Espagne : Pedro Sanchez, l'économiste qui a réussi un jeu d’alliances complexe

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Madrid - Le leader du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sánchez, investi ce mardi président du gouvernement espagnol lors du second vote au Congrès des députés, a réussi la rude épreuve de mener à bien des négociations complexes pour faire sortir le pays de l’impasse politique qui a duré neuf mois.

Vainqueur des élections anticipées tenues le 10 novembre dernier avec 120 sièges, Pedro Sanchez a eu la confiance des députés de Unidas Podemos et de plusieurs petits partis, dont le Parti nationaliste basque (PNV), avec l'abstention des 13 députés de la Gauche républicaine catalane (ERC).

Economiste de formation, Pedro Sanchez a atteint le sommet de la politique lorsqu'il est devenu, en 2018, président du gouvernement à l'âge de 46 ans, après avoir été un simple député il y a un peu plus de quatre ans.

Son parcours a alterné un dévouement à la politique, d'abord comme conseiller, puis comme député et leader socialiste, et son activité d'enseignant et d'économiste.

"Je pourrais devenir le premier président du gouvernement qui a souffert du chômage", avait prédit M. Sánchez peu après son élection secrétaire général du PSOE pour la première fois en juillet 2014.

Originaire du quartier de Tetuán à Madrid, Pedro Sanchez a obtenu un diplôme en économie et en administration des affaires à l'Université Complutense après avoir étudié au lycée Ramiro de Maeztu, où il a développé une passion pour le basket-ball et même joué avec l'équipe de Estudiantes jusqu'à l'âge de 21 ans.

Issu d’une famille aisée, le président du gouvernement espagnol a obtenu son diplôme universitaire en 1995 et a servi dans l'armée. Il s’est inscrit pour la première fois sur la liste du chômage et a obtenu son premier emploi dans un cabinet de conseil fiscal.

Le manque d'opportunités ont conduit Pedro Sanchez à émigrer aux États-Unis, où il a travaillé dans une entreprise financière. « Je pensais que je m'intéressais au monde des affaires, mais je me suis rendu compte que ce qui m'intéressait, c'était la politique", avait avoué M. Sanchez.

Avec un bagage bien rempli d'expérience, il retourne en Espagne en 2000 pour travailler au sein de l'Organisation des consommateurs et des usagers (OCU) avant d’intégrer l'Exécutif fédéral du PSOE entre 2000 et 2004 comme conseiller économique.

En septembre 2009, avec José Luis Rodriguez Zapatero à la Présidence du gouvernement, Pedro Sanchez a franchi une étape décisive dans sa carrière politique en reprenant le siège de député laissé vacant par l'ancien ministre de l'Économie, Pedro Solbes.

Son premier pas au Congrès lui a permis de gagner la confiance d’Alfredo Pérez Rubalcaba, l’homme fort du PSOE, qui lui a intégré dans son équipe pour la campagne électorale de 2011.

Le destin lui a fait un autre clin d'œil et il est retourné au Congrès en janvier 2013 pour remplacer Cristina Narbona. En juillet 2014, il a été élu secrétaire général du PSOE après avoir battu Eduardo Madina et José Antonio Pérez Tapias aux primaires, et l'année suivante, il a été proclamé candidat à la présidence du gouvernement sans aucun rival.

Lors des élections de juin 2016, c'est la désillusion totale pour Pedro Sánchez et l'ensemble du PSOE. Le verdict est sans appel; le PSOE enregistre son pire résultat depuis le rétablissement de la démocratie en 1978.

Le parti est affaibli et désuni. Pedro Sánchez renonce à son mandat de député et à la présidence du parti après cet échec historique.

Moins d'un an plus tard, il est à nouveau propulsé à la tête du parti socialiste avec plus de 50% des suffrages exprimés lors de l’Assemblée extraordinaire du PSOE.

Après l’éclatement d’une affaire de corruption dite "Gürtel" en mai 2018 impliquant le Parti populaire (PP), au pouvoir, Pedro Sanchez prend la décision de déposer une motion de censure contre Mariano Rajoy qui a permis au leader des socialistes de devenir président du gouvernement.

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