Rayures, dentelle et cuissardes: la mode africaine selon Thebe Magugu

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Le designer sud-africain Thebe Magugu n'a que 26 ans mais ses créations, présentées à la Fashion Week parisienne, en font déjà un des fers de lance d'une nouvelle génération de créateurs, pour qui la mode africaine "n'est pas que du wax ou des imprimés".

En septembre dernier, il s'était vu décerner le très convoité prix LVMH pour les jeunes créateurs de mode - doté de 300.000 euros - en s'imposant face à 1.700 candidats.

La collection que le jeune designer présente jusqu'au 3 mars, dans le cadre de la semaine de la mode parisienne, propose des vestes très ajustées, aux coloris vifs et unis, parfois ajourés de dentelle, qui se portent sur des jupes plissées ou des robes finement rayées, sans oublier des cuissardes à talons fins.

Tout est fait sur le continent africain, des tissus aux teintures en passant par les sacs, fabriqués à la main, précise le créateur à l'AFP.

"Mon style est purement africain car je suis Africain, et parce que mon travail se base sur les expériences que j'ai eues dans mon pays, qui est mon ADN pur", souligne Thebe Magugu, concédant cependant que "les gens ont tendance à penser que la mode africaine ce n'est que le wax, ou les imprimés", ces tissus colorés importés par les Néerlandais au XIXe siècle et largement adoptés en Afrique.

Dans l'espace qu'il occupe au palais de Tokyo, les murs sont tapissés de grandes photos d'amis, de proches et d'habitants de sa ville natale de Kimberley, située en plein centre de l'Afrique du Sud.

Premier Africain à remporter ce prix très convoité dans le monde de la mode, Thebe Magugu juge un peu "lourd" d'être désigné comme le porte-voix de la création artistique du continent, surtout qu'"il y a tellement de personnes incroyables, qui sont très brillantes dans ce qu'elles font, mais qui n'ont pas la visibilité qu'elles méritent".

Outre la subvention, le prix LVMH prévoit aussi qu'une équipe du géant du luxe détenu par Bernard Arnault soit dédiée au lauréat pendant un an pour conseiller sur le développement de son entreprise.

- "maturité créative" -

"De la fabrication à la communication, ou encore l'image de la marque, ils ont une vision à 360 degrés", souligne Thebe Magugu qui grâce au prix a pu emménager "dans un nouveau studio de création et engager de nouvelles personnes, car c'était tellement dur financièrement parlant, avant de décrocher le prix, il faut beaucoup d'argent pour lancer sa marque", met-il en avant.

"Ce qui est particulier chez les designers qui viennent d'Afrique, c'est qu'ils émergent. Tradition, artisanat, culture, modernité: ce sont toutes ces choses, mises ensemble, qui font que nous sommes uniques", relève le créateur, pommettes hautes et silhouette élancée, affirmant qu'il "va continuer à travailler en Afrique du Sud".

Pour Sidney Toledano, ancien PDG de Christian Dior et membre du jury qui a décerné le prix au jeune designer, Thebe Magugu "ce n'est pas l'Afrique au premier degré, dans ses créations il y a l'oeil d'un Africain mais qui regarde ses contemporains du Nord au Sud, c'est pour cela qu'il nous touche".

"J'ai vu passer des centaines de candidats. Il a une personnalité, une maturité créative, voyez ces lignes, ce chic, c'est très structuré, et c'est fait avec facilité", souligne M. Toledano, présent mardi à la présentation des créations, et qui est également patron de LVMH Fashion Group, pôle regroupant plusieurs marques du géant du luxe comme Céline, Kenzo ou Givenchy.

Pour l'ambassadeur d'Afrique du Sud en France, Tebogo Seokolo, venu lui aussi découvrir la collection, "Thebe Magugu est une voix, pas seulement pour le pays mais pour l'Afrique toute entière", résume-t-il à l'AFP.

"J'espère que ce n'est qu'un début pour lui, car il peut aller aussi loin qu'il veut. Et il n'est pas là parce qu'il est Africain, mais parce qu'il est doué", souligne-t-il.

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