Le 24 f?vrier, l?instance de concertation et de suivi de l?opposition (ICSO) a pu enfin manifester ? Alger plac? sous une chape de plomb depuis des ann?es par un pouvoir incertain, divis? et aux abois. La manifestation contre l?exploitation du gaz de schiste n?a ?t? qu?un pr?texte pour une opposition qui n?arrive pas ? se faire entendre par un pouvoir impotent et en guerre de succession que les rares apparitions du pr?sident ne r?ussissent pas ? d?mentir. L??tat de sant? d?Abdelaziz Bouteflika aurait d? le conduire ? la d?mission ou ? la destitution. Mais pour ce, il faut ?tre un Etat normal. L?Etat alg?rien ne l?est pas, mais il ne manque pas d?humour?: pour couvrir le bruit de la manifestation, il a engag? des troupes folkloriques sur la place de la poste. Esp?rant certainement que la musique adoucirait les positions des plus radicaux de ses opposants. Mais le pouvoir en Alg?rie sait aussi jouer la musique de la matraque. Pour faire face aux manifestants, il a d?ploy? 40 mille policiers des forces anti-?meute, selon l?opposition. Plus que tout autre chose, c?est ce chiffre qui interpelle. Il correspond ? une d?monstration de force, mais une d?monstration de force qui r?v?le toute la fragilit? du syst?me. Un tel d?ploiement devant une opposition l?gale qui ne brille pas particuli?rement par ses capacit?s de mobilisation, indique bien que le pouvoir craint le pire. Il d?voile aussi que les indicateurs des rapports des services doivent ?tre tous au rouge.