Le renouveau

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La panne de la vie partisane marocaine n’est pas une vue de l’esprit. Le hiatus qui existe habituellement entre les partis politiques et la société n’en est plus un. C’est un énorme fossé qui s’est creusé. Le diagnostic est simple : absence d’organisation, absence de programme et absence de leadership. Résultat, les élites ne sont plus attirées par des organisations qui ne se renouvellent plus, qui fonctionnent en dehors de la démocratie et qui ont perdu leur capacité d’encadrement ! La fabrication de l’opinion publique, tâche éminemment constitutionnelle des partis politiques, a été sous-traitée aux réseaux sociaux.

Plusieurs fractures ont émergé de ce chaos. L’image du gouvernement s’est détériorée. Un discrédit total a frappé les responsables politiques et les parlementaires. Le rendement exécutif est devenu imperceptible. Une suspicion globale d’incompétence entoure le travail des deux chambres. Le sentiment de l’inutilité et la non efficience des institutions élues s’est développé. Les responsabilités se sont dangereusement diluées. Au bout du compte : la panne !  

On en est là aujourd’hui ! Les deux derniers discours royaux ont sonné la fin de partie pour ce gouvernement. Le discours du Trône et le discours de la Révolution du Roi et du peuple du 20 août ont avancé un changement de paradigme global de l’action gouvernementale. Un remaniement de fond est en cours, mais plus que le remaniement, c’est la nécessité d’un renouveau profond de l’action, de la méthodologie et de l’approche de l’exécutif qui est soulignée. Le diagnostic porté par les discours royaux est sans détour, pragmatique, réaliste et sans concessions. Le temps est à l’action.

En contrepoint, les partis politiques eux-mêmes hasardent quelques explications à la panne actuelle sans qu’elles soient toutes dénuées de pertinence. Ils affirment que les formations partisanes ne s’épanouissent que quand il y a un souffle démocratique puissant qui porte les réformes comme celui qui a soufflé sur le pays lors du début du règne. Ils appellent au retour à cet esprit fondateur. Ils insistent, également, sur le respect de l’autonomie de leurs décisions et l’indépendance de leurs analyses. Et ils souhaitent, au final, une stabilisation du champ politique qui n’en peut plus de se dilater sans aucune pertinence démocratique, efficacité politique ou efficience électorale perceptible.

Jamais les choses n’ont été aussi claires. Tout est sur la table. Le renouveau que tout le monde appelle de ses vœux n’est pas un défi pour le génie marocain. Une élite nouvelle existe, la vision est nette, la voie est tracée et l’engagement du Souverain est total. La réussite est donc au bout de l’effort.

Edito BAB N° 15 (MAP)