Beji Caïd Essebsi, l’octogénaire qui peut sauver la Tunisie

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[caption id="attachment_29149" align="aligncenter" width="851"]couv-bjji-kaid-sebsi Na?m Kamal interviewant Beji Ca?d Essebsi au d?but des ann?es 90s[/caption]

Ce bourgeois tunisois ?g? de quatre vingt sept ans est d?abord un militant de la premi?re heure pour l?ind?pendance de la Tunisie et un politicien de souche, rac?, urbain et subtil

La sc?ne fait r?ver. Avant m?me la proclamation des r?sultats des l?gislatives tunisiennes et d?s que les Etats Majors des partis ont eu, ? travers leurs scrutateurs, une id?e pr?cise des scores et des si?ges obtenus, l?islamiste Rached Ghannouchi, chef de file d?Annahda, s?est empress? pour t?l?phoner ? Beji Ca?d Essebsi, leader la?c de l?opposition et patron de Nidaa Tounes, pour le f?liciter de sa victoire. On se croirait dans un pays scandinave et d?ores et d?j? on peut parler de l?exemple tunisien. Apr?s trois ans de troubles, d?atermoiements, de tentations dictatoriales, d?assassinats politiques, d?actions islamistes terroristes, la Tunisie ? r?ussi ? tenir des l?gislatives cleans que personne ne conteste. C?est sans doute ? son corps d?fendant que Ghannouchi a salu? la victoire de celui qu?il a tout fait pour l??carter de la sc?ne politique sous pr?texte que c?est un ancien destourien. Ce qui n?en rend la victoire que plus belle pour Ca?d Essebsi et ses amis.

S?il est vrai que Ca?d Essebsi a occup? pendant dix neuf mois sous Benali la pr?sidence de la chambre des d?put?s, il est loin d??tre un benaliste sous lequel il va connaitre sa plus longue travers?e du d?sert, vingt ans. Ce bourgeois tunisois ?g? de quatre vingt sept ans est d?abord un militant de la premi?re heure pour l?ind?pendance de la Tunisie. Avec des d?buts plut?t h?sitants, il va subitement ?clore pour ne plus occuper que des postes importants pendant les ann?es glorieuses du Bourguibisme?: L?int?rieur, la d?fense et les affaires ?trang?res. C?est un politicien de souche, rac?, urbain et subtil. Son appartenance au bourguibisme n?est pas inconditionnelle, et souvent on le retrouvera dans le camp de ceux qui poussent ? la d?mocratisation du r?gime. C?est donc tout naturellement qu?il soutient le mouvement du 7 novembre 1987 qui destitua un Bourguiba min? par la corruption de son entourage et sa propre s?nilit?. A l??poque on fondait beaucoup d?espoir sur Benali.

Bon pied, bon ?il, l?octog?naire leader s?est impos? naturellement pour conduire la transition de l?apr?s Benali et superviser les ?lections de la constituante. Non seulement il symbolisait la continuit? de l?Etat tunisien, expos? ? tous les p?rils, mais il rassurait dans une p?riode trouble par sa maturit? et sa connaissance de la gestion des affaires publiques. Mais une fois arriv?s, ni Ghannouchi et son Ennahda, ni Mrzouki et son Congr?s pour la r?publique ne lui en seront reconnaissants. Ils le d?barquent sans savoir qu?ils lui faisaient le plus beau cadeau de sa vie. Autour de lui il rassemble les modernistes, les la?cs, quelques gauchistes et tous ceux que les islamistes inqui?tent. Il peut en cons?quence regarder aujourd?hui le palais pr?sidentiel de Carthage sereinement. Avec les l?gislatives, la Tunisie vient de r?ussir un test grandeur nature. A condition que ses d?mons salafistes regagnent leur enfer. A condition aussi que ses voisins, l?Alg?rie et la Lybie, la laissent poursuivre sa propre voie en paix. A condition encore que le Nidaa Tounes qui a pour talon d?Achille sa composition h?t?roclite, ne c?de pas aux luttes intestines pour les postes et le pouvoir. A condition enfin que la conversion des islamistes d?Annahda ? la d?mocratie soit sinc?re.

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