Le cout économique du blocage

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Ceux qui comparent le Maroc à l’Espagne oublient deux éléments. Le premier c’est que la décentralisation est réelle en Espagne et que le véritable agent économique ce sont, les régions. Le second c’est que l’économie espagnole repose sur le secteur privé de manière prépondérante, ce qui n’est pas exactement notre cas

Les institutions sont au chômage technique. La loi de finance 2017, sera votée au meilleur des cas fin février- début mars. Nous aurons donc perdu 6 mois. Cela a un coût énorme. Depuis la mi-aout, il n’y a plus aucune commande publique. Cela signifie que même ce qui était programmé, budgétisé, pour le dernier trimestre n’a pas eu lieu. Pour les entreprises dont l’administration est le principal client c’est un véritable coup d’arrêt. Certaines, les moins solides financièrement, pourraient en mourir.

Pour le reste c’est le manque de visibilité qui constitue un danger. Certaine voient dans l’accroissement des crédits d’investissement un bon signe, qui contredirait cette prédiction. C’est un peu rapide comme déduction. D’abord parce qu’il s’agit d’investissements prévus et ficelés depuis longtemps, bien avant le blocage, puisqu’ils sont au stade du déblocage du crédit. Ensuite parce que, de l’aveu même des banquiers, il s’agit de gros projets et non pas d’une tendance générale, incluant les PME, qui créent le plus d’emplois.

Six mois, c’est énorme dans la vie d’une économie comme la nôtre. La dépense, l’investissement public sont des piliers de la demande intérieure, qui tire, poussivement la croissance depuis prés de 20 ans. Six mois d’arrêt cela signifie un ralentissement de l’activité, la perte de journées de travail, d’emplois, la chute des recettes fiscales, l’installation de la morosité dans le climat des affaires. Tous ces éléments auront un impact sur les performances de 2016 et 2017. Or ces performances impacteront le coût de l’endettement, qui est appelé à croitre, toutes choses restant égales par ailleurs.

Le contexte ne permet pas ce luxe. L’expérience du PJD n’a pas permis de réduire le déficit budgétaire. Le déficit de la balance commerciale s’aggrave (+ 15,7% à fin octobre), la dette extérieure est à 67% du PIB, le chômage augmente, le pétrole entame une revalorisation des prix mondiaux, l’Europe, notre principal marché, est traversé par les incertitudes, le BTP est en souffrance, les clignotants sont vraiment au rouge. Dans ces conditions le blocage est une catastrophe, ceux qui comparent le Maroc à l’Espagne oublient deux éléments. Le premier c’est que la décentralisation est réelle en Espagne et que le véritable agent économique ce sont les generalidad, les régions et non pas l’Etat centrale. Le second c’est que l’économie espagnole repose sur le secteur privé de manière prépondérante, ce qui n’est pas exactement notre cas.