Tariq Sijilmassi : Plan anti-sécheresse et agriculture pour les nuls

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Tariq-Sijilmassi

Dans un entretient exclusif accord? ? nos confr?res de m?dias24, Tariq Sijilmassi, Pr?sident du directoire du Cr?dit Agricole, est revenu sur tous les aspects du plan anti-s?cheresse avec des analyses plus qu?int?ressantes de la part de ce sp?cialiste de l?agriculture marocaine

Des probl?matiques inh?rentes ? l?agriculture marocaine

En qualit? de grand connaisseur de l?agriculture marocaine Tariq Sijilmassi, Pr?sident du directoire du Cr?dit Agricole, nous parle des mesures prises pour dissiper le retard des pluies et revient sur son exp?rience dans le domaine. Il a v?cu l?agriculture marocaine avant le Plan Maroc Vert (PMV) et celle d?apr?s, pour illustrer le bond en avant effectu? par le Maroc, d?crivant deux gestions bien distinctes de l?agriculture. Il revient ?galement sur la probl?matique de l?agriculture marocaine, qui selon lui n?est pas li? qu?? l?efficacit? et ? la productivit? des terres, mais surtout ? la gestion des populations rurales. A cet effet Sijilmassi ? d?clar? ? nos confr?re que le ??probl?me n?est pas seulement de produire ou de produire plus, c?est aussi de pr?server le niveau de vie des millions de personnes ? la campagne??

C?est pour cela que le PMV s?est engag? sur deux piliers, le pilier business et le pilier solidaire. Le premier a tellement bien march? qu?il y?a maintenant des surproductions. Ce qui pousse le Maroc ? d?velopper une r?flexion sur les d?bouch?s de la marque Maroc et sur les canaux de commercialisation. D?ailleurs une jonction se met en place entre le PMV et le plan d?acc?l?ration industrielle car l?effort de l?amont en agriculture a ?t? fait, cela dit il est temps d?un aval fort pour tirer l?amont et ?couler les produits qui ont ?t? valoris?s, disant ? cet effet,???La connexion entre l?agriculture efficiente et l?agro-business est le grand challenge. Notre grande activit? industrielle de demain, c?est l?agro-business.??

Le pilier solidaire est repr?sent? par les ?normes subventions allou?es au monde rural. Toujours est-il que dans le raisonnement, il faut int?grer les ?conomies r?alis?es vis-?-vis de l?exode rural ?vit? par ces subventions qui ont pu maintenir les populations rurales sur place.

Concernant la s?cheresse, Tariq Sijilmassi pr?cise que le gouvernement a parl? de retard de pluie. Rappelant au passage que la s?cheresse est li?e ? un ph?nom?ne climatique cyclique qui aurait tendance ? s?allonger des suites du changement climatique mondial. La s?cheresse pour Sijilmassi, ??c?est d?abord un ph?nom?ne qui atteint psychologiquement le pays, avant de l?atteindre ?conomiquement.?? toutefois la r?colte c?r?ali?re ne sera pas fameuse et il faudra en juger en mai, juin et juillet.

Pour faire face aux besoins de la p?riode actuelle, les importations c?r?ali?res sont ? des prix inf?rieurs au march? national. Par contre l? o? l?impact de ce retard de pluie est certain, et difficile ? r?sorber, ?c?est au niveau de la consommation du monde rural et du maintien de son niveau de vie.

Les phases de l?impact de la s?cheresse

D?apr?s une analyse de Tariq Sijilmassi, l?impact du retard des pluies se divise en quatre grandes phases. ??La premi?re touche les cultures c?r?ali?res, quand les retards de pluies vont jusqu?? janvier ou mi-f?vrier comme cette ann?e. En bour d?favorable ou moyen, ceux qui ont fait des semis pr?coces ont tout perdu?; ceux qui ne l?ont pas fait ont un manque ? gagner?; enfin ceux qui sont en bour favorable ou en irrigu?, peuvent avoir des pertes partielles ou pas de pertes.??

