Dans l’attente que des jeunes officiers renversent la table

5437685854_d630fceaff_b-

557
Partager :

Depuis 22 vendredis qu?un vent de libert? souffle sur le peuple alg?rien. Il y a eu des jours de pri?re o? l?on a compt? 20 millions d?Alg?riens dans les rues pour demander gentiment, vraiment gentiment, au r?gime et ? ses figures les plus embl?matiques de c?der la place ? une deuxi?me r?publique. Instruits et ?chaud?s par une guerre civile de dix ans qui a fait selon les estimations les plus basses plus de 200 mille morts, les Alg?riens ont d?sarm? l?arm?e en voulant leur mouvement pacifique. On a vu fleurir une r?volution qui avait beaucoup d?humour et dansait sur une r?invention maghr?bine d?un Hymne ? la joie.

Insensibles ? la musique autre que celle qui fait marcher les gens au pas, la hi?rarchie militaire a cru un moment qu?une prorogation du mandat ? la pr?sidence de celui qui a fini par d?voiler son vrai visage d?usurpateur, Abdelaziz Bouteflika, suffirait au bonheur d?un peuple qui avait soif de libert?. Dans sa suite, on a assist? ? une chaine d?artifices et de concessions qui n?en sont pas, pour d?tourner les regards de la n?buleuse qui gouverne l?Alg?rie et s?enrichit ind?ment de ses colossales ressources. En vain.

Cent fois sur le m?tier remettant son ouvrage, le peuple alg?rien, chaque vendredi que fait Dieu depuis cinq mois, signe et persiste. De la m?me mani?re, sur un ton moins joyeux, les militaires persistent ? vouloir rouler la contestation dans la farine, habitu?s qu?ils sont ? tromper leur monde. Valsant entre caresses dans le sens du poil et froncements des sourcils, d?sarm?s, parce que la conjoncture leur interdit le recours ? la force, ils misent sur le temps.

Mais le temps, c?est ce que l?Alg?rie est en train de perdre. Les g?n?raux qui ont d?pouill? les Alg?riens de leurs biens, ne rechignent pas ? les d?poss?der de ce qu?il leur reste de plus les cher, les jours qui s??gr?nent. Dans ce d?roulement in?dit par sa long?vit?, personne n?ose plus s?aventurer ? pr?dire les sorties de crise. Les Alg?riens, dans les tr?fonds de leur conscience, savent que le mal dont souffre leur pays, ce n?est ni Abdelaziz Bouteflika ni son fr?re, pr?te-noms de l?usurpation ?cart?s de la circulation, mais l?arm?e qui tente de leur faire croire qu?elle est l? pour pr?server l?Etat et sauvegarder l?Alg?rie.

De fa?on ?gale, les Alg?riens savent que rien n?est possible sans cette m?me arm?e. C?est cette double conscience paradoxale qui explique, voire justifie, l?enlisement de ce rituel que sont devenus les vendredis alg?riens. Si bien que sans le dire, c?est des militaires que le pays attend le salut. Le slogan f?tiche de la contestation, ??le peuple et l?arm?e khawa-khawa??, n?est rien d?autre que l?expression de cette attente implicite de voir une jeune g?n?ration d?officiers, moins corrompus, renverser la table sur la vieille garde, dont le g?n?ral Ga?d Salah est une caricature vivante, pour conduire l?Alg?rie vers d?autres rives.? ? ??

lire aussi