L’université livrée à la violence

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affrontement

Ce qui s?est pass? ? l?int?rieur de la facult? de Mekn?s est insoutenable.

Un groupuscule gauchisant a arr?t?, ligot? une jeune fille, l?a pr?sent?e ? un ? tribunal populaire ?, l?a condamn?e ? ?tre tondue, l?a tabass?e au passage. Cela s?est pass? devant plusieurs dizaines de pr?tendus ?tudiants et aucun n?a eu la dignit? de s?interposer. Il y a quelques semaines ? F?s, au nom de la morale, une jeune fille, accus?e d?entretenir une liaison avec un membre de l?administration, a ?t? tra?n?e devant un ? tribunal populaire ?, compos? de 15 ?tudiants, qui l?a condamn?e ? quitter le soir m?me la cit? universitaire et qui l?a menac?e de l?emp?cher de passer ses examens. Ce courant se dit d?extr?me-gauche, proche d?Annahj et n?est en r?alit? qu?un ramassis de fascistes.

Les luttes entre quatre courants, le gauchiste, l?islamiste, l?amazigh et le s?paratiste, font annuellement des morts, dont deux cette ann?e. Chaque intervention des forces de l?ordre, comme on l?a vu ? Marrakech la semaine derni?re, se transforme en batailles rang?es, contre des nervis arm?s de sabre. Une minorit? tient en otage l?universit? et ses dizaines de milliers d??tudiants et cela dure depuis des ann?es. Le mouvement estudiantin, dans ses ann?es de gloire, avait install?, arrach? l?id?e du sanctuaire universitaire. Cet espace ?tait un espace de libert?, d??changes intellectuels, politiques, parfois tr?s vifs, mais dans les limites de l?Agora, de respect et de tol?rance au niveau des libert?s individuelles. Aujourd?hui, tous les d?mocrates, sans exception, r?clament le r?tablissement de l?ordre, de l?Etat de droit. Cela doit nous interpeller sur les reculs au sein de notre jeunesse des ?ventuelles ?lites de demain. Plusieurs questions se posent.

La premi?re est comment en est-on arriv? l? ? Plusieurs responsabilit?s se d?gagent. Les islamistes, pour prendre le cadavre de l?UNEM, ont introduit les milices, la violence, les ? tribunaux populaires ?, avec des condamnations ? mort et des ex?cutions, d?s le d?but des ann?es 90. Les gauchistes, d?autres courants plus r?cents, leur ont emboit? le pas. On ne d?bat plus, on combat milice contre milice. Mais au-del?, ce ph?nom?ne r?v?le des tendances anxiog?nes. La violence au sein de la soci?t? est elle aussi beaucoup plus palpable. Le conservatisme militant, grand pourvoyeur de terroristes, a contamin? une partie de la jeunesse, y compris ceux qui d?fendent ? la morale ?, tout en se revendiquant de l?extr?me gauche. Enfin, l??chec est patent quant au r?le de l??cole. Ces ?tudiants n?ont acquis ni l?esprit critique qui leur permettrait la distanciation avec les id?ologies funestes, ni l?acception de la contradiction, et encore moins, la culture des droits de l?Homme. Si on ajoute que le niveau de leurs acquisitions acad?miques est d?une nullit? affligeante, on peut regretter les milliards de dirhams engloutis dans le gouffre de l??ducation nationale. L?urgence c?est de r?tablir l?Etat de droit dans ces enceintes.

Il n?est pas normal que seuls deux individus soient arr?t?s apr?s les ?v?nements de Mekn?s. Ils ?taient des dizaines ? juger la jeune victime. Force doit rester ? la loi. Les associations, souvent dirig?es par des anciens de l?UNEM, doivent se rendre ? l??vidence : il ne s?agit pas de libert? d?expression, mais de d?lits, de fascisme naissant, et il faut le combattre, au lieu de d?fendre une chim?rique sanctuarisation. Mais il faudra se pencher sur la question de fond, ? savoir quelle universit? voulons-nous ? Celle de la transmission des savoirs des lumi?res, de la mixit? sociale ou celle des t?n?bres de l?extr?misme, de la n?gation des libert?s. C?est un choix politique majeur, qui ne peut s?exprimer que par une v?ritable r?forme. Qu?un enseignant parte se faire tuer en Irak, que des ?tudiants fassent la police religieuse au sein de la cit? universitaire imposant code vestimentaire et m?urs, cela porte un nom, c?est une d?rive. Continuons ? fermer les yeux et l?universit? nous offrira plus d?extr?mistes que de cadres valables. Il faut r?agir et tout de suite, pour ?viter ce cauchemar.

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