Sahara, le test

1981
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C’est au pas de charge que l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU veut mener sa mission au Sahara. Avant même que les estivants prennent le chemin du retour à leurs fonctions, pour l’anecdote c’est l’adjoint du représentant britannique qui a présidé la réunion du Conseil de sécurité, Horst Köhler a tenu à briefer les vénérables membres de la théoriquement plus haute instance internationale.

Dans la dynamique qu’entend insuffler l’ancien président allemand au processus de recherche d’une solution au conflit du Sahara, Alger mise beaucoup sur John Bolton, conseiller du président Donald Trump, connu pour être imbibé du plan Baker 2 qui faisait la part belle à la thèse algérienne.

Alger compte sur lui pour neutraliser Paris et aider H. Köhler à mettre le Maroc et le Polisario autour d’une même table de négociation en faisant fi du rôle central et majeur de l’Algérie dans le conflit

Une démarche que la diplomatie marocaine ne partage pas et n’entend pas laisser passer. Le brief de l’envoyé personnel ne l’ameute pas et les diplomates marocains affichent une sérénité rassurante. Rabat assure H. Köhler de sa pleine coopération pour la relance du processus politique. Il en est d’ailleurs lui-même satisfait puisqu’il a pu avoir « libre accès aux différentes personnes qu’il a souhaitées rencontrer  et de constater de visu l’essor économique et social de la région ». En même temps, le Maroc n’a aucunement l’attention de se laisser imposer un quelconque forcing qui lui dicterait des desiderata nuisibles à ses intérêts ou en « règlement en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l’Initiative d’autonomie, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité. »

Sur ce point, par la voix royal, le Maroc a tracé les limites de tout processus.

L’ambiance globale dans laquelle s’est déroulé le brief de l’envoyé personnel ne mécontente pas outre mesure les Marocains qui relèvent que les membres du Conseil de sécurité n’ont pas négligé « la nécessité d’avancer avec précaution, dans le cadre de la relance du processus, en consultant les parties et en particulier le Maroc sur toutes les idées et propositions. »

L’attention de M Köhler est ainsi attirée sur sa propension à procéder à des convocations à des  réunions, comme ce fut le cas pour Berlin, sans consultations, à mettre sur les tapis des voies et moyens de « solution » où germe le risque de dévier le processus de sa route ou de persister à considérer , contrairement au souhait du Conseil de sécurité, l’Algérie que comme une partie prenante secondaire.

L’occultation de son rôle moteur est une duplicité qui n’a que trop nui à la solution du problème. La rigueur toute germanique de Horst Köhler devrait normalement le conduire à en tenir compte sérieusement. Sinon, il aura fait comme ses prédécesseurs, un petit tour puis s’en vont.