Mixité interdite à Fès : rétropédalage du maire islamiste ?

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Le conseil municipal de la capitale est invité à revoir sa copie et, surtout, à oublier toute velléité discriminatoire

La non mixité dans les salons de coiffure et autres spas ne passera pas à Fès. La décision prise par le conseil municipal de la ville de Fès que préside le PJdiste Driss El Azami ne sera pas appliquée. Elle a été jugée anticonstitutionnelle en raison de son caractère discriminatoire. Rétropédalage du maire islamiste ou rappel à l’ordre de l’autorité de tutelle, toujours est-il que la décision qui avait fait grand bruit sera bel et bien annulée.

On s’en souvient, mercredi 1er février, les édiles de la ville avaient voté un arrêté portant sur l’interdiction de la mixité dans les spa et les salons de coiffure. Devant le tollé provoqué par une telle décision, l’ancien ministre délégué du budget devenu maire a démenti l’information. Seule la réorganisation du secteur et les nouvelles modalités d’octroi d’autorisations d’ouverture de tels établissements ont été examinés par le conseil municipal aux destinées duquel il préside, avait-t-il assuré, main sur le cœur, à la presse.

Pas tout à fait juste. Car derrière ces fameuses modalités se cache de manière insidieuse un nouveau principe imposé par les élus islamistes, la non mixité dans les salons de coiffure et les spas. La constitution est bafouée dans son esprit et sa lettre. La loi organique des collectivités locales l’est tout autant. La discrimination est clairement affichée dans toute son horreur. Pour Said Zniber, le wali de Fès, c’est un casse-tête juridico-politique. Quant à Driss El Azami, le président du conseil municipal, il donne tout simplement l’impression d’être dans le déni, n’assumant pas une décision qui met à nu les ambitions islamistes.

Très vite, la nouvelle tombe. Le conseil municipal de la capitale est invité à revoir sa copie et, surtout, à oublier toute velléité discriminatoire.

Ce qui a failli se produire à Fès confirme deux choses essentielles. D’abord, le projet de société qui est celui des islamistes du PJD. La mixité dans les espaces publics est menacée. Après les salons de coiffure et les spas, les élus du parti de la lampe pourront passer à la vitesse supérieure en interdisant la mixité dans les piscines, les cafés, les plages. L’enfermement de la moitié de la société est une tentation au nom du sacro-saint principe de la mère, éducatrice des générations.

Ensuite, la célérité de la réaction de l’autorité de tutelle, avant qu’il ne soit trop tard, est à applaudir des deux mains. Une telle violation de la constitution est une menace pour le modèle de société qui est celui du Maroc et fondé sur l’ouverture, la tolérance, la démocratie, le vivre-ensemble. C’est ce modèle de société qui a failli être confisqué à Fès.

Que se passera-t-il dans toutes ces grandes villes dirigées par les islamistes du PJD ? Plus que jamais et après ce qui s’est passé à Fès, la question se pose avec force. L’inquiétude ne fait que commencer.

 

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