Alphabétisation au Maroc : l’heure est à l’action commune

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Un taux d’analphabétisme ne dépassant pas les 5 % d’ici 2024

Le Maroc qui, au fil des années, a su intensifier ses efforts en vue d’améliorer ses taux d’alphabétisation, aspire à atteindre, à l’horizon 2024, un taux d’analphabétisme ne dépassant pas les 5 %. Un objectif certes ambitieux dont la concrétisation requiert plus de convergence des efforts de lutte contre un véritable fléau.

En effet, enrayer l’analphabétisme est “l’affaire de tous”. C’est un phénomène de société dont les conséquences se font sentir tant au plan social qu’économique. Pour le vaincre, le Royaume doit continuer à miser sur la fédération de l’ensemble des acteurs concernés par le processus de l’alphabétisation.

C’est sur ce ton que le Directeur de l’Agence nationale de Lutte contre l’Analphabétisme (ANLCA), Abdessamih Mahmoud, a mis en évidence la nécessité de constituer “une alliance nationale contre l’analphabétisme” et assurer l’implication et l’engagement total de tous les acteurs afin de faire régresser l’analphabétisme à des niveaux encore plus bas.

D’ailleurs, la réduction du taux d’analphabétisme passe inévitablement par le renforcement du partenariat, a estimé Mahmoud, à l’occasion de la célébration, jeudi, du 50ème anniversaire de la Journée internationale de l’alphabétisation, coïncidant, cette année, avec le lancement de l’Alliance mondiale pour l’Alphabétisation (AMA).

Selon le dernier recensement de la population de 2014, on compte déjà, au Maroc, un total de 8,6 millions d’analphabètes contre 10,2 millions, dix ans plus tôt, le taux d’analphabétisme est passé donc de 43% en 2004 à 32% en 2014, tout en parvenant à réduire des disparités géographiques (22,2% pour l’urbain contre 47,7% pour le rural) et selon le genre (22,1% pour les hommes contre 41,9% pour les femmes).

D’après Mahmoud, la conjugaison des efforts des différents intervenants notamment la société civile, les opérateurs publics et les entreprises a permis de faire bénéficier près de 6,8 millions analphabètes des différents programmes d’alphabétisation durant cette dernière décennie, soit environ 680.000 bénéficiaires par an avec une présence féminine de 85%.

Les ONG et les différentes associations subventionnées par l’Agence forment plus que la moitié de ces bénéficiaires, et le ministère des Habous et des Affaires islamiques contribue à ces efforts en formant, chaque année, environ 250.000 analphabètes, a fait savoir, Mahmoud.

Ce bilan dressé par l’ANLCA ne s’est pas contenté des réalisations quantitatives, mais il a englobé des actions d’ordre qualitatif visant l’amélioration de l’intervention des différents acteurs à tous les niveaux de la chaîne d’apprentissage.

A cet égard, des actions de renforcement des capacités des intervenants ont été concrétisées, dont principalement la formation des formateurs dans les techniques andragogiques (relatives à l’éducation des adultes). S’ajoute à cela, la mise en place d’un système de certification et de validation des acquis et le développement d’un système d’information de management des programmes d’alphabétisation, a fait valoir le Directeur.

Définissant les divers programmes d’alphabétisation initiés par l’Agence, Mahmoud a fait état du Programme communautaire (Programme alpha) destiné à toutes les personnes analphabètes ou insuffisamment alphabètes, visant le développement de compétences de base et le Programme d’insertion socioéconomique (programme post-alpha) ciblant la population active, occupée ou en chômage ayant déjà acquis les compétences de base.

Il s’agit également du Programme sectoriel destiné aux bénéficiaires appartenant à la population active dans des secteurs productifs et/ou de services déterminés et enfin le Programme destiné aux jeunes analphabètes ou faiblement alphabétisés actifs ou en chômage, âgés de 15 à 34 ans, en vue de contribuer à leur insertion socioprofessionnelle.

Visant à répondre aux besoins spécifiques de chaque catégorie, ces programmes sont matérialisés par des manuels didactiques permettant de couvrir l’ensemble de la population cible selon des contenus adaptés, a précisé le responsable.

Par ailleurs, Mahmoud a souligné que la célébration de la Journée mondiale d’alphabétisation constitue une occasion idoine pour l’Agence d’évaluer son expérience et ses acquis issus des programmes d’alphabétisation, à même de s’enquérir des bonnes pratiques internationales en la matière.

Dans ce sens, une réunion mondiale sera organisée par l’UNESCO les 8 et 9 Septembre à Paris sous le thème “Lire le passé, écrire le futur”. Elle sera ponctuée par la remise des prix d’alphabétisation aux lauréats, et le lancement de la 3ème édition du rapport mondial sur l’apprentissage et l’éducation des adultes (GRALE III), outre l’émission des futurs domaines d’action, y compris ceux de l’AMA.

Selon l’UNESCO, l’année 2016 est celle de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui comprend l’Objectif de développement durable 4 (ODD 4), visant à assurer une éducation inclusive et équitable de qualité et promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous.

L’UNESCO, qui avait proclamé, en novembre 1966, le 8 septembre “Journée internationale de l’alphabétisation”, a fait état d’un total de 758 millions d’adultes non alphabétisés dans le monde, dont les deux tiers sont des femmes. Ce nombre a diminué de 25% entre 1990 et 2015 malgré une forte augmentation de la population mondiale.

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