Algérie, L’heure de l’évolution

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Ce qui se passe en Algérie n’est pas anodin. Le refus de la candidature du Président Bouteflika pour un cinquième mandat, alors même qu’il est très diminué physiquement, mobilise la jeunesse et, au-delà, des pans entiers de la société.

Ce n’est pas le bilan de Bouteflika qui est remis en cause. Personnage clé du système depuis 1962 et l’indépendance de l’Algérie, il a entamé la période de sa présidence par un processus de concorde nationale qui a permis de pacifier le pays, après une décennie d’horreurs et de terribles souffrances. Profitant de la hausse des revenus gaziers, il a aussi lancé des programmes sociaux, en particulier au niveau des logements. Cela a permis de réconcilier les populations avec le système FLN, malgré des défaillances sur le terrain des libertés, ou dans la transparence de la gestion publique.

 

Mais le monde a changé et le pays a changé. En Algérie 45% de la population ont moins de 25 ans. Ils n’ont aucun traumatisme lié à la décennie de la guerre civile. Par contre, ils ont soif d’ouverture, de démocratie, mais aussi d’opportunités que la rente pétrolière ne permet plus d’offrir, en tout cas pas suffisamment.

Malgré la promesse du Président Bouteflika d’écourter son mandat, d’organiser des élections anticipées au bout d’un an, les manifestations continuent. L’Algérie parait dans une impasse. Pourtant, les élites algériennes ont produit des hommes de valeur et on ne peut imaginer qu’il n’y ait aucune alternative à un président, méritant, mais usé physiquement et politiquement.

L’Algérie est un espace géopolitique hyper-important. C’est un pays grand comme cinq fois la France, avec à la fois l’une des plus grandes façades méditerranéennes et un Sahara très étendu.
Il est frontalier avec cinq pays et il est en contact direct avec la zone sahélienne, si chargée de risques terroristes et route obligée de tous les trafics. Personne n’a intérêt à une déstabilisation de l’Algérie. C’est ce qui explique la tiédeur de toutes les chancelleries, fort peu loquaces contrairement à ce qui s’est passé en 2011.

Il ne s’agit pas ici de faire des prévisions pour l’Algérie. C’est une question interne et c’est au peuple et aux institutions algériennes de le faire. Mais il est clair, qu’une ouverture politique est nécessaire, dans le sens d’une plus grande implication de la jeunesse. C’est une évolution normale qui s’inscrit dans l’aire du temps.

Il n’y a pas un seul marocain sensé qui souhaite la déstabilisation de l’Algérie, malgré les difficultés entre les deux pays. De la stabilité de chacun des deux pays dépend la stabilité de l’ensemble de la région. On ne peut donc que souhaiter à nos voisins une évolution pacifique et positive, pour un avenir meilleur.

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