Retour à Maurice Leglay

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Jlahjo La r??dition, importante, de Leglay devrait se faire en les repla?ant dans leur contexte et dans le contexte de ces temps r?volus. Les r?habiliter sans cette pr?caution de bon sens serait perp?tuer les nuisances d?une id?ologie r?v?latrice des convictions de l??poque ??Et si c??tait le lecteur qui lisait mal???? C?est ce qu?affirme Michel Lafon dans un de ses plaidoyers et une de ses d?fenses de l??uvre ??berb?risante?? de Maurice Leglay. Le lecteur en question?? Ce serait en l?occurrence moi-m?me. La conf?rence de Michel Lafon o? cette interrogation est explicit?e, est reproduite dans une r??dition des chroniques de cet auteur sous le titre ??Au Maroc, un quart d?heure avant le protectorat?? pr?c?d?e d?une pr?face de Peroncel Hugo, ancien correspondant du journal ??Le Monde??, intitul?e ??Pourquoi republier Leglay????. ?J?avais publi? ici m?me une chronique intitul?e ??le berb?risme en litt?rature?? o? je proposais ma lecture de l??uvre de Maurice Leglay et o? je disais pourquoi il fallait le republier. Si Michel Lafon en avait pris connaissance il ne se serait peut ?tre pas pos? cette question quelque peu d?sobligeante et dout? de l?objectivit? de mon analyse. Je persiste ? dire et ? ?crire que l??uvre de cet auteur oubli? serait utile ? tout chercheur souhaitant travailler sur la longue et h?ro?que r?sistance des tribus zaianes ? la p?n?tration coloniale parce qu?elle est riche en informations d?ordre politique, militaire, sociologique, linguistique, psychologique, parce que Maurice Leglay fut d?abord instructeur des m?hallas ch?rifiennes, un des officiers de renseignements des plus actifs sous le protectorat, un observateur hors pair des ?v?nements et des hommes qui les font ou les subissent, et qu?il a aim? ce pays. Je persiste et signe en disant que la r?habilitation de ce type de litt?rature est souhaitable, voire n?cessaire pour cela, non pour une quelconque qualit? esth?tique. Ses r?cits, comme je l?avais ?crit et le r??cris encore aujourd?hui laissent peu indiff?rent parce que ce sont des documents d?histoire, non parce qu?ils seraient cr?ation litt?raire. Maurice Leglay, lui-m?me avait refus? d?esth?tiser ses romans laissant ces arrangements ? ses ?diteurs. Ce qui m?avait autoris? ? affirmer que s?il y avait consenti il aurait ?gal? un Rudyard Kipling. Faire un portrait exag?r?ment ?logieux de l?homme n?est pas en soi critiquable, mais peut ?tre justifi? quand on a pour lui une forte sympathie. Gommer toutefois un peu trop vite ses errements id?ologiques l?est quand on ne lit que distraitement une ?uvre truff?e de prises de positions id?ologiques. Je persiste et pr?sente les fondements de cette id?ologie, soubassement de ce qui avait ?t? appel? ??dahir berb?re??, de triste m?moire, et qui sont?:
  • Excellence et ind?pendance de l??l?ment berb?re de la soci?t?
  • Pose des jalons d?une politique assimilationniste de cet ?l?ment
  • Affirmation que le Maroc n?est pas en Orient (affirmation juste g?ographiquement mais erron?e culturellement et cultuellement)
  • Opposition de la vigueur des populations des ??monts et des plaines?? ? la paresse, ? la l?thargie et ? l?immobilisme des populations maures et arabes des villes.
  • Repr?sentation ??fragment?e?? de la soci?t? marocaine quand le Maroc est ?UN et PLURIEL?.
Je persiste et insiste sur le fait, que l?une des erreurs de cet acteur et auteur politique, passionn? jusqu?? l?aveuglement de la chose marocaine, est de n?avoir pas per?u, au-del? de la diversit? envo?tante des langues et des cultures du pays o? il officiait que ce qui ?tait en gestation ?tait une ethno type original, produit d?une mobilit? g?ographique dont la cons?quence est l?acc?l?ration du processus d?homog?n?isation des ethnies, traversant le pays depuis longtemps, ni berb?re, ni maure, ni arabe mais un ethno-type du MAROCAIN, transcendant les fragmentations, les divisions, les s?parations et les oppositions et qui aboutira plusieurs d?cennies plus tard au pr?ambule d?cisif et d?finitif de la constitution marocaine de 2011. Il ne pouvait bien ?videmment pas percevoir ce mouvement, mais il pouvait comme Hubert Lyautey percevoir l?identit? une de ce pays divers qu?il aimait tant. Une lecture attentive d?un de ses r?cits ??Le chat aux oreilles perc?es?? qui aurait ?t? agr?able ? lire si Maurice Leglay avait sacrifi? aux petits arrangements d??criture qu?il refusait, est une illustration saisissante de cette erreur. Ces ?crits et ces r?cits sont repr?sentatifs de leur ?poque et ? ce titre int?resseraient tous ceux qui sont curieux des choses de cette ?poque. Pour cette raison et pour cette seule raison il est important de les r??diter. Toutefois, cette r??dition devrait se faire en les repla?ant dans leur contexte et dans le contexte de ces temps r?volus. Les r?habiliter sans cette pr?caution de bon sens serait r?actualiser, ranimer et perp?tuer les nuisances d?une id?ologie r?v?latrice des convictions de l??poque et qui fut un ?chec politique dans la connaissance et la compr?hension de l?Autre comme la litt?rature qui l?a chant?e et v?hicul?e fut une litt?rature de l??chec dans la repr?sentation de l?Autre.

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