Pourquoi les Turcs ont peur de Daech

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Si la Turquie se montre prudente c?est tout simplement par peur qu'on la pousse ? s'embourber dans le mar?cage arabe

Daech a pris le contr?le d'une grande partie de la ville syrienne Kobani, aux fronti?res avec la Turquie. Cette derni?re s'est montr?e plus que prudente, malgr? la pression de ses Kurdes. Une position qui peut para?tre paradoxale.

Pourquoi la Turquie n'a pas r?agi ? la mont?e de Daech??

Ce n'est certainement pas parce que l'islamiste T.R. Erdogan soutient ces sanguinaires. Leurs exactions doivent l'horripiler au plus haut point parce qu'elles d?voilent une face des islamistes que l'on tente de dissimuler. De m?me leur califat doit l'effaroucher, lui qui r?ve de ressusciter le calife ottoman en 2023.

Si la Turquie se montre prudente c?est tout simplement par peur qu'on la pousse ? s'embourber dans le mar?cage arabe.

La Turquie a peur de ne pas pouvoir g?rer, et supporter, cette guerre, dont les premi?res ?tincelles ont atteint son territoire. Sa doctrine diplomatique, bas?e sur le principe de ??z?ro probl?me?? avec le voisinage, m?me si elle est tomb?e en d?su?tude apr?s l'implication des islamistes au pouvoir dans des tensions et des alliances r?gionales, continue ? influencer ses r?actions vis ? vis de l'?volution dans sa r?gion.

La Turquie sait bien que son entr?e en guerre contre Daech comporte le risque de l?impliquer dans une guerre r?gionale ? caract?re confessionnelle, pouvant changer la carte de la r?gion, ainsi expos?e ? la somalisation, si la campagne militaire en cours n'arrive pas ? d?truire Daech rapidement et ? ?tablir une paix durable. Elle sait bien aussi qu'en s'impliquant dans cette guerre, en ce moment pr?cis, elle sera confront?e ? plusieurs adversaires. A commencer par l'int?rieur de son propre territoire, Les communaut?s chiites, surtout les Alevis, et les Kurdes constituant aux yeux d?Ankara une r?elle menace.

La Turquie a peur ?galement que les forces coalis?es ne la laisse seule supporter une guerre d'usure contre Daech et les autres si elle se lance dans un offensif terrestre. En effet, en cas d?engagement sa position g?ographique ne lui laisse pas l?alternative de se retirer. Cette appr?hension est nourrie par la suspicion des Turcs ? l??gard des Occidentaux et des arabes. L'histoire ancienne et r?cente continue de peser lourdement sur les esprits.

Son insistance sur une offensive terrestre men?e par des forces multinationales, accompagn? par l'instauration d'une zone tampon au nord de la Syrie, ne s'explique pas seulement par la volont? d'abattre Bachar Al Assad, sans l?gitimit?, mais ?galement la volont? d'impliquer les forces coalis?es dans la d?fense de son int?grit? territoriale contre toutes les menaces. Les enjeux g?opolitiques et g?ostrat?giques de cette guerre n'ont rien de classique et les risques sont ?normes.

Si la d?cision d'aller en guerre revient constitutionnellement au pr?sident Erdogan, les g?n?raux, en retrait depuis un certain temps, continuent ? d?tenir un droit de v?to, dans ce pays o? le r?le historique de l'institution militaire, gardienne de la la?cit?, ne s'est pas affaibli.

Demander aux Turcs d'agir sous pression, c'est leur demander de lancer dans une guerre qui comporte des risques majeurs pour leur pays. Aucun Etat responsable n?arr?te ses choix pour plaire aux autres. L'Etat turque n'est pas un Etat issue de la d?colonisation pour agir de la sorte, sa profondeur historique est connue de tous. Son choix est conditionn? par ses int?r?ts nationaux et ses calculs strat?giques. Il para?t qu'il a eu gagne de cause. La France a exprim? son soutien ? sa requ?te, les autres coalis?s ne tarderont pas de la suivre. La prochaine rencontre des coalis?es, pr?vue ? Washington, sera d?cisive.

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