Réponse à Nadia Salah : Le MEN entre le marteau et l’enclume

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*Enseignant universitaire

Dans l??dito du 28/06/2016 de son quotidien ??L?Economiste??, Nadia Salah part en guerre contre le Minist?re de l?Education Nationale faisant feu de tout bois et tirant sur tout ce qui bouge. C?est son droit. Par contre avancer des contrev?rit?s sous forme de r?quisitoire pour d?fendre des int?r?ts priv?s sp?cifiques n?est pas digne d?une journaliste de sa stature. Elle nous a habitu?s ? plus de hauteur et de distance. Pr?senter la lutte contre l?emploi massif des enseignants du secteur public par les ?coles priv?es comme ?tant ??une guerre contre les professeurs?? est en fait une tentative de manipulation de l?opinion publique ? des fins corporatistes. C?est une grave accusation dont les soubassements sont loin du souci p?dagogique et de la recherche de la qualit? de notre enseignement public.

En r?alit?, si on donne aux enseignants un nombre limit? d?heures de cours par semaine, ce n?est pas pour aller faire de l?argent ailleurs?! C?est plut?t parce qu?on s?attend ? ce qu?ils pr?parent de fa?on parfaite les cours qu?ils assurent, qu?ils fassent de la recherche chacun dans son domaine, qu?ils encadrent les ?l?ves et les ?tudiants en dehors des heures de cours, etc?. Si les enseignants pouvaient assurer quarante heures de cours au lieu de vingt, autant leur donner cette charge dans le secteur public qui souffre comme vous dites d?insuffisance d?enseignants?! L?Etat paye des employ?s ? plein temps pour travailler ? plein temps?!

Non Madame, ceux que vous d?fendez dans votre ?dito ne sont pas les enseignants?; en fait vous d?fendez le lobby des ?coles priv?es qui fait saigner les parents pour r?aliser des marges mirobolantes et qui b?n?ficie d?une subvention indirecte en faisant appel ? des employ?s du secteur public qu?il paye ? l?heure effective, ? un taux d?IR r?duit (17%) et sans supporter de charges sociales telles que celles de la CNSS.

Par ailleurs, le r?le du secteur priv? est aussi de cr?er des emplois?; or qu?en est-il de l?emploi des jeunes dipl?m?s qui ont ?t? form?s par le MEN pour rejoindre le secteur priv? en tant qu?enseignants permanents?? Comment ces jeunes trouveraient-ils un emploi si les ?tablissements priv?s se contentent de vacataires au rabais?? M?me en termes d??quit? le cumul d?emplois est injuste. Le vice cynique c?est de d?fendre les int?r?ts corporatistes des ?coles priv?es en l?enrobant dans un discours indign?.

Il est par ailleurs incompr?hensible de reprocher au MEN d?exiger la r?ussite des stagiaires apr?s une ann?e de formation pour pouvoir rejoindre les rangs des enseignants titulaires. Le premier gage de l?am?lioration du syst?me d??ducation, c?est la qualit? des enseignants que l?on affecte dans les salles de classe. Or cette qualit? ne peut ?tre objectivement ?valu?e qu?apr?s une ann?e de formation et d??valuation ? l?issue de laquelle on est d?clar? apte ou non ? exercer. Votre logique revient par exemple ? ne renvoyer aucun ?tudiant en m?decine apr?s la premi?re ann?e car ils ont tous r?ussi le concours?! Donc Tous doivent devenir m?decins?! Vous rendez-vous compte de l?aberration??

On ne peut pas fustiger la qualit? du syst?me d?enseignement d?un c?t?, et tirer ? boulets rouges sur toute action qui vise ? am?liorer ce syst?me.

Dans cette logique c?est un peu facile, madame, de clamer que le Minist?re de l?Education ne s?attaque qu?aux enseignants absents pour donner des cours dans les ?coles priv?es, et qu?il ferme les yeux sur les autres absences?! Sur quoi vous basez-vous pour sortir des accusations pareilles?? Est-ce ? dire que quand les int?r?ts ?troits sont en jeu, le discernement disparait?? La lutte contre l?absent?isme et l?abandon des salles de classe n?a jamais ?t? aussi active, et ce, quelle que soit la raison de ces absences.

Entre la pression exerc?e par certains lobbies, la mauvaise foi de quelques journalistes et les menaces des obscurantistes qui bloquent toute tentative de modernisation et d?ouverture, la marge de man?uvre est tr?s faible pour r?ussir une r?forme ambitieuse, apte ? sortir notre ?ducation nationale des sables mouvants dans lesquels on veut la maintenir pour des int?r?ts ?conomiques pour les uns et id?ologiques pour les autres.