Législatives françaises : Les Marocains de l’étape

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Dans le XIXème arrondissement de Paris, le patron du PS, Christophe Camabdélis, aura fort à faire dans une bataille qui s’annonce ardue. Il fait face à Mounir Mahjoubi, le benjamin du gouvernement. C’est le monsieur numérique d’Emmanuel Macron.  Le petit génie du clavier qui a fait face aux hackers russes

La campagne pour les législatives françaises, entamée lundi, nous promet des surprises. Dans l’époustouflant parcours du nouveau président français, cette prochaine étape constitue le troisième étage de la fusée Macron.  Son mouvement, pour l’instant un rassemblement des modérés, est promis à un grand avenir. Il va, à ne pas en douter, rafler la mise.  Les Français ne vont pas bouder leur plaisir. Ils vont donner au nouveau président la majorité qu’il réclame. Après, viendra rapidement le temps d’un congrès fondateur pour un nouveau parti, étape finale de cette aventure vertigineuse. Vertigineuse parce qu’au lieu qu’un parti politique fasse arriver un homme au pouvoir, c’est, dans le cas d’espèce, un homme qui d’ex-nihilo,  par sa seule volonté et en si peu temps,  conquit le pouvoir suprême avant de fonder son parti.

Depuis, son investiture, Macron ne lésine pas sur les symboles. Il veut incarner le retour de l’Etat central, sa verticalité et sa moralisation. En quelques jours, en quelques gestes, il a redonné  du lustre à la fonction présidentielle abîmé, coup sur coup, par les agitations du mandat de Nicolas Sarkozy et par la « normalité » de celui de François Hollande. Ce motif, à lui seul, justifie la promesse d’une majorité présidentielle que les électeurs ne vont pas lui mégoter. Du coup, sur le chemin du palais Bourbon, ce ne sont pas les surprises qui manqueront. Prenons quelques exemples qui risquent d’exciter la curiosité des Marocains, voire les passionner.

Dans le XIXème arrondissement de Paris, le patron du PS, Christophe Camabdélis, aura fort à faire dans une bataille qui s’annonce ardue. Il fait face à Mounir Mahjoubi, le benjamin du gouvernement. C’est le monsieur numérique d’Emmanuel Macron.  Le petit génie du clavier qui a fait face aux hackers russes. Il est d’origine marocaine. Il n’en fait pas une tarte. La force de Macron, c’est qu’il ne parle pas de diversité. Encore moins de diversité cosmétique type Fadela Amara. La diversité est naturelle chez lui. Elle est de son temps. Il l’a met en œuvre avec intelligence politique. Du haut de la pyramide, il s’est adressé, le soir du 7 mai, à une foule en liesse n’agitant que des drapeaux français et européen. Pas question, comme ce fut le cas, en 2012, pour François Hollande à la Bastille, d’être accueillis par des drapeaux algériens ou marocains. Mounir Mahjoubi avait 2 ans quand Christophe Cambadélis a rejoint le PS, en 1986, après quinze ans de militantisme chez les lambertistes. Mahjoubi avait 6 ans quand Camba a crée, en 1990, le Manifeste contre le Front national. Voilà aujourd’hui le patron du PS confronté à un pur produit de l’immigration qui marche. Il est fort à parier que Mahjoubi a toutes les chances de ramener à Macron le scalp de Camba

A l’inverse et dans la sixième circonscription du Rhône, Najat Vallaud-Belckacem a des soucis à se faire. Elle marche sur les pas de Charles Hernu, ancien ministre de la défense de Mitterrand, autrefois baron de Villeurbanne. Elle risque de trébucher contre un dynamique entrepreneur qui a le soutien du Président. Et ce n’est pas Gérard Collomb, qui lui en veut énormément, qui courra à son secours. Claude Askolovtich vient de publier un magnifique article sur les parcours parallèles entre Najat et Macron.  Même âge et même ville d’Amiens. Ils ont été proches dans le gouvernement Hollande. Ils vont se séparer à Villeurbanne.

Myriam El Khomri a eu l’investiture du PS dans le 18e arrondissement. Le logo du PS sur ses affiches est presque invisible. C’est le soutien de Macron qu’elle affiche en grand. Mais le chemin pour le palais Bourbon est encore long et… escarpé. Symbole d’une loi honnie sur le travail, El Khomri est dans le collimateur de  Mélenchon qui lui promet la potence. Il s’est déplacé en personne dans la circonscription pour délivrer un message claire aux électeurs et aux insoumis : « que plus une seule personne ne se dise de gauche si elle trahit les siens »

Et puis il y a la neuvième circonscription des Français de l’étranger qui comprend le Maroc parmi 16 pays. Là, c’est gratiné et féroce. Les Français de l’étranger y sont appelés, pour la seconde fois, à voter leur député, depuis la réforme entreprise par Sarkozy. Le premier député de la neuvième fut Pouria Amirshahi, frondeur socialiste qui a quitté le PS en 2016 et a décidé de ne pas se représenter. Dans les onze circonscriptions des Français de l’étranger, la neuvième est celle où il y a 27 candidats alors que dans les autres, les prétendants se situent entre 11 et 18. Sur les 27 candidats, ils sont plus de la moitié à avoir, d’une manière ou d’une autre, une attache avec un pays de la région, en particulier le Maroc. Le candidat de l’UDI, Pascal Capdevielle, comme son nom ne l’indique pas, est né à Fès. Erwan Davoux, l’arabisant de l’étape, candidat de LR, est né en Tunisie. Didier Bret, le candidat du PS, est le père d’une famille recomposée de six enfants dont trois d’un père marocain, puisqu’il est le compagnon de Mazarine Pingeot. Même la candidate du Front national, l’artiste Dalila Frontin,  se pique d’exhiber sa moitié marocaine, puisqu’elle l’est par sa mère, originaire de Meknès. Cependant la guerre de tranchée qui emporte le pompon, c’est entre les candidats d’En Marche dont les rivalités sont exacerbées par le conflit entre Rabat et Alger. Je n’en pense pas que du bien. Mais la présence d’amis m’impose la retenue.

 

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