Les aphorismes de Nouhad : Possible et impossible (suite)

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Je crois que?je ne quitterai ce sujet qu?? regret, comme j?ai quitt?, de force, et non de gr?, cet agr?able congr?s,?autour du th?me?du possible et de l?impossible,?congr?s international organis?, Sous le Haut Patronage de Sa Majest? le Roi Mohammed VI,???Rabat,?du 26 au 30 Ao?t 2014, par?l?Association Rives M?diterran?ennes dont le pr?sident est?M. Abdeljalil Lahjomri,?et?l?Association des Soci?t?s de Philosophie de Langue Fran?aise (ASPLF),?dont le pr?sident est?M. Daniel Schulthess?et le pr?sident honoraire,?M. Jean Ferrari,?et qui a regroup? quelques 207 congressistes, d??minents philosophes, universitaires et chercheurs venus du monde entier, pour ?clairer la lanterne de ce sujet et apporter leur pierre ? l??difice de la philosophie et de la sagesse.

Je ne puis quitter ce th?me ? toutes mains, cet ouvrage de longue haleine, sans un pincement de frustration, au c?ur, sans sensation de charme rompu, sans sentiment de d?sir inassouvi, de manquement ? l?appel de cet impossible charismatique et ?nigmatique, tentant et rebutant, fascinant et d?sesp?rant, telle la nostalgie d?une autre vie, telle une porte ? laquelle on aurait pu frapper, un secret qu?on aurait pu susurrer, un d?tail qu?on aurait pu omettre, une offre qu?on aurait pu d?cliner, ou qu?on aurait d?, au contraire, accepter. Voici quelques rep?res et quelques trajectoires, quelques foul?es de la folie du monde du possible et de l?impossible, de l?autre et de soi.

De l?impossible de l?autre?: L?ennui avec autrui, est qu?il n?est ni tout ? fait autre, ni tout ? fait lui.

Qui tente l?impossible de l??tre, s?ouvre enti?rement et pleinement ? l?autre, s??pargne les affaires de l?autre, pour s??pargner aux affaires de l?autre, cet autre qui n?est ni tout ? fait diff?rent, ni tout ? fait semblable?; entre les deux lisi?res, r?side l?impossible de l?autre et de soi.?Quoi de plus impossible, et de plus affligeant, qu?un ?autre? possible ou un ?soi? impossible, et quoi de plus possible, et de plus accablant qu?un ?soi? inutile et cruel, et qu?un ?autre? sensible et utile.

L?impossible de soi, ? l?instar de celui de l?autre, en t?moigne la mis?re du monde, est quelque chose qu?on n?a pas encore assez tent?, l?impossible de l?homme, de la personne et de sa remise en question, de la pens?e, de la lumi?re, de la justice, du silence, de la volont?, de l?action?de la vie et de la mort.

De l?impossible de l?homme, je dirai?qu?il est multiforme et uniforme car, r?gulier et intermittent, qu?? l?unicit? de l?homme, s?oppose la multiplicit? des tribulations, pour cr?er un monde unifi? et purifi?,?et qu?? l?impossible du miracle et de la proph?tie, se substitue?la tr?s possible saintet?, dont les fragments sont les qualit?s, et les vertus, la totalit?,?infime partie, certes, de la tr?s d?ferlante g?n?rosit? divine, mais v?ritable fil conducteur, permettant de relier entre les diff?rents mondes et permettant de?s?parer le monde de la V?rit?, de la fa?ade de la r?alit?. ?

De l?impossible de la personne, j?affirmerai qu?une personne qui tente l?impossible est une personne r?ussie, m?me si elle ne r?ussit pas car elle participe ? la continuit? des tentatives, au mouvement et ? la cha?ne de l?impossible.?Tenter l?impossible de soi et de l?autre, c?est frapper pour que l?autre ouvre, c?est destiner la tentative initiale ? l?autre qui retentera, ? l?autre qui retentira, ? l?autre qui ouvrira et ? cet autre qui recevra ou verra, ? cet autre encore qui vouera ses efforts et qui avouera, ? cet autre, enfin, qui rel?vera le d?fi, qui r?v?lera tout ? la science et au savoir utiles et d?ballera, ? ces autres qui en b?n?ficieront en tant que possibles offerts, bien qu?imm?rit?s et jamais assez lou?s, ind?finiment?

