre des images ?poustouflantes de beaut? mettant ? contribution des cr?ateurs de tous bords et des technologies de pointe qui font r?ver le monde entier devant les ?crans de t?l?vision. Ce que nous offre la 20?me Coupe du monde m?rite en effet de s?y arr?ter.

Culture et football, m?me combat??

A regarder tous ces spectacles retransmis ? la t?l?vision, on se rendrait vite compte que le football emprunte de plus en plus ? l?art du spectacle. Il touche de plus en plus ? l?esth?tique par la c?l?bration de la beaut?, de la gr?ce dans toute sa puret?. L?exultation du corps et de l?esprit concourt ? la beaut? du geste dans une ambiance festive, belle ? voir parce que pens?e par des artistes, joueurs comme dirigeants, s?lectionneurs comme staffs techniques, cam?ramans comme r?alisateurs et, bien entendu, des spectateurs de toutes les cultures qui apportent ? cette f?te non seulement une dimension spectaculaire au sens des f?tes romaines d?antan mais aussi une touche culturelle pleine de cr?ativit? et d?expressions joyeuses. Cette ??grande foire aux identit?s?? selon l?expression d?Albrecht Soontag est la touche particuli?re dans cette coupe du monde, au-del? du plaisir du jeu et de la comp?tition qui en sont les ressorts.

Allons aux stades et commen?ons par le commencement.

Organiser une coupe du monde, c?est bien entendu avoir des moyens financiers colossaux, indispensables pour de telles manifestations, mais c?est aussi l?occasion de faire valoir de la culture. Les stades rivalisent de beaut? et de cr?ativit? architecturale. Les pelouses autant que les gradins invitent au repos de l??il et donnent envie d?y ?tre autant pour y jouer que pour regarder jouer. Les aires de jeu autant que les tribunes sont de plus en plus am?nag?es de sorte ? offrir au spectateur le plus de confort et d?accessibilit? mais au-del? du savoir-faire, du g?nie et du sens aigu de l?organisation et du marketing, ces manifestations sont aussi l?occasion pour ces millions de spectateurs de c?l?brer leur culture qu?ils vont exprimer avec ferveur, en toute libert?, donnant ainsi l?image d????un empire pacifique et joyeux??, selon l?expression de Pascal Boniface.

Nous avons la chance, nous t?l?spectateurs, de voir l?envers du d?cor, de cheminer dans les coulisses des stades et de voir de pr?s cette organisation fabuleuse qui c?l?bre le football dans toute sa splendeur et sa grandeur. De l?arriv?e des ?quipes au stade jusqu?? l?apparition fracassante sur le terrain et l?extinction totale de la clameur pour le chant des hymnes nationaux, le t?l?spectateur est ?bloui par cette orchestration parfaite qui donne d?j? un avant-go?t de la f?te. Unis dans l?adversit?, les joueurs s?enlacent, s?embrassent puis, dans l?ordre et la discipline, donnent la main ? des enfants admiratifs de leurs stars pr?f?r?es qui leur donnent une image valorisante du football, pour aller ensemble entonner les hymnes nationaux devant une foule en d?lire.

A voir cette rage avec laquelle l??quipe du Br?sil et celle du Chili, emport?es par des milliers de spectateurs, chantent ? l?unisson l?hymne national, pour la gloire de leur pays, on a la chair de poule. On est saisi par ce nationalisme ambiant, sans chauvinisme outrecuidant ni animosit? gratuite, cette clameur montant des gradins qui pr?figure une lutte acharn?e pour la victoire, mais une lutte joyeuse et fervente. Pas de fioritures ni de laisser-aller. Tout est orchestr? et minut? ? la perfection. La pr?cision et la rigueur sont une culture. Elles ne s?acqui?rent ni par de l?argent ni par des stratag?mes m?me si l?argent et les stratag?mes sont de mise ? l??re de la marchandisation ? outrance. On comprend pourquoi la lutte pour l?organisation de la Coupe du Monde est rude et ne saurait ?tre attribu?e ? des pays qui souffrent encore de la culture du laisser-aller, de la gabegie et de la corruption et de l?improvisation.

Des individualit?s au service de la collectivit?

