Le problème

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Je me suis trouvé au matin de ce mercredi au cœur d’une annexe administrative du ministère de l’intérieur à Rabat, un arrondissement comme on disait avant. Un endroit synonyme de tracas administratifs, de complications procédurales, de visages mal rasées, de sourires jamais aboutis, de fil que personne ne respecte, de fonctionnaires mal lunés sur lesquels on voit bien que s’ils sont là ce n’est certainement pas par envie.

On y patiente comme on peut, moi à regarder les autres s’impatienter, les préposés aux guichets à ne pas toujours sourire, sauf quand ils reconnaissent quelqu’un, les administrés à geindre, les autres à leur en rajouter où à les entendre sans vraiment les écouter.

Juste devant moi un citoyen qui n’a pas l’air d’être tombé du lit ou presque, lâche en guise de bonjour, « j’ai un problème », ce qui a le mérite de réveiller le fonctionnaire qui réplique avec deux points d’exclamation à la fin, mais sans le regarder : « On veut pas de problèmes, que Dieu nous protège des problèmes ». Sans se laisser démonter le citoyen répond : « Le problème n’est pas dans le problème, mais de ne pas trouver quelqu’un pour régler le problème ».

Je n’ai pas suivi le reste de l’histoire, mais je l’ai vu étonné lui-même par la profondeur de sa propre sagesse, se mettre ostentatoirement à savourer le silence des mouches qui ont cessé de voler dans ce nid d’escargots vertébrés.