De l?impossible de la pens?e, j?avancerai que?r?fl?chir, c?est faire fl?chir, sans les casser, les id?es des autres et les siennes.?C?est refl?ter, ? l??ternit?, la profondeur, la hauteur, la longueur, la largeur, l??paisseur, enfin toutes les dimensions du monde et de soi. Un esprit humain en est-il seulement capable?? D?o??l?apport de la m?ditation qui jauge et juge tout, ? sa juste mesure, car avec elle, pas de d?mesure et pas de demi-mesure, et les encouragements divins adress?s au disciple de la sagesse, dont le d?voilement, la r?v?lation, l?insufflation?

De l?impossible de la lumi?re, je noterai?que celui?qui est trop brillant, aveugle plus qu?il n??claire, et partant, rate l?obscurit? des autres ainsi que leur lumi?re,?et qu??tre obscur serait donc pr?f?rable, puisqu?on ne raterait, possiblement, que l?obscurit? des autres et non leur lumi?re, de ce fait, inratable.

De l?impossible de la justice, je ne d?voilerai rien en disant que?la justesse est la voix de la justice et sa voie?et quetoute justesse est une victoire remport?e sur l?injustice, m?me si elle la rate de justesse.?En effet,?les justesses ne sont autres que des r?parations de petites injustices et des pr?parations de la grande Justice. Pour gagner la Justice, il faut autant de justesses que d?injustices existantes, sinon plus.

En d?autres mots,?l??quit? est inique parce qu?elle n?est pas unique.?En fait, dans toute justice, il y a de l?injustice, ou plut?t, juste un peu de justice, le reste n??tant qu?injustice.?Aussi, dans toute injustice, y a-t-il manque de justice, jusqu?? ce que justice soit faite. Mais dans toute justice ou r?paration d?injustice, il y a immanquablement, manque ou exc?s de justice car, ici-bas, il n?y a pas de justice parfaite qui puisse ?quilibrer entre la faute et la peine.

De l?impossible de la volont?, j?oserai que?la pente des forts est bien veule, certes, et que celle des faibles est volontaire?mais que m?me celle des forts demeure impossible, car limit?e par des possibles compossibles, et non absolus, alors que?la volont? est d?agir ? volont?, et non d?agir uniquement selon le possible, le n?cessaire, le probable?et toute modalit? ou dichotomie ?thique, esth?tique, logique ou autre.

De l?impossible de l?action, je rel?verai?qu?? chaque pas fait, un n?ud est d?fait, pour ne pas tomber dans la n?gation, pour acc?der ? d?autres pas, passages, qui ne paraissent ??pas sages?? mais qui sont n?cessaires ? l?accomplissement de l?action?; le n?ud ?limin?, pass? ou futur, peut ?tre pr?d?cesseur ou successeur au pas favorisant et facilitant le renouvellement de l?essai. Telle serait l?aide apport?e ? l?univers de l?affirmation, par?la Providence, cette ?vidence ordonnatrice de toutes choses, afin de nous signaler que?la n?gation n?est pas immuable?et que la suppression de la n?gation, ou de la double n?gation, ne signifie la suppression ni de l?opposition, ni de la contrari?t?, ni de la n?cessit? de la diff?rence.

De l?impossible du silence, je ne dissimulerai pas que?la pertinence est de prononcer les silences, de taire les licences et de d?terrer les latences.?Le silence est, de fait, la licence ou le licenciement de la parole,?ou on donne son aval ? la parole ou on la ravale.?Je ne tairai pas, non plus, que l??criture n?est pas tout ? fait diff?rente puisqu?on ?crit comme on parle, pour accompagner l?inspiration et la dict?e de ses pens?es, ? moins que ce ne soit pour meubler leur silence, car quand elles parlent, ou plut?t quand elles soufflent, on n?a que le temps, et ? peine, d??couter pour rapporter.

De l?impossible de la vie et de la mort, je ne pol?miquerai point car il n?existe vraiment pas de savoir de la mort, sauf qu?on passe sa vie ? l?essayer, et une fois qu?elle nous sied, la mort nous en d?livre avec ou sans essai,?que c?est un train dont la locomotive est la vie et dont le compte ? rebours se d?clenche d?s la naissance. Toujours est-il qu?on ne peut tr?passer sans trop passer.?Car dans la vie, on ne peut que peu ou assez passer?; on est tr?pass?, lorsqu?on a, ou lorsqu?on est, ??tr?s pass頻,?jamais avant, et jamais apr?s. Ainsi, si les jours du mourant sont compt?s, ceux du non mourant le sont, probablement, bien davantage. Autrement dit,?la vie va au trot et au pas, jusqu?au tr?pas. En un mot,?elle n?est qu?un pas, grand ou pas, vers le tr?pas, cette seule conviction qui, ? d?faut d??tre ni?e, est toujours oubli?e.

Je voudrais, par ailleurs, parler de?quelques possibles mal tent?s?: celui de l??criture, de l?amour, du bonheur, du choix et de l?engagement.

