Algérie : Entre déliquescence politique et réaction économique

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Interdiction et suspension de 900 produits à l’importation dès janvier 2018. Réanimation de l’industrie algérienne à coup de protectionnisme tout azimut, voici la « stratégie » économique de l’Algérie

« Gouverner c’est prévoir »

Le Ministre du commerce algérien Mohamed Benmerradi, a annoncé pour janvier l’interdiction de près de 900 produits à l’importation dans le cadre d’un nouveau dispositif d’encadrement du commerce extérieur.

Retour à des stratégies de protectionnisme pouvant paraitre compréhensibles, le Maroc ayant aussi utilisé des stratégies similaire récemment avec (ou contre) l’industrie turque.

Problème, ces « stratégies » sont appliquées à l’emporte-pièce, sans vision, perdant ainsi la quintessence du concept de la stratégie.

La suspension de ces importations commence à générer des vagues au sein de l’industrie. Les acteurs économiques algériens n’étant pas associés à cette décision, ils sont pris de court. « Des marchandises sont bloquées aux ports alors que toutes les procédures d’importation ont été respectées, dont le paiement et la réception, bien avant la signature de la loi de finances 2018. Un cauchemar pour les industriels, essayant en vain de convaincre que la loi n’est pas rétroactive», déplore l’éditorialiste de « Navigation à vue ». Le gouvernement algérien veut montrer qu’il agit, mais il agit sans cohérence. L’Etat algérien se dirige vers la catastrophe en agissant dans une panique de l’instant, ajoute l’éditorialiste.

Et c’est là que le bât blesse, la gouvernance algérienne est dans un instinct de préservation constant, dans la réaction plutôt que dans la proaction. « Gouverner, c’est prévoir » disait Émile de Girardin. Une gouvernance sans visions et prévisions, comme une entreprise sans « business plan », est synonyme d’échec. Bricoler des mesures, colmater les brèches d’une économie grabataire, sans ligne directrice, ne mènent a rien, sur le long terme et même sur le court terme.

« Paix sociale » sous perfusion

La rente pétrolière est la bénédiction et la malédiction de l’Algérie.

Sonatrach (société en charge des hydrocarbures) a engrangé entre 2000 et 2017, selon ses bilans, environ 800 milliards de dollars en devises.

Une rentrée de capitaux gigantesque, qui de prime abord, devrait assurer un développement faramineux de l’économie algérienne. Pourtant c’est contraire qu’on assiste.

La junte militaire, se partageant le gâteau algérien, génère une stagnation démocratique. La paix sociale est littéralement achetée par des infusions de milliards afin de « garantir le pouvoir d’achat des algériens ».

Les décisions n’ont comme objectif que la préservation et perpétuation du régime. L’Algérie n’arrive pas à s’inscrire dans une évolution de son tissu économique. Se limitant uniquement à une exploitation de sa ressource pétrolière, ne parvenant pas à générer de la valeur ajoutée.

Cette rente gigantesque, peut-être trop, a installé notre voisin dans une paresse économique et bureaucratique.

On peut prendre comme exemple, le temps nécessaire à la création d’une entreprise. Selon une étude de la Banque Mondiale, l’Algérie fait partie des pays ou le délai de création d’une entreprise est le plus élevé. En Allemagne, le délai est de 15 jours, en France de 5 jours, aux Etats Unis de 6 jours. En Algérie, l’attente atteint des durées de 4 mois, avant de pouvoir créer et commencer à exploiter son entreprise. Encore faudrait-il que l’exploitation soit efficiente.

 

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