Formation du gouvernement : En même temps qu’il se simplifie, le jeu se corse

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« La victoire de lundi soir renforce Akhennouch dans ses convictions. Il est évident qu’il mène la danse. Il est à l’aise, que ce soit dans la majorité ou dans l’opposition. C’est à M. Benkirane de trouver une solution ou de tirer les conséquences qui s’imposent »

« Et maintenant ? » Depuis hier soir, la question lancinante est sur toutes les lèvres politiques. Si l’élection au perchoir, lundi 16 janvier, de l’usfpéiste Habib El Malki n’a pas été une surprise, elle n’en a pas moins constitué une onde de choc dans le paysage politique marocain. Les contours d’une autre majorité possible ont été dessinés par les 198 voix qui ont permis l’élection du député ittihadi de Bejaad à la présidence de la chambre basse. Habib El Malki est en effet le troisième personnage du Royaume grâce à la mobilisation et au vote, en plus de l’USFP, du RNI, de l’UC, du MP et du PAM.  Venu en renfort pour prêter main forte au candidat usfpéiste adoubé par le Rassemblement national des indépendants, le PAM est sorti du bois de l’opposition. Le temps d’une élection et au nom de l’union sacrée. Le parti d’Ilyas Omari s’est empressé ce mardi de regagner les travées de l’opposition en présidant la principale commission parlementaire dévolue au principal parti situé dans l’opposition, celle de la législation.

Ce mardi matin, Abdalilah Benkirane et ses alliés sont dans l’expectative. L’élection d’un ténor de l’USFP à la présidence de la chambre des députés n’est pas synonyme de sortie de crise. « Le PJD et le PPS ont certes accepté que le parti de la Rose occupe le perchoir mais à condition de soutenir le gouvernement sans en faire partie. Et le PPS a joué un rôle important pour concilier les positions, notamment celles de Benkirane et Akhennouch », confie ce proche du chef de gouvernement désigné. Dans cet esprit de conciliation, explique-t-on du côté des islamistes, Benkirane a choisi de ne pas présenter de candidat au perchoir. « Il ne voulait pas non plus prendre le risque d’être mis en minorité », rectifie cet observateur politique avant de faire remarquer que le vote blanc permet à Abdalilah Benkirane de rester dans le jeu politique et de ne pas quitter les négociations.

De source proche du chef de gouvernement, on assure que la relance des négociations ne saurait être le fait de M. Benkirane. « La balle est dans l’autre camp. C’est à eux de faire des propositions et surtout des concessions », soutient cette figure de la majorité sortante. Et la principale concession serait de voir l’USFP ne pas siéger –« pour le moment »- au sein du gouvernement tout en lui accordant son soutien. « Une limite que Abdalilah Benkirane ne saurait franchir. Il a tout donné. Il ne peut pas faire plus. C’est une question de crédibilité. Il ne faut pas oublier que sa crédibilité est sa valeur d’usage », fait valoir un de ses plus proches collaborateurs.

Du côté du Rassemblement national des indépendants, l’on assure que la position de Aziz Akhennouch n’a pas changé d’un iota. « Y aller à quatre ou ne pas y aller », est plus que jamais sa devise. « La victoire de lundi soir renforce Akhennouch dans ses convictions. Il est évident qu’il mène la danse. Il est à l’aise, que ce soit dans la majorité ou dans l’opposition. C’est à M. Benkirane de trouver une solution ou de tirer les conséquences qui s’imposent », indique un ténor du RNI.

Selon nos informations, les négociations pour la formation d’un gouvernement qui se fait attendre depuis plus de 3 mois vont marquer une pause. Aziz Akhennouch, ministre de l’agriculture dans le gouvernement sortant, serait dans la délégation officielle accompagnant le Souverain dans sa nouvelle tournée africaine et qui devrait débuter mercredi.

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