Du possible de l??criture, je confirmerais qu??crire, c?est br?ler ses douleurs et celles d?autrui, et les faire ?vaporer en pens?es, c?est souffrir en vue d?offrir.?En effet, un bon ?crivain est plus redevable au don de la patience qu?au don de l??criture. Par cons?quent,?qui n?a pas le don de l??criture, n?a qu?? user de l?art de l??criture, la divine patience, afin de faire ?clore et de cueillir, autant les boutons de sa pens?e que ceux des autres.

Mais?l?art d??crire, s?il ne sait choisir et s?il embarrasse, le don d??crire, lui, en ?lisant, d?barrasse, faisant ainsi, oublier tous ses frais.?Certes,?penser, c?est donner le g?te aux id?es qui traversent l?esprit?mais??crire, c?est accepter, afin de les analyser, sans pour autant les paralyser, de les d?payser. Ecrire, c?est garder, ? l?id?e, en l?accouchant, sa souplesse et son agilit?, son mouvement et sa turbulence, son foisonnement et sa luxuriance, ceux-l? qu?elle avait dans la t?te, et ceux auxquels elle est confront?e pour exister dans la r?alit?. C?est lui faire sauvegarder sa jeunesse et sa fra?cheur, sa beaut? et sa transparence sans lesquelles, elle risque de d?parer, de se d?naturer et de sombrer dans l?ab?me de l?oubli et de l?ignorance. En clair,??crit bien qui vit avec chaque mot et raconte leur vie commune. ??

Du possible de l?amour, il est ?vident que sont hautains, m?prisables, ex?crables, tout simplement impossibles, ceux qui n?ont pas de sentiments pour nous, ou ceux pour qui, nous n?en avons pas. Aussi,?l?amour est-il constitu? de passion et d?indiff?rence, de duret? et de douceur, c?est une paire de c?urs gris?s et de c?urs bris?s, au service du bonheur, ou de ses chim?res.?Quoi qu?il en soit, la cl? de l?homme est l?amour?-une cl? qui n?est pas toujours glamour, du reste- mais qui ouvrira d?autant mieux qu?on la huilera plus vite.

En effet, l?amour profane est un vin qui grise les c?urs ou un ?tau qui les brise car?qui tombe amoureux, est en danger de tomber tr?s bas et de se briser le c?ur. Et?quel heur que de garder, jusqu?? son heure, un c?ur sans heurt, comme ? la premi?re heure,?c?est le c?ur sain, sans tache ni anicroche,???al qalb assal?m???cit? dans le Coran, le c?ur de la naissance et de la connaissance, qu?il faut rendre ? sa derni?re heure aussi intact qu?? sa premi?re.?La seule issue possible est, donc,?l?amour divin?englobant l?humain dans toutes ses formes, cet amourdont?la pl?nitude rend surpeupl?, savant et extraordinaire, tout c?ur ordinaire, et dont le d?pouillement, pour peu qu?il ne rende pas pantin, rend d?sert, impeupl? et inculte.

Du possible du bonheur, je soutiendrai que seul celui qui nage dans le bonheur, communique vraiment et intens?ment. Son c?ur, oc?an de bons sentiments, d?borde sur le monde et l?inonde. Mais?on n?h?rite pas de son bonheur, on le m?rite,?ce qui n?est pas t?che facile puisqu?il faut le chercher au fin fond de son ?me et au tr?fonds de son c?ur, en gardant ? l?esprit?qu?il en est des bonheurs sur terre, comme des tr?sors sous terre, les deux ?tant aussi pr?cieux qu?occultes.?Une chose est certaine, pourtant,?qui cherche le bonheur en dehors de Dieu, n?a tout simplement pas compris l??tendue de Dieu.

Du possible de l?engagement, j?attesterai?que l?engagement est de crier chaque jour ? la face du monde de changer, et ? sa farce de cesser car on peut choisir d??tre la premi?re, ou la derni?re personne, ? servir le monde, ou ? le desservir. La preuve en est qu?il existe des veuves plus engag?es que beaucoup de politicards, d??crivassiers et d?intellos, personnalit?s pourtant influentes, mais que?l?influence infatue et tue.

Entre la face de l??tre, inaccessible, la face de l?autre et de soi, impensables et in?narrables, la face du ciel et de la terre, espaces insaisissables, r?side l?impossible de la surface, ou plut?t s??tend la surface de l?impossible, son apparence et sa v?rit?, son ?tendue et sa profondeur, ainsi que celles de la si longue Histoire, histoire prestigieuse et prodigieuse, qui ne dure que deux secondes, seulement?! ? ??