Hydrocarbures : Quand les distributeurs nous pompent les poches

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Le maintien des prix des hydrocarbures  à la pompe alors que le baril baisse résulte, selon Wali Bank Al Maghrib, d’un arrangement entre le gouvernement et les patrons des sociétés distributrices des hydrocarbures au Maroc

De quinzaine en quinzaine, les prix des hydrocarbures à la pompe partent en flèche, avec tout ce que cela comporte en conséquence sur le pouvoir d’achat des Marocains et sur le coût de leur vie. Le prix des hydrocarbures influe directement sur tout. Le transport des individus, le transport des marchandises, la production industrielle agricole et autres, bref quand le prix du gazoil (et de l’essence aussi) monte, le coût de la vie grimpe. C’est élémentaire !

Le problème, comme l’ont relevé plusieurs experts, c’est que lorsque le prix du baril enregistre une hausse de 5 dollars, cela se répercute par une augmentation des prix à la pompe au Maroc de 0.47 dh. Mais quand les prix du baril accusent une baisse de 5 dollars, la baisse des prix à la pompe n’est que de 0.06 dh.

Comment les distributeurs réussissent une telle prouesse (pour leurs caisses d’ailleurs) ?

Or, la libéralisation du marché des hydrocarbures aurait dû engendrer une situation inverse et provoquer une concurrence qui mènerait inexorablement vers une baisse du prix à la pompe. Ce qui n’est pas le cas, comme si les distributeurs s’étaient arrangés entre eux pour brasser des profits conséquents.

Cette absence anormale de concurrence s’illustre par le fait que toutes les enseignes de distribution affichent les mêmes prix à la pompe, à un ou deux centimes près.

De quoi se demander quel rôle joue le Conseil de la concurrence de Abdelali Amour qui semble, lui aussi, inscrit aux abonnés absents. Une absence justifiée par son président sur le site officielle PJD.ma, au retard du renouvellement du Conseil dont le mandat de ses membres a expiré depuis trois années. Il ne reste donc qu’à attendre que l’on renouvelle le Conseil pour se pencher sur la question. Ça risque de ressembler à l’attente de Godot.  

D’ici là les pompistes peuvent continuer à se sucrer sur le dos des consommateurs. Pourquoi pas, puisque même le gouvernement donne l’impression –pas tout à fait fausse- qu’il s’en lave les mains.

Sur le même pjd.ma, Mohamed Elouafa, ministre délégué chargé des affaires générales et de la gouvernance, vient de faire la démonstration de cette indifférence gouvernementale en déclarant que « le gouvernement n’est aucunement responsable de la situation, vu qu’il (le gouvernement) a libéralisé les prix, l’importation et le stockage des hydrocarbures, et de fait, les hydrocarbures sont en dehors des produits contrôlés par le gouvernement ».

Voilà un positionnement pour le moins incongru qui risque d’encourager les distributeurs à poursuivre les hausses à chaque augmentation du prix du baril et à refreiner la baisse quand le coût du pétrole chute. Et dans l’impunité, cela s’entend.

Une chose est sûre. La baisse des prix du pétrole ne profite aucunement aux usagers. Ces derniers continuent de payer le litre à la pompe à un prix anormalement élevé.

Une telle accusation est à prendre vraiment au sérieux tant elle émane du gouverneur de Bank Al Maghrib. Rien que ça !

Abdellatif Jouahri, avait clairement accusé, lors d’une conférence de presse il y a quelque semaines, les distributeurs de produits pétroliers, en l’occurrence les stations-services, de maintenir les prix à un niveau anormalement élevé, malgré la chute des prix du pétrole.

Le gouverneur de la banque centrale avait déploré le fait que les prix à la pompe soient constamment à la hausse et jamais à la baisse. Une stratégie par laquelle les compagnies engagées dans la distribution de ces produits dans le royaume améliorent leurs marges de bénéfices.

Une situation qui résulte, selon Jouahri, d’un arrangement entre le gouvernement et les patrons des sociétés distributrices des hydrocarbures au Maroc.

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