Rétrospective 2012-2016 : Gouvernement Benkirane, un quinquennat entre vice et vertu

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Malgré les reproches et les tumultes, le gouvernement de Benkirane est enfin arrivé à boucler son quinquennat. Quoique controversé, ce gouvernement fait de lui-même un bilan positif de son parcours depuis sa création jusqu’à maintenant. Entre hauts et bas.   

C’est au lendemain de l’adoption de la constitution de 2011 que le gouvernement d’Abdelilah Benkirane (2012-2016) a été investi. Depuis, il a eu à mener des réformes audacieuses mais qui n’ont pas toujours fait l’unanimité et dont les résultats sont tout aussi controversés.

Dans son programme livré en 2012, le gouvernement Benkirane promettait la lutte contre la corruption, le renforcement de l’économie nationale, la création d’emplois décents, l'instauration d'une politique économique garantissant une répartition équitable des richesses et l’adoption d’un nouveau pacte social axé sur la solidarité entre les différentes couches sociales, entre les générations et les régions et assurant aux citoyens l’accès aux prestations sociales.

Ce gouvernement escomptait aussi un taux de croissance de 5,5%, le maintien du taux d’inflation autour de 2%, la réduction du taux de chômage à 8% et la maîtrise du déficit budgétaire à 3% du PIB. Durant la période 2012-2015, la croissance du PIB a été de 3,7% en moyenne et pour 2016 il est prévu un taux de 1,5 à 1,6% selon le projet de loi de finances 2017 et 1,2% selon la dernière estimation de Bank Al Maghrib. Ce résultat est nuancé, dans un document du bilan du gouvernement, par des difficultés internes (trois années de sécheresse dont 2016, les déséquilibres macro-économiques cumulés) et externes (environnement régional instable, poursuite de la crise économique et financière chez les partenaires principaux du Maroc et augmentation des prix des matières premières en 2012 et 2013).

Concernant le chômage, on relève une quasi-stagnation avec un taux moyen de 9,45% en 2012-2015, et respectivement de 8,5% et de 9,6% aux 2ème et 3ème trimestres 2016, selon le Haut Commissariat au Plan. Mais cela n’a pas empêché le gouvernement sortant d’agir pour le rétablissement des équilibres macroéconomiques, devenu une constante de l’action gouvernementale.

De ce fait, il a réussi à inscrire le déficit budgétaire sur une tendance baissière depuis 2012 en le faisant passer de 7,2% à 4,3% du PIB au titre de l’année 2015. Et les prévisions de clôture de l’année 2016 annoncent un déficit de l’ordre de 3,5% du PIB, soit un demi-point de pourcentage supérieur à l’objectif escompté de 3%, mais qui témoigne tout de même d’une réduction significative.

Il en est de même pour le taux d'inflation. Le gouvernement sortant a réussi à le ramener à 1,6% en 2016, selon les derniers chiffres de Bank Al-Maghrib, contre l'objectif initial de 2%. La même tendance se dégage pour le déficit du compte courant de la balance des paiements qui est passé de 9,5% à 2,2% du PIB entre 2012 et 2015, ainsi que pour l'amélioration des réserves de change qui ont été portées de 145 milliards de dirhams en 2012 à 243,2 MMDH à fin juillet 2016, couvrant ainsi 7 mois d’importations, contre 4,3 mois auparavant.

Parmi les réalisations les plus importantes de ce gouvernement figurent la création du Fonds de cohésion sociale, dont le montant est passé de 2,5 milliards de DH en 2012 à 4 milliards de DH en 2014 et l’activation du régime d’assistance médicale, RAMED, qui profite à 3,4 millions de familles, soit 9,2 millions de personnes, ce qui a permis la prise en charge de 800.000 patients atteints d’affections chroniques coûteuses.

Le gouvernement sortant a aussi agi sur l’amélioration des prestations de santé à travers l’acquisition de quatre hélicoptères médicalisés destinés au monde rural et la distribution de 330 ambulances équipées ainsi que par la baisse des prix de 2.740 médicaments à des taux allant de 5 à 80%, le soutien de la scolarisation de plus de 800.000 enfants issus de familles pauvres (programme Tayssir), ainsi que l’interdiction aux enseignants du public d’exercer parallèlement dans le privé.

Il a aussi pu mettre en place un appui direct aux femmes veuves en situation précaire, le lancement d’un fonds d’indemnisation pour la perte d’emploi, l’augmentation des montants des bourses universitaires et le lancement de la couverture médicale au profit des étudiants universitaires, des ascendants et des indépendants.

Sur le plan législatif, le gouvernement met en avant l’adoption par le Parlement de la majorité des lois organiques prévues par la Constitution, et la transmission au Parlement des projets de lois relatifs aux institutions de gouvernance prévues par le texte suprême, dont 5 ont été adoptés, ainsi que 389 autres projets de loi, dont 359 ont été adoptés.

De plus, il a procédé au lancement de la mise en œuvre de plusieurs réformes structurantes dont celle de la régionalisation avancée, en donnant la priorité au système judiciaire, au système de compensation et au régime des retraites. Le régime fiscal a pour sa part été réalisé seulement à moitié. Les réformes proposées durant les assises de la fiscalité, tenues en avril 2013, n’ont été qu’à moitié mises en oeuvre. Ainsi, tout l’aspect compétitivité, bénéfique pour les entreprises, a été mis en oeuvre. Toute la partie équité, est par contre passée à la trappe, alors que quelques aspects de la relation avec le citoyen ont aussi été mis en oeuvre.

En presque cinq ans, bien que la majorité des chantiers structurants étaient gérés par des ministres du RNI, le gouvernement Benkirane enregistre un certain nombre de succès. Ce gouvernement n’aura pas réussi à donner au Maroc la croissance préconisée au départ, il n’aura pas réussi à diminuer le taux de chômage, mais il aura entamé les réformes structurelles qui lui ont permis de baisser le déficit budgétaire de l’Etat, et aura réussi à adopter la majorité des lois organiques prévues par le Constitution.

 

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