Le Studio 54, discothèque historique de New York, s'expose à Brooklyn

5437685854_d630fceaff_b-

734
Partager :

A l'heure du contact minimum et des saluts avec le coude, le Brooklyn Museum propose un voyage dans la moiteur du Studio 54, boîte mythique new-yorkaise des années disco, où célébrités et quidams se frottaient joyeusement les uns contre les autres.

L'aventure aura duré moins de trois ans, d'avril 1977 à février 1980, avant que la discothèque ne ferme ses portes, mais elle aura marqué plusieurs générations et demeure une référence aujourd'hui.

"C'était une période de crise économique et Studio 54 a aidé New York à réinventer son image", explique Matthew Yokobosky, le conservateur de l'exposition "Studio 54: Night Magic", qui s'ouvre vendredi.

C:\Users\Naïm Kamal\AppData\Local\Temp\Temp1_httpdoc.afp.com1PT5G1-MultimediaVersion.zip\urn_newsml_afp.com_20200312_633e92c7-ab04-4e35-981a-cc995bb41db3_mmdHighDef.jpg

Glamour et select, la boîte de nuit qui pouvait accueillir jusqu'à 2.000 personnes portait en elle un parfum de fin du monde, où drogues et même sexe faisaient partie du décor. 

"Studio 54 était, sans conteste, l'endroit le plus grandiose et le plus divertissant au monde", affirme Richard Williamson, photographe et designer qui a conçu une bonne partie de l'architecture intérieure du lieu, situé dans le quartier des théâtres de Broadway.

Parmi les éléments marquants du décor, une lune géante à visage humain, suspendue au plafond, à côté d'une cuillère, immense elle aussi et pleine de ce qui semblait être de la cocaïne.

L'illustration d'une ambiance résolument décadente, qui fut le théâtre de toutes les extravagances, emmenées par une brochette de VIP enviée de toute la ville. 

De Frank Sinatra à Yves Saint Laurent, en passant par Michael Jackson, il fallait être au Studio 54, et les anonymes n'hésitaient pas à attendre des heures pour espérer convaincre le physionomiste, qui n'était autre que le co-propriétaire lui-même, Steve Rubell.

La mannequin Bianca Jagger y a un jour déboulé sur un cheval blanc et Karl Lagerfeld a organisé dans l'enceinte une fête XVIIIème avec serveurs poudrés et en livrée.

En mai 1978, Steve Rubell, qui avait ouvert la boîte avec Ian Schrager, a même transformé, en l'honneur de la chanteuse country Dolly Parton, la piste de danse en une ferme, avec ballots de paille et animaux en chair et en os.

Studio 54 "a créé une nouvelle référence des sorties nocturnes", estime Matthew Yokobosky, conservateur d'une exposition riche en photographies qui captent une atmosphère légendaire.

Le Brooklyn Museum propose aussi des éléments de décor de la discothèque ainsi que de nombreuses tenues évocatrices de la période, et dont le style revient à la mode.

"On ne reverra jamais ça" 

Arrivée en pleine apogée du disco, la discothèque a incarné ses valeurs, celle de la célébration des minorités noire et hispanique, mais aussi gay. 

"Aujourd'hui encore", dit le concepteur de l'exposition, "cette boîte de nuit demeure un modèle de révolution sociale, de fluidité de l'identité de genre et de liberté sexuelle."

"Imaginez une piste de danse remplie de gens jeunes et beaux - ils étaient vraiment sexy - qui ne portaient quasiment rien", dépeint Sandy Lintner, maquilleuse qui mis ses talents au service de plusieurs stars habituées des lieux, notamment la chanteuse Diana Ross ou le mannequin Jerry Hall.

Le tout remué par une musique disco torride, marquée par des tubes comme "Love to Love You Baby" ou "I Feel Love" de Donna Summer.

"Ca envoyait", se souvient Sandy Lintner. "On ne reverra sans doute jamais ça. C'était l'époque d'avant le sida."

Un temps critiqué, notamment par certains amateurs de rock qui le méprisaient, le disco est désormais reconnu comme une influence musicale majeure, dont les ramifications s'étendent dans la dance music et les musiques électroniques.

Ecrin de ce style, Studio 54, fermé soudainement après l'inculpation des deux propriétaires pour fraude fiscale, a, lui, été un élément majeur de la réinvention des lieux de nuit.

"Cette sensation de joie et de libération que vous ressentiez lorsque vous étiez dans la boîte ou sur la piste, c'était un truc exceptionnel", insiste Richard Williamson, "presque indescriptible."