Les médias africains appelés à accompagner l'évolution de leurs sociétés

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Les médias africains sont constamment appelés à s'adapter à la nouvelle donne technologique, accompagner l’évolution de leurs sociétés et expliquer les tenants et aboutissants de leurs processus de développement, ont affirmé, ce mercredi 22 mars à Casablanca, des professionnels des médias et diplomates africains lors d’une conférence-débat sur "Quel rôle pour les médias dans l’émergence africaine ?".

Lors de cette rencontre, initiée par la Fédération Atlantique des Agences de presse africaines (FAAPA) et la confrérie des compagnons de Gutenberg – Maroc, les conférenciers ont souligné que face à l'évolution technologique et numérique, les médias africains se doivent d'adopter une approche novatrice capable de mieux appréhender les nouvelles réalités marquées par la déferlante des nouvelles technologies de l’information et de la communication et la libération de la parole.

Intervenant à cette occasion, Sy Savane Ibrahim, ancien ministre ivoirien de la Communication et président de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) de la Côte d’Ivoire, a indiqué que les médias constituent un outil indispensable pour l’accompagnement de l’émergence africaine et la mobilisation des énergies, mettant l’accent sur la nécessité de créer des conditions économiques et fiscales adéquates afin que les médias puissent jouer leur rôle dans cette émergence.

« Les médias africains doivent être attentifs aux mutations technologiques qui s'opèrent et qui peuvent leurs offrir de nouvelles opportunités tout en adaptant, de façon constante, leurs approches éditoriales aux attentes actuelles et évolutives des citoyens africains qui sont d’ailleurs très sollicités par de nombreux médias alternatifs », a-t-il insisté.

Si ces conditions, qui ne sont pas hors de portée, se réalisent, les médias pourront mieux jouer leur rôle de faire de la pédagogie de l’émergence un processus et non un surgissement, a expliqué Ibrahim, par ailleurs président du Réseau Francophone des Régulateurs Médias (REFRAM). Il estime également que « les médias africains doivent mieux s’informer pour mieux informer les populations » et focaliser leur attention sur les enjeux majeurs et les préoccupations des Africains, afin de contribuer efficacement au développement socio-économique inclusif du continent.

Evoquant les regards des médias internationaux sur le continent, Ibrahim a fait valoir que les médias des pays africains ne doivent pas seulement se contenter de rapporter des informations véhiculées par les agences internationales, mais aussi et surtout « d’évaluer en permanence les informations données sur le continent tout en forgeant nos propres opinions et idées qui ne peuvent se faire uniquement à partir de celles des autres, parfois erratiques et soumises à des variations saisonnières ».

De son côté, Abdelmounaim Dilami, président du groupe multimédia Eco-médias – Maroc, a fait valoir que l’indépendance des médias représente un principe vital pour les auditeurs, les téléspectateurs et les lecteurs. « L’indépendance des médias est capitale pour l’émergence de l'Afrique, vu que le travail journalistique occupe une place de taille dans la vie de la nation en tant que capital immatériel », a fait observer Dilami, déplorant le fait que les médias africains ne sont pas encore considérés par les pouvoirs publics comme des partenaires et des acteurs à part entière, mais plutôt comme « des préposés à la communication ».

Qualifiant les médias d’outils de progrès des démocraties et des droits de l’Homme, Dilami a également mis en avant leur rôle en tant que vecteurs de premier plan pour informer, analyser, critiquer et avertir les citoyens.

Pour sa part, Fodé Sylla, ambassadeur itinérant du Sénégal et ancien député européen, a rappelé que l’Afrique vit un essor économique sans précédent, raison pour laquelle les médias africains sont appelés aujourd’hui à accompagner l'évolution technologique constante ainsi que les préoccupations des citoyens.

« La jeunesse africaine se tourne aujourd’hui vers les sites et les journaux électroniques, vu que ces derniers accordent davantage d’attention aux questions des jeunes, par rapport aux médias classiques », a fait observer Fodé Sylla, appelant dans ce sens les médias africains à placer la jeunesse au cœur de leurs préoccupations.

Cette conférence-débat a été ponctuée par un échange entre les orateurs et l’assistance autour de plusieurs questions d'actualité, notamment les défis de la presse écrite et des médias en général à l’ère du numérique, les moyens devant permettre de consolider l'émergence africaine et les enjeux et conséquences de la concurrence rude et déloyale de la part des médias étrangers.

La confrérie des compagnons de Gutenberg a été créée en 1979 en France avant de s'élargir par des jumelages à travers le monde. Elle s'assigne pour objectifs de promouvoir l'écriture, l'édition et la culture en général, d'hisser les liens de confraternité au plus haut niveau de l'amitié entre les membres et de cultiver les liens de partage et de soutien. 

 

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