Reportage : « Quand on aime les droits humains, on va au cinéma », tous les derniers jeudis du mois

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Quand on aime la vie, on va au cin?ma avait coutume de dire l?immense Fran?ois Truffaut. Quand on veut d?fendre les principes des droits humains, on va aussi au cin?ma. C?est le pari fou (et gagn?) de l?association des rencontres m?diterran?ennes du cin?ma et des droits de l?homme ARMCDH) qui, tous les derniers jeudis du mois, donne rendez-vous aux cin?philes ? Rabat, Casablanca et d?sormais Sal?.

Il faut avoir la foi du charbonnier pour vouloir remplir une salle de cin?ma, projeter un film portant une th?matique en rapport avec les droits humains ?de la libert? ? la d?mocratie en passant par l??galit??-et susciter dans la foul?e un d?bat avec le public. Il faut aussi et surtout compter sur l?obstination passionn?e de Fadwa Maroub, le c?ur palpitant de l?ARMCDH. Il faut s?lectionner le bon film, courir apr?s le sponsoring, mobiliser des cin?philes de plus en plus rares, bref ?tre sur tous les fronts, courir sans jamais s?arr?ter. Et cela dure depuis 2010?!

A Rabat, la mythique salle du 7?me art, avenue Allal Ben Abdallah, est devenue le rendez-vous incontournable de ceux et celles qui vont au cin?ma pour d?fendre les droits de l?Homme. Extinction des lumi?res ? 18 heures, parfois 18h30. ??Parce que juste apr?s, il faut c?der la place ? la s?ance commerciale qui commence ? 21H,?? explique un membre de l?association. Le CCM met ? disposition la salle. Une mani?re de soutenir l?ARMCDH. Une ouvreuse en djellaba en laine ?la salle est glaciale en hiver- v?rifie le ticket. Ici commence la libert?. Le cin?ma appartient au public. On s?installe ? sa guise.

La libert? a un prix, celui du ticket

La libert? a un prix. Celui du ticket dont le prix est modique?: 10 dirhams. Parfois la projection est gratuite. En d?cembre dernier, ??la moiti? du ciel?? d?Abdelkader Lagtaa, d?apr?s l??uvre de Jocelyne Laabi a ?t? projet?e gracieusement. La salle ?tait comble. La performance de Sonia Oukacha dans le r?le de l??pouse de l?ancien d?tenu politique Abdellatif Laabi a fortement contribu? ? la magie du moment.

L?ARCMDH a commenc? l?ann?e en rendant hommage ? la libert? de presse, donnant ? voir une s?quence unique dans la construction d?mocratique et une salle de r?daction, celle du journal alg?rien El Watan, suspendue ? l??lection pr?sidentielle et engag?e dans la bataille contre un 4?me mandat d?un Bouteflika malade.

??Contre-Pouvoirs??, le documentaire de Malek Bensmail, a ?t? donc projet? en premi?re mondiale au 7?me art, gr?ce ? l?obstination de ceux et celles de l?association, la veille de sa sortie en salles ? Paris. Abdallah Tourabi, le directeur de la r?daction de Tel Quel est venu en d?battre ?changeant avec le public sur la libert? d?expression, l??thique, le professionnalisme. R?vant aussi d?une cam?ra plant?e dans une r?daction pour suivre, filmer, voire sublimer la tension du bouclage, les choix de ??Une??, les arbitrages de titraille.

Regards crois?s sur les droits humains

C?est la m?me programmation qui est propos?e ? Casablanca, dans le quartier charg? de sens de Sidi Moumen et depuis peu ? Sal?, au plus pr?s des exclus ? ??Al Karia??. La d?mocratisation du cin?ma n?est pas un slogan. La diffusion des valeurs et principes des droits de l?homme l?est encore moins. Plus encore, l?association la porte dans son ADN. ??L?ONG est convaincue que l?universalit? des valeurs des droits de l?Homme et ? la d?mocratie gagne ? ?tre v?hicul?e par le cin?ma sous ses diff?rentes formes (fiction et documentaire, long et court m?trage). Elle permet de fa?on vivante et concr?te de croiser les regards sur et ? partir de diff?rents pays, d?ouvrir le public marocain ? d?autres exp?riences en mati?re de d?fense des droits humains??, soutiennent ses fondateurs.

Depuis sa cr?ation, l?ARMCDH a organis? une quarantaine d?activit?s devenues des rendez-vous incontournables dans la ville. Les?Jeudis du cin?ma et des droits de l?Homme, les?matin?es enfants, les?masterclass cin?ma et droits de l?Homme?et la Nuit blanche du cin?ma et des droits de l?Homme sont autant de rencontres et d?espaces d??changes.

L?ARMCDH aime la vie, le cin?ma, les droits de l?homme. Dans ses passions, le cin?ma marocain occupe une vraie place gr?ce au cycle "R?trospective du cin?ma marocain" dans le cadre de l??v?nement mensuel ?Les jeudis du cin?ma et des Droits de l'Homme ?, lanc?e en partenariat avec le centre cin?matographique marocain.

C?est le long-m?trage de Mohamed Regguab, "Le coiffeur du quartier des pauvres" qui ouvrira le bal le jeudi 11 f?vrier ? la Salle du 7?me art ? Rabat

R?alis? en 1982, ce film raconte l?histoire d?un coiffeur vivant et exer?ant son m?tier dans un quartier populaire de Casablanca. Son ami ne cesse de lui enseigner que la lutte et la r?sistance sont les seules qualit?s d'un homme digne.?C?est le premier et dernier film de Mohamed Reggab, d?c?d? en 1990, ? l??ge de 48 ans.

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