Une police… réellement nationale

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Abdellatif Hammouchi, sans excès de communication, a réussi à accélérer la réforme et à changer l’image du sécuritaire. Il faut lui rendre, à lui et à ses collaborateurs, cette justice

Les forces sécuritaires ont veillé au bon déroulement des fêtes de fin d’année. Elles l’ont fait avec beaucoup de professionnalisme, à tel point que leur omniprésence était acceptée par les fêtards, saluée même par ceux qui ont préféré rester à la maison et qu’au final, il n’y a eu aucun débordement inquiétant.

La relation entre le citoyen et le « flic » a été conflictuelle pendant des décennies. C’était le résultat naturel d’un État de non droit où le policier représentait et personnifiait l’incurie de l’autoritarisme. Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Les choix démocratiques du Roi Mohammed VI et de la Nation ont nécessité une révolution au sein des forces sécuritaires. Elles sont désormais au service du citoyen et oeuvrent pour sa protection.

Le terrorisme a accéléré l’acceptation de cette notion et son inscription dans les moeurs. C’est un pas fondamental dans la construction démocratique : les citoyens s’inscrivent dans le respect, l’appropriation de la police nationale. Ce n’était pas joué d’avance. Mais nous y sommes arrivés. Il faut rendre hommage à ces femmes et ces hommes qui ont réussi à réformer un corps, une institution tentaculaire, et à la faire passer de l’unique rôle de l’expression de la violence de la force publique, étatique, à celui d’une vraie force de protection des citoyens, des droits de ceux-ci, de la marche normale de la vie quotidienne. C’est une réforme qui a eu lieu, sans manifestations, sans symposiums, sans projet de loi, et elle a réussi.

Dès que le Maroc a choisi la transition vers la démocratie, la réforme des forces sécuritaires était une nécessité. Il fallait changer leurs méthodes, bannir la violence, leur fixer de nouvelles missions. Ce qui a été décisif, c’est la réaction vis-à-vis du terrorisme. Le refus d’utiliser ce phénomène pour revenir sur les acquis démocratiques est ce qui distingue le Maroc. Dès lors, il n’y avait qu’une seule possibilité, moderniser la sécurité, en faire un atout. C’est ce qui a été fait. On ne peut que s’enorgueillir des résultats des sécuritaires : 40 cellules démantelées en moins de deux ans, une sécurisation parfaite d’événements internationaux (la COP 22 entre autres), de rassemblements festifs monstres (Mawazine, entre autres) et rendre hommage aux femmes et aux hommes qui assurent cette sécurité. La police, la DST, tous les services, ont obtenu plus de moyens matériels pour assurer leur mission. Cela était nécessaire, mais pas suffisant. Encore fallait-il une vision globale de la fonction sécuritaire, l’organisation idoine et le courage de secouer le mammouth.

Abdellatif Hammouchi, sans excès de communication, a réussi à accélérer la réforme et à changer l’image du sécuritaire. Il faut lui rendre, à lui et à ses collaborateurs, cette justice. La police nationale, à part quelques couacs, est appréciée par les Marocains. Ceux-ci ne rechignent plus face aux contrôles, s’étonnent même parfois de l’absence de policiers. Les relations sont donc apaisées et surtout la sécurité prédomine, ce qui n’est pas le cas partout dans le monde. Le Maroc a réussi la mutation de sa police vers la citoyenneté dans des conditions sécuritaires très compliquées. Partout ailleurs, la lutte contre le terrorisme a affaibli les droits, pas au Maroc. Nous le devons à des femmes et des hommes fiers de servir le pays et la démocratie. Rendons-leur hommage !