Le funambule

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Rempilera, rempilera pas. En bon tacticien, le secrétaire général du PJD fait le funambule. Sur la corde raide, un coup à gauche un coup à droite

Dans un article intéressant publié sur le site du PJD, l’un des dirigeants des islamistes du gouvernement, Abou Zide Al-Mouqri’e El Idrissi, s’épanche sur l’étape actuelle, pour le moins critique si l’on entend bien ce qu’il écrit, que traverse son parti. Il redécouvre un truisme, et il en a bien besoin en ce moment : la divergence peut être une bénédiction ou s’avérer une malédiction. Tout dépend de la manière de la gérer et de son issue. Par la suite il émet les trois commandements à même d’éviter au PJD les déchirements et leurs dix plaies : D’abord s’en remettre à Allah et à sa volonté, le prier pour qu’il accorde aux congressistes patience, tolérance de l’autre et sens de l’unité et de la loyauté ; c’est important, voire vitale. Ensuite l’observance de l’éthique et traditions protégées dans les débats et les réunions en respectant les procédures et la hiérarchie des instances tout en évitant surtout l’accusation des divergents de trahison. Ce qui signifie que chez nos islamistes modérés, on en est là. Enfin, troisième et dernier commandement : Croire profondément que si l’on mène la réflexion juste et si l’on respecte la méthodologie (laquelle ? seuls Dieu et lui  savent apparemment), l’on est certain que le succès couronnera inchallah les travaux du congrès, ou du moins en ce qui concerne les choix de la vision, des décisions et des hommes.

Toutefois, rien n’est gagné d’avance, prévient l’auteur, si les militants laissent le Malin, dont les noms sont aussi divers que ses figures, se faufiler à travers les interstices du parti. Auquel cas les divergences deviendront béantes. La guerre des tranchées oppose le courant du ministrabilisme qui a pour figure de proue Mustapha Ramid et Aziz Rabbah, Saâdeddine El Othmani se mettant en réserve de tout ce beau monde, à une bonne partie des bases, notamment chez la jeunesse du parti, tentées par une escapade dans l’opposition. Une aventure qui n’enchante même pas, en théorie, le grand et beau personnage qu’est Abdalilah Benkirane véritable nœud du problème. Rempilera, rempilera pas. En bon tacticien, le secrétaire général du PJD fait le funambule. Sur la corde raide, un coup à gauche un coup à droite. Pour conforter El Othmani, il rappelle qu’il est chef du gouvernement par décision du parti. Pour l’ébrécher, il révèle qu’il lui a conseillé plusieurs fois de ne pas démissionner, « on ne lâche pas le Roi » lui aurait-il précisé. Est-ce pour dire aux bases qu’El Othmani n’est pas particulièrement attaché au poste ou suggérer au souverain que le chef du gouvernement est capable d’abandonner le navire à tout instant. Si c’est le cas, la perfidie participe de la haute voltige. Qu’il s’agisse de sa position à l’égard de l’Etat ou d’un troisième mandat, tout le langage de Abdalilah Benkirane est à l’aune de ce double langage, à double sens, à double tranchant, polysémique, ouvert sur tous les horizons.

 

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