Un journaliste est mort

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Mohamed Larbi Messari. Il a quitt? la vie comme il a v?cu, sur la pointe des pieds. ?Il ?tait ainsi Larbi, un homme qui n?aimait pas faire du bruit, mais dont les paroles et les actes pouvaient retentir au-del? des fronti?res. Il ?tait un sourd d?une oreille, et il me dit un jour que c?est de celle-ci qu?il entendait les choses qu?il n?aimait pas. Homme politique, ?crivain, historien, militant, d?put?, ambassadeur, ministre, patron du syndicat de la presse, il a ?t? tout Si Larbi, mais il a ?t? surtout journaliste. On peut parler longtemps de l?homme sans vraiment le raconter. Mais un geste r?sume son ?uvre. Il a ?t? ministre deux ans, le temps de marquer l?histoire ? sa fa?on, avec cette discr?tion assourdissante. Seul dans son bureau, ou dans sa t?te, il a pris le stylo pour signer la d?cision mettant fin aux fonctions de Mohamed Tricha, gouverneur directeur g?n?ral de la Radio T?l?vision Marocaine, ? la t?te de la RTM. Un acte banal. Oui, si le Maroc avait ?t? un pays normal. Et Tricha personnalisait cette anormalit?, puisqu?il ?tait l? le bras et l??il de Driss Basri, tout puissant ministre ? l??poque de l?int?rieur et de la communication. Cette intrusion directe du s?curitaire dans l?audiovisuel public ?tait un enjeu majeur dans le rapport de force entre le pouvoir et l?ancienne opposition d?sormais ? la man?uvre au gouvernement. En prenant cette d?cision, Si Larbi savait qu?il accomplissait un acte de bravoure en m?me temps qu?il se tirait une balle dans les pieds. Mais il avait la conscience heureuse de faire ce pourquoi il ?tait l?, sans se soucier un seul instant des cons?quences. Ministre, c??tait presque par amusement pour lui. De la m?me mani?re que l?amusait son on quitte ou double. Ce fut quitte et double.