??Le grand art est 75% de travail acharn? et seulement 25% de talent. Le talent est exclusivement le r?sultat d?un travail acharn頻, avait dit Lee Strasberg, le fondateur de l?Actor?Studio, l??cole am?ricaine qui forme des superstars selon une m?thode efficace et rod?e. Sans doute, Monsieur Strasberg, au th??tre comme dans le football ou toute autre expression sportive ou artistique, il faut du don et un travail sans rel?che pour jouer son r?le ? la perfection et donner ? voir. Mais il y a d?autres th?ories, selon la culture de chaque pays, qui inculquent une philosophie particuli?re de penser. Jean-Louis Barrault aurait une autre fa?on de voir les choses. Pour lui, ??pour jouer, l?homme dispose avant tout de lui-m?me. D?s l?origine, il est son propre instrument ?. Car au-del? des prouesses techniques et des strat?gies de jeu, il y a l?expression de la personnalit? de chaque joueur, la mentalit? des citoyens qui composent l??quipe qui sont avant tout des manifestations culturelles, forg?es au fil du temps par l??ducation et la philosophie d?un peuple ancr?? dans son histoire et sa civilisation qui traversent son corps et donnent la mesure de son ?tre. Des postures bien particuli?res et une mentalit? bien sp?cifique. C?est cela qui fait, en derni?re analyse, la diff?rence entre des peuples et donc entre des ?quipes de football.

Un travail d??quipe n?cessite sans doute l?harmonie et une coh?sion parfaite dans le groupe, Mais il est question aussi d??ducation?que l?on ne saurait acqu?rir par la technique et la robotisation pour acqu?rir des automatismes: la culture du comportement, du savoir-faire, de l?intelligence pratique et une discipline spartiate car ils sont, en fin de compte, d?terminants quand des ?quipes sont ? chance ?gale. Rappelons-nous ce match historique Maroc-Allemangne lors de la Coupe du monde ?.. Tout s??tait jou? dans le dernier quart d?heure alors que le Maroc gagnait et qu?il s??tait endormi en essayant de perdre du temps jusqu?? la fin du match, croyant???avoir travers? la rivi?re et s?ch? ses pieds??, selon le dicton marocain. Le Maroc avait perdu parce qu?il lui manquait cette culture de la vigilance et du travail accompli jusqu?au bout. Quand on est ?lev? dans une soci?t? rompue aux valeurs de la citoyennet? o? la culture de la tricherie est bannie du comportement humain, on peut faire la diff?rence. Pr?parer une ?quipe de football pour des comp?titions de ce genre, avec une pr?paration spartiate dans le travail du corps et des tactiques des combinaisons de jeu mais aussi dans une pr?paration mentale qui, combin?es harmonieusement, offriront au t?l?spectateur un spectacle o? tout s?exprime?: le corps et ses prouesses techniques, les strat?gies mais aussi des gestes, des postures qui offrent au public de belles images de football.

Jouer c?est risquer, c?est s?engager comme un artiste risquerait son ?tre ? jouer un r?le. Jouer au football demande de la part des joueurs de l?humilit? pour se surpasser mais aussi l?exigence absolue du don de soi et de la cr?ativit?. Jouer c?est aller au bout de soi-m?me et s?offrir en partage avec des millions de spectateurs dans le but d?offrir une meilleure image de l?humanit?.. Jouer c?est se mettre au service de la communaut? et donner une image valorisante de son pays car une coupe mondiale est une plateforme mondiale o? la culture s?exprime avec beaucoup d??clat.

Le football est ??une planification collective faite par des individualit?s?? disait tr?s justement Omar Da Fonseca, le reporter argentin de la cha?ne bein sports, m?me si, parfois, une individualit? peut faire la diff?rence et emporter la collectivit? vers la victoire. L?Argentine face au Nig?ria a mal jou? mais Messi a su faire la diff?rence en inscrivant ce beau but ? la derni?re minute que sait si bien faire ce g?nie de la balle ronde qui a fait basculer dans la tristesse et le regret une ?quipe pourtant bourr?e d?individualit?s au talent fou. Il en allait de m?me pour l?Alg?rie face ? l?Allemagne. L??quipe d?Alg?rie valeureuse , coh?rente et battante mais dont l?individualisme exacerbant l?a fait justement perdre. Deux occasions superbes auraient pu mener l?Alg?rie vers la victoire historique si des passes intelligentes avaient pr?valu au lieu de l??gocentrisme et la gloire pour soi. C?est culturel?! L?intuition, l?inspiration et le sens de l?abn?gation participent au succ?s quand le joueur a le sens du partage et du don de soi. Si la g?n?rosit?, l?abn?gation et la solidarit?, des valeurs qui auraient du pr?valoir de mani?re spontan?e parce que inculqu?es par l??ducation et le civisme, le cours de l?histoire aurait peut-?tre bascul?.

Football et citoyennet?

