L’Académie du Royaume abrite une conférence sur l’Amérique latine

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L’Académie du Royaume du Maroc a abrité, ce mercredi 14 mars, une conférence donnée par Carlos Antonio Carrasco, sur le thème « L’Amérique latine entre l’intégration régionale et la nouvelle politique des Etats-Unis d’Amérique »

Dans le cadre du cycle préparatoire de sa 45ème session, prévue du 24 au 26 avril prochain sur le thème : « L’Amérique latine comme horizon de pensée », l’Académie du Royaume du Maroc a abrité, ce mercredi 14 mars, une conférence donnée par Carlos Antonio Carrasco, sur le thème « L’Amérique latine entre l’intégration régionale et la nouvelle politique des Etats-Unis d’Amérique ».

Ancien diplomate Bolivien et académicien de renom,  Carlos Antonio Carrasco a entamé son intervention en mettant l’accent sur l’histoire de l’Amérique latine qui a connu « quatre siècles de domination coloniale aboutissant à une libération qui se consolide encore ». 

Pour le conférencier, cette libération suivie de l’instauration d’états républicains, n’est qu’un pas vers une véritable émancipation : « ces pays libérés tombent rapidement dans des dictatures militaires, soumises au diktat de pouvoirs européens d’abord et plus tard à celui des Etats-Unis d’Amérique par l’entremise de ses compagnies multinationales, moteur de  l’impérialisme américain ».

Les Etats-Unis d’Amérique ont fini par établir une « tutelle dans le domaine politique et surtout économique, créant un contexte dans lequel les entreprises capitalistes américaines s’emparent des ressources naturelles de la région, aussi bien dans le domaine minier que dans l’agriculture ». 

Bien des années plus tard, a ajouté Carlos Antonio Carrasco, un « évènement singulier » esquisse un espoir de meilleures relations entre les Etats-Unis d’Amérique et l’Amérique latine, à savoir l’arrivée de John F. Kennedy à la Maison-Blanche.

D’abord, a-t-il dit, Kennedy entame une politique de séduction vis-à-vis de l’Amérique latine, moyennant une proposition de coopération « spectaculaire » dénommée “Alliance pour le Progrès” qui avait coûté 10 milliards de dollars à Washington.  

Plusieurs forums ont vu le jour où les Etats-Unis d’Amérique et 35 états latino-américains se rencontrent pour débattre essentiellement de questions politiques d’actualité telle que l’Organisation des états Américains (OEA). Cuba, longtemps exclu de cette organisation, l’a intégrée en 2015. Le premier forum a eu lieu à Miami, où la prétendue Zone de libre-échange des Amériques (ALCA) promue par les américains n’a pas fait l’unanimité. Le prochain sommet aura lieu à Lima (Pérou) les 13 et 14 avril 2018.

La quête de l’intégration régionale de l’Amérique latine est une préoccupation permanente des gouvernements et une très chère aspiration des peuples. Mais les contraintes pour parvenir à cet objectif sont de nature géographique, politique et économique.

Par exemple, les pays d’Amérique centrale ont mis en place leurs propres institutions. Ceux d’Amérique du Sud ont également les leurs. Les îles des Caraïbes suivent la même trajectoire. Le Mexique considère, lui, faire partie de l’Amérique du Nord, a souligné le conférencier. 

D’un point de vue économique, le Mexique fait partie du Nord America Free Trade Area (NAFTA) en partenariat avec les Etats-Unis d’Amérique et le Canada.

Pour lui, il y a un dénominateur commun : le désir des latino-américains de s’émanciper de la tutelle de Washington, à l’instar de la Communauté d’États latino-américains et caraïbes (CELAC) qui a réussi à incorporer, comme membres, tous les pays de la région, à l’exception des Etats-Unis d’Amérique et du Canada. Mais cette plateforme est davantage “symbolique” que réellement effective. 

Il poursuit en déclarant que l’arrivée de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis d’Amérique n’a pas facilité les relations avec le reste du Continent. Au contraire, son initiative de bâtir un mur à la frontière avec le Mexique a exacerbé la méfiance.

Une autre contrainte pour atteindre cet objectif est le manque de relations entre les grands pays tel le Brésil, l’Argentine ou le Mexique. Dans ces pays, comme dans les autres, le fossé entre riches et pauvres est très grand. L’inclusion sociale est un problème non résolu.

Ces organisations d’intégration ne contribuent pas pleinement à leur objectif initial. Toutes leurs régulations produisent jusqu’à aujourd’hui davantage de bureaucratie que de véritables mesures de coopération.

Pour résumer, l’intégration régionale a encore un long chemin à parcourir. Pour Washington, ce n’est plus un objectif prioritaire dans sa politique extérieure, conclut Carlos Antonio Carrasco.