BM-MENA: Ryhtme insuffisant de la croissance

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La croissance économique de la région MENA devrait s’améliorer modestement pour atteindre une moyenne de 2,8 % à la fin 2020, prévoit le rapport de la Banque Mondiale

La croissance économique de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) devrait rebondir à 2 % en moyenne en 2018, après avoir atteint 1,4 % en moyenne en 2017, mais ce rythme reste insuffisant pour créer les emplois pour une main d'oeuvre jeune nombreuse, estime la Banque Mondiale dans un rapport présenté ce mercredi 3 octobre à Washington, appelant les pays de la région à prendre le virage de l'économie numérique pour accélérer leur croissance.

Dans son dernier rapport semestriel de suivi de la situation économique de la région MENA, intitulé "Une nouvelle économie pour le MENA", la BM indique que le léger rebond de la croissance régionale en 2018 reflète l’impact positif des réformes et des politiques de stabilisation entreprises dans de nombreux pays, ainsi que le récent accroissement des prix du pétrole et de la demande extérieure.

S'agissant des perspectives, la croissance économique de la région MENA devrait s’améliorer modestement pour atteindre une moyenne de 2,8 % à la fin 2020, prévoit le rapport, notant que les pays exportateurs de pétrole bénéficieront considérablement de l’accroissement des prix des hydrocarbures et de la demande extérieure de pétrole qui restera probablement élevée, ainsi que des réformes intérieures, tandis que les importateurs de pétrole devraient bénéficier des réformes, de l’augmentation des échanges commerciaux avec l’Europe et la Chine et des apports financiers des exportateurs de pétrole de la région.

Le rapport estime, toutefois, que pour accélérer la croissance et créer des emplois pour des millions de jeunes chômeurs, les pays de la région MENA "ne peuvent espérer suivre la voie traditionnelle du développement qui repose sur les exportations de produits manufacturés, mais devront plutôt développer une économie numérique qui tire parti de sa main-d’œuvre jeune et instruite".

Cela nécessitera, avant tout, l’adoption de nouvelles technologies et la fourniture de "biens publics numériques", comme un accès rapide et fiable à l’Internet haut débit et des solutions de paiement numérique, ajoute la même source.

"Le chômage est un fléau pour beaucoup de jeunes hommes et femmes de la région, souligne Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la Région MENA. Et le problème des jeunes va continuer de s’aggraver à moins d’en faire un atout. Il faut exploiter la dynamique de croissance actuelle pour accélérer le rythme des réformes et accroître leur ambition. Et s’attacher en priorité à bâtir une économie moderne qui mette à profit les nouvelles technologies et repose sur l’énergie et la capacité d’innovation des jeunes générations".

Pour Rabah Arezki, économiste en chef de la Banque mondiale pour la Région MENA et auteur principal du rapport, il est indispensable "d’apporter aux jeunes les connaissances requises pour cette nouvelle économie, de garantir leur accès à des outils aussi essentiels que les paiements numériques et de lever les obstacles à l’innovation", notant que pour cela, "les gouvernements devront agir sur de nombreux fronts et mobiliser plusieurs leviers d’action publique en même temps, mais les résultats qu’ils obtiendront sur le plan de la croissance et de l’emploi viendront largement récompenser leurs efforts"

Les pays de la région MENA ont toutes les caractéristiques nécessaires pour brûler les étapes du développement numérique. La jeunesse instruite a déjà adopté les nouvelles technologies numériques et mobiles, mais celles-ci sont encore balbutiantes et les jeunes de la région se heurtent à des obstacles pour les utiliser à des fins productives, estiment les économistes de la BM, soulignant que le défi actuel est de créer les conditions nécessaires au développement et à la multiplication de ce potentiel.

Le rapport met cependant en avant des initiatives plus que prometteuses, notamment le succès de l’application de VTC Careem, start-up qui vaut aujourd’hui un milliard de dollars et à qui l’on doit la création de milliers d’emplois dans la région MENA et au-delà. De nouvelles plateformes numériques mettent déjà en relation demandeurs d’emploi et employeurs, proposent des formations professionnelles et hébergent des pépinières d’entreprises.

Pour réussir le virage numérique, la BM appelle à lancer des réformes plus vastes et audacieuses, et consentir des investissements indispensables dans l’infrastructure numérique. L’enjeu sera d’axer davantage l’éducation sur la science et la technologie, de créer des systèmes de télécommunications et de paiements modernes, et de favoriser le développement d’une économie tirée par le secteur privé en mettant en place des réglementations qui, au lieu de brider l’innovation, l’encouragent au contraire.

Le rapport préconise de se fixer des objectifs précis, dont notamment celui de rattraper les économies avancées dans le domaine des technologies de l’information et de la communication à l’horizon 2022. De tels objectifs pourraient en effet permettre de rallier les pouvoirs publics, les citoyens et le secteur privé autour d’un programme ambitieux et les inciter à prendre part à un effort collectif indispensable. Cet élan pourrait transformer les économies de la région MENA et permettre à ses millions de jeunes de trouver un emploi de qualité et de contribuer à la croissance grâce à leurs compétences et leur créativité.

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