Qu?un pays comme la Gr?ce, rest?e jusqu?aux huiti?mes de finale, d?cide de se passer de la prime de participation au Mundial? et que des pays africains exigent l?argent des primes avant de jouer ou se comportent comme des voyous devant des millions de t?l?spectateurs, ne peut que t?moigner de l?extr?me diff?rence entre des joueurs anim?s par un esprit de citoyennet? et l?amour de la patrie ? ne serait-ce que par une action aussi symbolique que celle-l? - ?et une ?quipe dont l?attitude nombrilique t?moigne ? n?en pas douter du m?pris qu?elle a de son pays parce que ce m?me pays n?a pas de consid?ration pour ses citoyens.

Au lieu d?offrir au Monde de belles prestations de jeu, les joueurs camerounais ont montr? une image des plus d?gradantes de leur pays et de l?Afrique enti?re en transformant un terrain de football en aire de pugilat, mettant en prise deux joueurs de la m?me ?quipe devant les yeux de la plan?te enti?re. D?solant et triste?! L??quipe du Ghana, malgr? ses belles prestations, a d?fray? la chronique par son comportement ex?crable, digne des pires resquilleurs. Non seulement les joueurs avaient observ? une gr?ve de l?entra?nement juste avant le match pour n?avoir pas re?u leurs primes ? temps, mais certaines stars de l??quipe avaient fait preuve d?insoumission vis-?-vis du s?lectionneur allant m?me jusqu?? l?agresser physiquement. Pire, la presse mondiale s?est faite l??cho de l?envoi d?un avion sp?cial avec une sacoche bourr?e de dollars (3 millions de dollars en esp?ces) qui ?taient? finalement arriv?s la veille du dernier match de poule contre le Portugal, le gouvernement ayant affr?t? un avion pour les transporter jusqu'au Br?sil, pour calmer les esprits de footballeurs pourtant jouant ? l?international.

Le Nig?ria n?a pas d?rog? ? cette image d?solante que donne certains pays africains du football malgr? le talent de ses joueurs. Boko Haram, cette secte obscurantiste ne voit dans le football que ??perversion occidentale visant ? ?loigner les musulmans de la religion??. Boko Haram a pos? une bombe devant le centre de retransmission de la Coupe du Monde tuant des dizaines d?innocents lors du match Mexique ? Br?sil. Boko Haram n?en ?tait pas ? ses premiers actes de terreur visant le football. D?autres attentas avaient ensanglant? le pays dans des stades remplis de spectateurs.

Il y a de la culture dans tout ?a. A voir ce beau reportage intitul? ??Black Diamond?? l?or des fous?? diffus? le 2 juillet 2014 sur France 2 , qui nous montre toute la mis?re du monde sur laquelle repose un ?ventuel succ?s dans les stades europ?ens o? brillent des dizaines de joueurs africains?: ivoiriens, ghan?ens, nig?rians ou autres, o? des agences internationales comme MTN soccer academy au Ghana ou ASPIRE en C?te d?Ivoire font r?ver des millions de gosses mais qui cache, h?las, un certain trafic d??tres humains entra?nant un lot de d?sespoirs et de frustrations, nous comprenons bien que la mis?re et la passion du gain pour sortir de la mis?re et de l?exclusion peut faire perdre la t?te. Mais le football n?est pas en cause. Il s?exprime ? travers des ?tres humains qui font partie d?une culture particuli?re, d?une politique particuli?re qui font toute la diff?rence entre les peuples.? ?.

L??quipe du Ghana, bourr?e d?individualit?s de virtuoses n?est pas arriv?e ? s?imposer en fin de compte m?me si elle avait domin?e et s?duit par un jeu puissant et plaisant. Mais il lui manquait une dimension qui est avant tout? culturelle. L?Allemagne n??tait pas meilleure que la fougueuse Alg?rie. Elle ne l??tait pas non plus contre le Ghana dont les joueurs ont fait preuve de beaucoup de courage et de jeux individuels et collectifs int?ressants. Le Br?sil n??tait pas sup?rieur au Chili ni l?Argentine au Nig?ria. Mais en fin de compte, les digues avaient c?d? parce qu?il ?tait question d?intelligence pratique et d?efficacit? dont les ressorts sont sans doute l?exp?rience et mais aussi et surtout culturels. L?exception ?tait peut-?tre ce petit poucet de la Coupe du Monde qui avait ?tonn? tout le monde?: le Costa Rica. Ce petit pays symbolise ? lui tout la devise de cette Coupe du Monde qui c?l?bre la culture de la paix et qui a choisi constitutionnellement de se passer d?une arm?e pour donner la priorit? ? l??ducation, ? la sant? et ? la protection de l?environnement. Belle id?e d?un peuple intelligent car que faire d?une arm?e face ? des machines guerri?res qui pullulent dans le monde?? Autant investir dans le bien-?tre du peuple car cela finit toujours par payer.

