Iran-Arabie Saoudite: Les coûts d’une tension

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En ex?cutant Baker Nimr, dirigeant et opposant chiite, Ryad a ?lev? d?un niveau la tension avec l?Iran, ce qui a provoqu? la rupture des relations diplomatiques et l?alignement des monarchies du Golf et du Soudan, qui ?tait d?ailleurs pr?visible. R?duire cette tension ? un conflit confessionnel seulement serait une erreur. Il s?agit d?un conflit politique, entre deux ambitions r?gionales, qui recouvre la probl?matique confessionnelle. Ce conflit est d?abord exacerb? par l?accord sur le nucl?aire. Ryad s?y est oppos? farouchement. T?h?ran va r?cup?rer 37 milliards de dollars gel?s dans les banques occidentales.

Il va aussi et surtout revenir, pleinement, sur le march? des hydrocarbures et disposer d?une assise financi?re. En m?me temps, l?Arabie Saoudite voit ses revenus fondre, avec la chute du cours du p?trole, alors qu?elle m?ne une guerre difficile au Y?men et qu?elle soutient, ? bras le corps, l??conomie ?gyptienne. Le premier co?t de cette tension est ?conomique. Les march?s internationaux ont anticip? le retour de l?Iran. Deux millions de barils par jour en plus, dans un march? o? l?offre est pl?thorique, o? le schiste am?ricain fait des ravages pendant que la consommation chinoise et hindoue est en baisse, cela fait beaucoup. Le premier r?sultat c?est d?abord la fin de l?OPEP. Les pays producteurs, du fait des al?as politiques, ne ma?trisent plus rien et ne font plus le march? en r?gulant l?offre. Avant la fin de l?ann?e, le baril sera ? 20 dollars, c?est le pronostic des sp?cialistes.

Des ?conomies vont s??crouler. L?Arabie Saoudite envisage l?entr?e en bourse ? travers la soci?t? ?tatique de production p?troli?re, ce qui est une privatisation et un revirement strat?gique. Mais c?est l?unique perspective pour maintenir l??conomie saoudienne debout et pr?server son influence, tout en finan?ant ses engagements r?gionaux. Toutes les ?conomies d?pendantes des hydrocarbures, qui ont renforc? la rente pour acheter la paix sociale, sont au pied du mur ! On peut penser ? l?Alg?rie par exemple, mais aussi au Venezuela. Deux pays o? la situation politique est loin d??tre d?une stabilit? absolue. Si l?effondrement des cours perdure, on pourrait assister ? une vague de privatisations et ? un retour du contr?le des sept majors sur la ressource dite or noir, quarante ans apr?s les nationalisations. Les pays importateurs affichent leur bonheur, mais pas pour longtemps. Ces march?s en contraction, li?s au ralentissement de la croissance chinoise, constituent un ph?nom?ne qui ne va pas tirer la croissance mondiale vers le haut. La tension entre Ryad et T?h?ran n?est plus diplomatique, elle est militaire, et ce par procuration. En Irak, en Syrie, au Liban, au Y?men, ? des degr?s divers, les bellig?rants sont adoss?s ? l?un des deux sponsors. Il est ?vident qu?on se dirige vers des Etats confettis ? caract?re confessionnel, ce qui n?est pas un gage de paix. En attendant, les Kurdes engrangent les points. Ils contr?lent Kirkouk, qui n?est pas Kurde, et exportent le p?trole sans passer par l?Etat central irakien. Ils sont adoub?s par les grandes puissances dans la lutte contre Daesh et Poutine vient de d?clarer qu?ils ont droit ? un Etat. C?est aussi une cons?quence strat?giquement importante, parce qu?elle remet en cause les ?quilibres n?s de la seconde guerre mondiale et met au d?fi la Turquie pour qui c?est une ligne rouge. L?affrontement T?h?ran-Ryad a des impacts strat?giques historiques, mettant en cause la stabilit? de toute la r?gion. La communaut? internationale ne peut rester spectatrice de cette ?norme d?flagration.