La France a v?cu dimanche 11 janvier une journ?e d?intense communion. Une manifestation de solidarit? et de fraternisation rare. On a vu un rabbin tirer vers lui deux imams pour une franche ?accolade et un Fran?ais de souche se jeter sur un grand policier noir pour l?embrasser. Les odieux assassinats de Charlie Hebdo, de Montrouge et d?Hyper Casher ont jet? dans les rues de la France pr?s de quatre millions de manifestants, leur tiers dans le seul Paris. La communion s?est vite transform?e en union nationale qui refusait l?amalgame entre les islamistes et l?Islam, les terroristes et les immigr?s. Hommes politiques de premier plan ou citoyens lambda ont r?p?t? le m?me refrain et les t?l?visions se sont fait un devoir ?d?interroger les manifestants de toutes les couleurs et de toutes les confessions. Pourtant on ne pouvait s?emp?cher de ressentir ces d?clarations comme des clauses de style, une concession ? la gravit? du moment. Avant m?me que la journ?e ne se termine, les premi?res fissures sont apparues. Marine Le Pen a ?t? ?gale ? elle-m?me et Nicolas Sarkozy n?a pas h?sit? ? d?clarer que ??l?immigration n?est pas li?e au terrorisme??, lan?ant, comme soit dit en passant, qu?elle ??complique [cependant] les choses??. Toute la journ?e, les questions des journalistes aux manifestants musulmans respiraient un soup?on de culpabilisation et les r?ponses ?des Musulmans qui se d?solidarisaient des terroristes portaient en elles un sentiment de culpabilit?. ?A peine s?ils ne disaient pas?: Excusez-moi d??tre Musulman. Demain la politique reprendra ses droits et chaque fleuve son lit. On aura alors le temps de mesurer les d?g?ts que trois d?biles croyant ?uvrer pour la gloire d?Allah et de son proph?te, auront fait subir aux Musulmans de France, d?Europe et de tous les pays occidentaux.