« Roi du Maroc, le règne du secret » : Un titre aléatoire, une histoire remaniée

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Toute voix ?trang?re qui nous ?claire sur notre pays, qu?elle soit critique ou pas, est la bienvenue. Mais pas n?importe laquelle, pas celle de journalistes v?reux, pas celles de journalistes ayant maille ? partir avec la justice.

J?ai vu le documentaire de France 3, puis je l?ai revu sur You Tube, par souci professionnel d?abord ?tant moi-m?me journaliste et puis par la crainte inavou?e de rater quelque chose de secret, quelque chose dont mon intelligence sud-m?diterran?enne n?aurait pas eu les cl?s au premier abord, il lui fallait voir et revoir pour d?couvrir.

Mon d?senchantement?f?t ? la mesure de mon ent?tement !

D?embl?e je me suis dit qu?un autre titre moins fanfaron e?t ?t? plus appropri?, au moins il n?aurait pas attis? les attentes. Mais je ne vais pas chipoter sur ?a, m?me si c?est loin de relever du d?tail. Parce qu?en plus, le reste laisse aussi ? d?sirer. La forme aussi clinquante qu?elle soit, ne rattrape jamais, ? elle seule, les d?boires du fond. Il en est ainsi de la mise en sc?ne du pr?-g?n?rique?: arri?res plans noir, s?il vous pla?t, promettant confidences et t?moignages neutres et forts, musique aux notes intenses et graves, sonnant quasiment le glas pour de journalistes de guerre arr?t?s et rapatri?s. Et puis c?est comme tomber du haut d?un ravin?: tout ?a pour ?a?!

Imaginons un peintre d?nu? de g?nie et de sensibilit?, mais peintre quand m?me par la force des choses, esquissant un paysage qu?il a vu au passage sans s?attarder ? en relever les d?tails et rater de ce fait son sujet. Certains journalistes oublient que Le Maroc est un pays libre depuis belle lurette, au point que les proc?dures en cours dans le m?tier sont laiss?es de c?t?, ils agissent en territoire conquis.

Mais allons plus dans les d?tails ??techniques??.

R?inventer la tyrannie ? travers l?image

Saluons l?effort dans la recherche iconographique. Toutes les photos du Roi Hassan II et du Prince h?ritier sont minutieusement choisies. Pas de sourires, rien que des regards d?termin?s, voire durs et vindicatifs. La tyrannie que l?on veut mettre en relief a ses rituels. Voil? l?image du joug qui plombe ces pauvres Marocains?: regardez bien tout le m?pris que le roi voue ? son peuple. ?videmment dans l?arri?re-fond de la sc?ne la France est l?, il faut que le film soit justifi?. Le pays a des int?r?ts par ici.

Vite dress?e l?histoire du Maroc post colonial, vite plant? le contexte historique du r?gne de Hassan II. Mais surtout, l?id?e est instill?e ? coup d?images d?archives sournoisement choisies?: Mohamed VI ne fut pas bien pr?par? au r?gne. L?ombre de l?ancien Ministre de l?Int?rieur plane sur le sujet, les t?moignages sont flous, rapport?s par ou?-dire, voil? le fondement de conflits entre le p?re et le fils. Rien de s?rieux, c?est un documentaire sur le secret, il s?englue dedans lui-m?me pour n?en plus sortir.

Mohammed VI, un simple homme d?affaires dans l?habit d?un roi??

C?est l?impression que laisse le documentaire obs?d? par le sujet. Tout n?est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, c?est certain, mais le probl?me n?est m?me pas l?. ?Les attentes sont gigantesques d?une population d?sormais consciente des d?fis de la modernit?. Les retards sont encore l?, personne ne s?en cache, mais il convient de rendre ? C?sar ce qui est ? C?sar. Mohammed VI ne s?est pas d?barrass? de Basri juste pour une question de conflit avec papa les choses sont plus complexes. Il y ?a qu?on le veuille ou pas une vision, l?instance ?quit? et R?conciliation n?est pas du cin?ma, on ?ne joue pas avec du feu, c?est br?lant. Mohammed VI a tent? de rompre avec un pass? douloureux, du point de vue social, l??tat est plus ? l??coute des humbles. Il n?y a pas de miracles ?videmment ni de baguette de f?es. Mais il y a une politique nette de renforcement des infrastructures, un plus grand souci de d?senclavement des r?gions dont le Rif et l?Oriental entre autres. Le documentaire aurait gagn? ? en parler.

La d?ontologie en question

Mais le documentaire se voit biais? par sa propre approche, hach?e, b?cl?e osons le dire, sans r?flexions profondes, sans recherches s?rieuses. Nous n?allons pas nous mentir ? nous-m?mes, il y a des journalistes et des militants au Maroc qui en disent des choses, qui sont tr?s critiques, qui n?ont pas la vie facile. Toute voix ?trang?re qui nous ?claire sur notre pays, qu?elle soit critique ou pas, est la bienvenue. Mais pas n?importe laquelle, pas celle de journalistes v?reux, pas celles de journalistes ayant maille ? partir avec la justice. Pas besoin d?entrer dans les d?tails ici. Personne n?a dit du mal de Gilles Perrault qui a ?crit pourtant un r?quisitoire terrible et, somme toute, positif.

Mais il n?y a m?me pas besoin d??taler des v?rit?s sur certains intervenants, elles sont assez connues pour quelques-uns d?entre eux. Le documentaire en lui-m?me reste un flop, de la tchatche comme on dit, non pas qu?il ne contient que des mensonges, mais parce qu?il d?forme la r?alit? en plus de ne rapporter que des choses que Monsieur tout le monde conna?t. Entreprendre une telle communication pour faire passer un tel navet, fait perdre de la cr?dibilit? ? une cha?ne pourtant s?rieuse qui s?est laiss?e prendre au pi?ge, c?est loin d??tre un travail de professionnels. L?intention est ?vidente alors?: m?dire d?un roi et ? travers lui, d?une nation.

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