La seconde touche les ?leveurs. ??Prenons l?exemple de quelqu?un qui a 20 vaches, une terre situ?e ?dans un p?rim?tre d?favoris?, une ?table approximative, son capital ce sont ses vaches?; s?il ne pleut pas, il n?y a plus de p?turages?; l?aliment de b?tail connait alors une hausse des prix. Le fellah ou le petit ?leveur se dit qu?il doit sacrifier quelques vaches pour sauver les autres. Ainsi, le prix de l?orge a atteint 3,50 dhs le kilo, mais d?s que le gouvernement a annonc? des mesures, les prix sont revenus ? 2 dhs le kilo. La viande ?tait tomb?e ? 35 dhs le kilo. D?s l?annonce des mesures, les prix sont remont?s ? 55 dhs le kilo. Avant Maroc Vert, il y?aurait eu de l?abattage sauvage et violent, ce ne sera pas le cas. La deuxi?me s?quence d?une situation de s?cheresse concerne donc le cheptel.??

La troisi?me phase concerne ??? les cultures de printemps, en mars avril, ma?s, tournesol, cultures mara?ch?res, ? condition qu?il y ait un peu d?eau.?La derni?re phase, ce sont les r?serves de barrages. S?il ne pleut toujours pas, s?il ne neige pas, le remplissage des barrages, pour la saison suivante ou celle d?apr?s, est mis en danger.?

Cette ann?e nous avons v?cu la phase 1, puis la phase 2 a ?t? enray?e par la simple annonce des mesures du gouvernement. Il est arriv?, dans les ann?es 80, que le Maroc subisse les 4 ?tapes du processus. Aujourd?hui, nous ne sommes ni dans le sch?ma de 1981-85, ni de 1995, ni de 2007, on est plut?t dans le sch?ma de 2012, celui d?un retard des pluies.??

Plan d?action et de r?sultats face ? la s?cheresse

Le Cr?dit Agricole joue un grand r?le, ce dernier a mobilis? 1,5 milliards de dirhams et est pr?t a aller plus loin s?il le faut, compl?tant ainsi les remboursement de la Mamda Mcma qui vont donner de la tr?sorerie aux agriculteurs, et des aides directes de l?Etat vont diminuer le poids pesant sur leurs ?paules. Tous ces efforts conjugu?s sont au service de la r?ussite de la r?colte du printemps, donnant ainsi une marge de subsistance aux agriculteurs.

D?un autre c?t?, cette intervention concerne le cheptel b?n?ficiant d?aides directes sur l?orge, stabilisant les prix ? 2 dhs pour une enveloppe globale d?un milliard de dhs. 200 dhs d?aide par t?te de b?tail, directement vers?s ? l??leveur ? hauteur de 5 t?tes et ce dans les agences du Cr?dit Agricole. En somme 600.000 agriculteurs sont concern?s, mais le cr?dit Agricole s?y est pr?par? affirme son Pr?sident du directoire. Tout le r?seau de la banque a ?t? mobilis?, ? savoir, 500 agences et 200 autres de micro-cr?dit et 40 de tamwil elfellah. Le Cr?dit Agricole a pr?vu dans son enveloppe des cr?dits relatifs ? l?entretien phytosanitaire, car la faiblesse de la pluviom?trie impacte les rendements de l?arboriculture et la sant? des arbres.

Enfin concernant l??volution de l?agriculture marocaine, Tariq Sijilmassi attire l?attention sur un indicateur capital selon lui, l?irrigation et les terres qui sont pass?es de l?irrigation gravitaire ? l?irrigation au goutte-?-goutte, pr?sageant pour la derni?re une progression de 36% ? l?horizon 2020. Ceci est d?terminant selon lui, car plus vous avez de surfaces irrigu?es au goutte-?-goutte, plus vous avez de l?efficacit? dans la gestion de l?eau, une ind?pendance par rapport ? la pluviom?trie et m?me une production de meilleure qualit?. Les subventions de l?Etat sur l?ensemble du processus hydrique, couvrent 60 ? 80% dans les grandes exploitations et 80 ? 100% pour le petit fellah.?Notant que c?est le changement le plus notable qu?a r?alis? le Maroc au cours des derni?res ann?es dans le domaine de l?agriculture.

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