Le football et l?expression des identit?snationales

La rage de vaincre ne suffit pas pour gagner. Cette d?termination est une attitude qui est partag?e plus ou moins par tout le monde. Le football moderne offre d?sormais d?autres dimensions o? la culture s?exprime de plus en plus fort. Une Coupe du Monde comme celle ? laquelle nous venons d?assister donne une autre image du football mondial. Les images dont nous a gratifi?e la t?l?vision m?ritent ? elles seules de pousser les publics vers les stades et renforcer encore davantage la supr?matie de ce jeu qui a s?duit m?me les plus r?calcitrants comme les Etats-Unis qui, en l?espace de quelques ann?es, rivalisent d?j? avec les plus grandes nations du football.

La f?te du football mondial met en lumi?re des stars qui ?merveillent par leur dext?rit? et la beaut? de leurs gestes, mais elle offre surtout des images choisies avec beaucoup de professionnalisme et de cr?ativit? sur les gradins des stades o? des milliers de spectateurs rivalisent entre eux de cr?ativit? pour faire valoir leur culture. Des b?b?s, des enfants, des hommes et des femmes, jubilant parfois apr?s la r?ussite, pleurant d?autres fois quand l??chec est au bout, mais ni ceux-ci ni ceux-l? ne montraient une image d?solante que l?on voit, h?las, dans nos stades quand des jeunes en mal de culture saccagent et g?chent tout plaisir d?assister ? un match de football.

Les spectateurs redoublent de cr?ativit? au niveau des costumes, du grimage, des masques et des accessoires en vue de c?l?brer leurs repr?sentations liturgiques, ethnologiques ou sociales. Toutes les repr?sentations symboliques des peuples participant au mundial sont mises en valeur par des spectateurs euphoriques qui donnent ? cette f?te toute sa splendeur. Les femmes surtout, belles et s?duisantes?! Flamboyantes de beaut? avec des accoutrements plus inventifs les uns que les autres. Il n?ya pas de domaine o? la culture des peuples ne s?exprime autant de diversit? culturelle que dans un tel rassemblement mondial.

C?est ?a le football mondial, une c?l?bration des peuples par le moyen du jeu et de la culture. On va voir un spectacle de football comme on irait voir un spectacle de th??tre, de music-hall ou d?op?ra o? le g?nie des peuples se manifeste parfois dans la joie et l?all?gresse et d?autres fois dans la douleur et la tristesse selon que la victoire est au bout ou non, des sentiments partag?s entre les joueurs et le public qui les c?l?bre. Il n?y a pas de secret. Jouer au football pour une ?quipe c?est exprimer avant tout son ?tre, c?est exposer au monde sa culture, c?est-?-dire son degr? de conscience de soi et de son appartenance au pays qu?il repr?sente. Ces comportements ne s?acqui?rent pas seulement par la technique et les moyens mat?riels mis ? la disposition d?une ?quipe m?me s?ils sont n?cessaires, voire indispensables pour la r?ussite et la gloire. La culture est partie prenante dans de telles manifestations comme dans n?importe quel domaine de la vie des peuples.

Si une soci?t? se disloque et perd ses rep?res, il ne faut pas s?attendre que l??quipe qui la repr?sente va briller et atteindre les sommets. Il peut y avoir des fulgurances certes, comme ce f?t le cas pour l?Alg?rie, mais que peut-on faire contre une Allemagne pragmatique, bien huil?e, coh?rente jusqu?? la perfection, calme et sereine parce que s?re d?elle et de ses capacit?s, issue d?une soci?t? connue par sa rigueur, son sens du devoir et de l?organisation dont elle ne se d?partit jamais.

Chez nous, au Maroc, nous avons sans doute des joueurs et des artistes de haut niveau qui brillent ?? et l? dans le concert des nations, mais? la d?liquescence qui impr?gne notre soci?t? ne permet pas d?avoir une ?quipe ou des collectifs? dont la p?rennit? dans la cr?ation et les performances puissent nous positionner dans les premi?res places sur l??chiquier international. Avoir confiance en soi et en ses capacit?s, ex?cuter ses t?ches avec conscience et un esprit de citoyennet? n?cessite un long travail d??ducation sociale et culturelle qui, h?las, n?est pas pr?s de se d?clencher pour nous sortir du marasme social o? nous nous engluons chaque jour davantage.

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