Pour un nouveau récit national*

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Le pire des schémas que peut imaginer le Maroc est que l’Algérie s’effondre. Personne n’a un intérêt quelconque dans l’écroulement de ce voisin central.

Les conséquences seront multiformes et impacteront, au-delà de l’Algérie, le Maghreb, la Méditerranée, au nord et au sud, le Sahel et, par cercles concentriques, l’ensemble de l’Europe et le Moyen-Orient. Tous les acteurs régionaux sont prêts à faire des gestes pour que cet évènement n’advienne pas. La main tendue de SM le Roi à l’Algérie, contenue dans son discours à l’occasion du 43ème anniversaire de la Marche verte, est à comprendre dans ce sens.  

Maintenant, est-ce que le pouvoir algérien actuel, qui pousse un Bouteflika malade à un 5ème mandat présidentiel est conscient de ces enjeux vitaux pour le pays ? Tout le monde en doute. Le clan qui s’agite autour d’un président malade n’a aucune vision stratégique, aucune projection dans l’avenir et aucun souci de l’intérêt, légitime et réel, du peuple algérien.

Les rivalités de pouvoir, la violence des rapports de force entre groupes concurrents et la puissance des intérêts claniques ont frappé de cécité l’ensemble de ces “décideurs”. Pourtant, les observateurs sérieux à travers le monde s’accordent sur l’impasse profonde dans laquelle se trouve ce régime et le danger de l’absence de perspectives concernant l’avenir de ce pays. Ni alternance politique possible, ni émergence d’une nouvelle élite politique ou militaire, ni société civile impliquée et agissante et, pour couronner le tout, un blocage générationnel qui confine à la congélation sociale.

L’option du 5ème mandat de Bouteflika, qui a été retenue par le pouvoir en Algérie, est l’expression absolue de cet échec. Elle est paradoxalement la pire des solutions car elle porte en elle les détonateurs d’une explosion générale et la meilleure, pour le moment, car elle garantit un statu quo circonstanciel porteur lui aussi de tous les dangers.

Le pays a besoin d’une rupture avec un modèle politique et économique exténué qui a abouti à un échec patent. Cette rupture a besoin d’une nouvelle élite politique qui pour l’instant n’existe pas ou, quand elle existe, elle est expatriée, marginalisée ou combattue.

L’Algérie a besoin de rentrer sérieusement dans le siècle et de rompre avec les sornettes mortifères du passé. Elle a, surtout, besoin d’un nouveau récit national -une déconstruction du narratif officiel de l’histoire de l’Algérie- qui l’installe, sereinement et pacifiquement, dans la modernité, dans le progrès social, dans la paix avec son environnement et dans une authentique coexistence pacifique avec les autres.  

*Edito, Bab n° 8, mensuel de MAP