Formation du gouvernement : Manœuvres, intrigues et jeu de massacre

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« C’est lui qui tire les ficelles. Benkirane donne l’impression qu’il est en train d’appliquer la fameuse règle de diviser pour mieux régner. La guéguerre entre le RNI et l’Istiqlal est une manière d’occuper les deux partis et lui permettre de forger sa majorité à sa seule guise »

Mais que fait donc le chef de gouvernement ? La question est sur toutes les lèvres du personnel politique. Depuis sa nomination, le 10 octobre dernier, par le Souverain qui l’a chargé de former un gouvernement, Abdelilah Benkirane a mené un seul round de consultations, rencontrant tour à tour l’Istiqlal, le PPS, l’USFP, le Mouvement populaire, l’UC et le MDS. Dimanche, celui qui est leader du PJD rencontrait enfin le Rassemblement national des indépendants en la personne de son nouveau président, Aziz Akhennouch, élu quelques heures plus tôt par les militants réunis en congrès extraordinaire.

Depuis, c’est une guerre à fleurets mouchetés qui s’est déclarée –par presse interposée souvent- entre les différents partenaires et alliés, supposés ou pressentis. Le feuilleton commence avec les Istiqlaliens qui disent tout le mal qu’ils pensent des Rnistes voulant peser lourd dans la formation de la prochaine majorité. Une déclaration du patron de l’Exécutif entretient à petits feux le début de polémique. « Il faut respecter la méthodologie démocratique et la volonté populaire » a –t-il en effet déclaré devant une haie de micros tendus. Les fuites bien évidemment organisées avancent que le RNI, fort de son alliance avec l’UC, se positionne comme poids lourd d’une éventuelle coalition qu’il contribuerait à dessiner. Le MP annonce par la voix même de son secrétaire général qu’il ne rejoindra pas le gouvernement Benkirane à n’importe quel prix liant son sort gouvernemental –ou pas- à l’alliance RNI-UC. Annonce est officiellement faite que l’Istiqlal et le PPS ont donné leur aval pour une participation gouvernementale. « Il ne me faut plus que 20 voix », fait valoir un Benkirane tonitruant.

Dans la foulée, une rencontre  informelle autour d’un verre de thé fumant réunit Chabat, Benabdallah et Benkirane. La koutla n’est pas présente au grand complet. L’USFP manque à l’appel, son Premier secrétaire a préféré décliner l’invitation. Selon nos informations, le leader du PPS a passé de longues heures à convaincre Driss Lachgar à participer à une telle réunion interprétée comme un message au RNI et à ses prétentions. En vain.

Abdelilah Benkirane est-il la victime expiatoire de toutes ces manoeuvres politiciennes ? Non, s’exclame cet allié de la majorité sortante. « Il en est même l’instigateur. C’est lui qui tire les ficelles. Benkirane donne l’impression qu’il est en train d’appliquer la fameuse règle de diviser pour mieux régner. La guéguerre entre le RNI et l’Istiqlal est une manière d’occuper les deux partis et lui permettre de forger sa majorité à sa seule guise », explique notre interlocuteur tout en faisant remarquer que Benkirane n’a pas encore réussi à former sa majorité.

Force est de relever que le chef de gouvernement n’a encore fait aucune offre à aucun de ses alliés supposés ou pressentis. Il a bien tenté de planter le cadre d’une majorité dont le noyau fort serait PJD-Koutla (Istiqlal, PPS et USFP), soutenu en cela par Hamid Chabat, revenu à de meilleurs sentiments et Nabil Benabdallah, l’allié fidèle et bon élève de la coalition sortante conduite par les islamistes.  

Pour ce ténor de la majorité sortante, les intrigues ont commencé. Et pour notre interlocuteur, le chef de gouvernement n’y est pas complètement étranger. Il en veut pour preuve des « méthodes de travail qui ne devraient plus avoir cours ». « Il faut que M. Benkirane arrête ce jeu de massacre. Sinon l’Histoire retiendra qu’il est l’auteur d’un crime politique. Le Maroc n’en peut plus d’attendre, » conclut-il.

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