« Même si le roi m’envoie en prison »

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??M?me si le roi m?envoie en prison, je resterai ? ses c?t?s??. La petite phrase lanc?e par Abdalilah Benkirane en plein meeting ? Sal? pose question. D?crypt?e au premier degr?, la d?claration du chef de gouvernement est significative de sa haute loyaut?. Monarchiste ? la vie ? la mort, Benkirane montre son attachement au Tr?ne. Il s?adresse ? l?opinion publique en connaissance de cause. Il conna?t l?attachement et l?affection des Marocains pour le roi. Le leader des islamistes au pouvoir prend alors la vague et fait savoir ? quel point son attachement ? Mohammed VI est grand. La campagne ?lectorale a commenc?. La monarchie est chez le premier des Pjdistes un ?l?ment fondamental de communication.

Mais la communication ne s?arr?te pas au premier degr? avec Abdalilah Benkirane. ?Avec cet homme que seuls ses adversaires jugent impr?visible, il faut toujours chercher le second degr?, le non dit, le message subliminal. ??M?me si le roi m?envoie en prison, je resterai ? ses c?t?s?? n?est pas une simple d?claration d?amour, de fid?lit? et de loyaut?. Au-del? de la s?mantique qui renseigne sur la teneur d?un discours, cette phrase interpelle et suscite bien des inqui?tudes. Le roi envoie-t-il en prison?? Dans un Etat de droit, celui-l? m?me que d?fend M. Benkirane, est-ce le chef de l?Etat qui emprisonne un citoyen sans autre forme de proc?s?? Les militants de ce pays ?-et dont ne fait pas partie M. Benkirane- se sont battus et ont souffert dans leur chair pour que la justice soit juste, un proc?s ?quitable et les droits de la d?fense garantis. Les ann?es de braise sont derri?re nous. La r?conciliation a bel et bien eu lieu gr?ce notamment ? ce roi qui n?a jamais envoy? personne en prison.

Mais le plus inqui?tant est bien le fait que le chef de gouvernement s?me le doute. Il est donc le premier ? ne pas croire au proc?s ?quitable. Il est le premier ? accr?diter l?id?e selon laquelle qu?il n?y a pas de justice sinon celle aux ordres. Aux ordres du chef de l?Etat qui peut d?cider de jeter en ?prison son fid?le premier ministre. Au second degr? donc, la petite phrase d?Abdalilah Benkirane est lourde de sens. Elle balaie toute vell?it? de d?mocratie. Pur slogan, mensonge d?Etat, propagande ?hont?e?: peut-il en ?tre autrement alors que la menace d??tre envoy? en prison par le roi plane au-dessus de la t?te du chef de gouvernement et leader des islamistes de l?Ex?cutif?? Le chef de gouvernement sait pourtant que les bagnes sont d?finitivement ferm?s dans ce pays. Ils sont m?me devenus des lieux de m?moire pour mieux ancrer le ??plus jamais ?a??. ?Le ministre de la justice et des libert?s appartient bien ? la famille ??politique?? de M. Abdalilah Benkirane. M. Ramid a-t-il d?j? re?u l?ordre d?en haut d?envoyer en prison??

Il ne faut pas s?y tromper. Cette d?claration de M. Benkirane est une mani?re de faire un carton plein. S?il jure sa loyaut? ? la monarchie ?du fin fond d?une cellule dans laquelle il aurait ?t? ?jet? comme dans les oubliettes du Moyen-?ge ?il positionne sa campagne ?lectorale?: le PJD aux destin?es duquel il pr?side est le dernier rempart contre l?autoritarisme. Et c?est exactement dans cette optique qu?il a appel? la semaine pass?e les ?lecteurs ? voter PJD pour ??r?sister??. Pour ce faire, Benkirane est pr?t ? se faire amn?sique. ?A oublier le long chemin parcouru ?par les d?mocrates de ce pays ?pour que justement ?il ne soit pas envoy? en prison.