Pauvre s’abstenir…

5437685854_d630fceaff_b-

2281
Partager :

Davos, un espace huppé où tintent les coupes de champagne et fusent les idées. Globalement le costume sombre griffé et cravate sont de rigueur. Pauvre donc s’abstenir

« Nous sommes en faveur du libre-échange, mais il doit être juste, et il doit être réciproque ». Qui a dit cette citation pleine de bon sens et d’équité ? Un leader chinois nostalgique de la générosité présumée d’un maoïsme utopique ? Le chef d’Etat d’un pays du tiers monde situé dans un quart espace de la terre et qui croit encore que tous les riches de la planète bleue sont des Bill Gates qui a développé en 2008 un discours sur le « creative capitalism […] censé exploiter les forces du marché pour répondre aux besoins des plus démunis ? Ni l’un ni l’autre mais bel et bien le président américain Donald Trump chantre de l’Amérique d’abord…mais pas « seul », a-t-il nuancé devant le Forum Economique mondial de Davos, un parterre qui n’attendait que l’occasion de huer l’insaisissable hôte de la Maison Blanche. Le libre-échange n’est par définition ni juste ni réciproque, mais un système où le gagnant est toujours le plus fort. Consultez toutes les balances commerciales du monde et vous verrez. Mais ça Donald Trump le sait et c’est par un recours vicieux à la litote qui dit ce qu’un adage marocain, le « partage de Bendghal », exprime avec exactitude. Bendghal est un personnage puissant qui donne à ses partenaires un pain chacun et exige de chacun de lui en offrir la moitié.

Davos, est-il besoin de vous le dire, est une ville des Alpes suisses où se rencontre depuis presque cinquante ans, chaque année en janvier, le gotha économique, politique, intellectuel et médiatique du monde. Un espace huppé où tintent les coupes de champagne et fusent les idées. Globalement le costume sombre griffé et cravate sont de rigueur. Pauvre donc s’abstenir. C’est généralement un endroit où le mâle dominant fait la loi même si cette année sept femmes, #mee too oblige, ont occupé les devants de la scène sans pour autant faire de l’ombre aux quatre vedettes de l’édition 2018 : l’américain Trump, le français Macron, l’indien Modi et le canadien Trudeau. La britannique Theresa May, empêtrée dans le brexit, et l’allemande Angela Merkel, handicapée par sa quête d’une nouvelle coalition gouvernementale, étaient bien là mais n’ont pas reçu toute la lumière qu’elle méritait. L’enjeu était de taille : protectionnisme ou libre-échange, unilatéralisme ou multilatéralisme. Un débat riche pour gens riches. En développement, faire le dos rond. C’est inscrit dans les gènes mêmes du Forum de Davos. Il est financé par ses membres, mille entreprises multinationales dont le chiffre d’affaires flirte avec les quatre milliards d’euros. On ne s’y rend que sur invitation. Resquilleur, voir ailleurs.