Intersexes: un terme générique pour différentes variations du développement sexuel

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Le terme "intersexes" ou "personnes ayant des variations du développement sexuel", sur lesquelles le Comité d'éthique a rendu un avis mercredi, désigne les personnes qui présentent des caractéristiques anatomiques, chromosomiques ou hormonales ne relevant pas strictement du sexe masculin ou féminin.

La plupart des cas sont liées à des mutations génétiques, souvent sans antécédents familiaux, qui affectent la production d'hormones sexuelles.

L'appellation d'"hermaphrodite", autrefois répandue, est rejetée par les associations car elle ne correspond pas à la réalité. Cet être mythologique est en effet doté d'organes mâles et femelles fonctionnels, ce qui n'est pas le cas dans la nature.

Le nombre de personnes intersexuées, difficile à évaluer, dépend des critères retenus. Car ce terme générique recouvre une très grande diversité de situations: hypertrophie ou au contraire atrophie de certains organes génitaux ou des gonades (testicules et ovaires), présence partielle d'attributs à la fois masculins et féminins ou, dans une acception plus large, malformations congénitales (absence de descente des testicules, ouverture inappropriée de l'urètre chez les garçons...)

Selon une étude publiée en 2000 par Anne Fausto-Sterling, professeure de biologie à l'université Brown (Etats-Unis), environ 1,7% de la population est concernée par au moins un dérèglement de ce type. 

Le Commissariat des droits de l'homme aux Nations Unies retient une fourchette allant de 0,05% à 1,7% selon les experts et, pour illustrer la fréquence du phénomène, souligne que l'estimation haute est "comparable à la proportion de personnes aux cheveux roux".

En France, il n'existe pas de statistiques officielles, mais certaines estimations évoquent 200 naissances par an d'enfants intersexes. Toutefois, de nombreux cas de variations du développement sexuel ne sont pas visibles dès la naissance et apparaissent plus tard, notamment au moment de la puberté.

Par ailleurs, la majorité ne posent pas de problème d'assignation à un sexe à la naissance.

Le terme d'"intersexes" ne se confond pas avec l'identité de genre "non-binaire" (personnes ne s'identifiant ni au genre masculin ni au genre féminin, indépendamment de leurs caractéristiques sexuelles).

Pour répondre à la situation des "non-binaires", certains pays ont ouvert la possibilité d'inscrire dans l'état civil un "sexe neutre". Ce "troisième sexe" est accepté dans des pays comme le Canada, l'Australie et, depuis l'an dernier, l'Allemagne. 

D'autres pays en Europe se sont aussi engagés sur la voie d'une reconnaissance d'un troisième genre comme les Pays-Bas ou l'Autriche. 

En France, tout individu doit être rattaché dans les cinq jours suivants la naissance à l'un des deux sexes masculin ou féminin. La Cour de cassation avait rejeté en 2017 la reconnaissance d'un "sexe neutre", écartant la demande d'une personne née sans pénis ni vagin malgré un premier jugement favorable en octobre 2015.

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