Journée de manifestations en France, l'hôpital se démarque dans la rue

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A Paris, une grande manifestation à l'appel des syndicats a pris le départ à 13h30 (HL), depuis la place de la République pour rejoindre la place de la Nation. En prévision de tout dérapage, la préfecture de police, qui redoute la présence de 400 à 600 casseurs, a demandé aux commerçants se trouvant sur le parcours du cortège de fermer le temps de la manifestation.

Il s'agit de la troisième journée de manifestation depuis le début du mois. Selon la police, elle devra rassembler un million de personnes dans toute la France. Mais le personnel médical a préféré se démarquer.

"On a beau travailler non-stop, sans manger, sans boire, ça ne sert à rien": Margot, urgentiste du Samu de Garches, fait partie du millier de blouses blanches et bleues, internes, infirmières, aides-soignants ou étudiants en médecine qui manifestent mardi à Paris pour "sauver l'hôpital".

Le cortège, orchestre des "blouses brothers" en tête, a relié l'hôpital Lariboisière, près de la gare du Nord, à la place de la République, où s'est élancée la manifestation contre la réforme des retraites.

"On a voulu défiler séparément pour rester visibles", explique Stéphanie Fry, pneumologue au CHU de Lille. En 13 ans d'exercice, elle a vu l'"ambiance changer : on nous demande d'être rentables, de prendre des parts de marché à l'hôpital privé", témoigne-t-elle. "Mais nous, on vend rien, on soigne. Il faut changer tout le système de financement de l'hôpital".

Luc, médecin en soins palliatifs, dénonce la culture du chiffre: "on nous demande le taux d'occupation, la durée et le nombre de séjours, il faut toujours plus de séjours, on croule sous les injonctions contradictoires, il faut soigner bien, mais sans que ça coûte".

Trois internes en blouses bleues de bloc opératoire échangent avec une médecin de la Pitié-Salpêtrière qui les supplie de "ne pas laisser tomber l'hôpital pour le privé".

Mardi, la réforme des retraites s'ajoute aux griefs des hospitaliers : "Rallonger le temps de travail, ce n'est pas possible, à 55 ans, les aide-soignants ont déjà mal au dos, ils manipulent des patients de 80 kg sans lève-malades... ils sont bousillés", raconte Adeline, 39 ans, infirmière dans un hôpital de l'AP-HP.

"On est inquiètes" du calcul de la retraite sur toute la carrière au lieu des six derniers mois, dit-elle, rappelant que "quand on est infirmière on démarre très bas, autour de 1.500 euros. En prenant la carrière dans l'ensemble, c'est sûr et certain que ça va faire baisser notre retraite".

A Paris, une grande manifestation à l'appel des syndicats a pris le départ à 13h30 (HL), depuis la place de la République pour rejoindre la place de la Nation. En prévision de tout dérapage, la préfecture de police, qui redoute la présence de 400 à 600 casseurs, a demandé aux commerçants se trouvant sur le parcours du cortège de fermer le temps de la manifestation.

Il s'agit de la troisième journée de manifestation depuis le début du mois. Selon la police, elle devra rassembler un million de personnes dans toute la France.

Le 5 décembre avait vu défiler plus de 800.000 personnes en France, selon le ministère de l’Intérieur, et 1,5 millions de personnes, selon les syndicats. Le 11 décembre dernier, la mobilisation avait rassemblé 339.000 manifestants selon l’Intérieur et plus de 800.000, selon les syndicats.

Mais, la mobilisation de ce mardi devrait être encore plus massive car pour la première fois, elle intervient à l’appel de l'ensemble des syndicats jusqu'aux plus réformateurs comme la CFDT.

Cette nouvelle mobilisation intervient au lendemain de la démission du haut-commissaire en charge de la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye, au centre de la polémique, ces derniers jours, pour avoir omis de mentionner plusieurs mandats dans sa déclaration d’intérêt à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), et pour avoir continué d’occuper des fonctions rémunérées après son entrée au gouvernement. Un cumul interdit par l’article 23 de la Constitution française, pour lequel le haut-commissaire aux retraites a été épinglé aussi bien par l’Opposition que les syndicats.

En reconduisant pour le treizième jour consécutif leur mobilisation contre la réforme des retraites, les syndicats entendent maintenir la pression sur l’exécutif, à l’approche des fêtes de Noel, et l’obliger à retirer son projet ou du moins à le revoir surtout pour ce qui est de la suppression des régimes spéciaux et le point relatif à l’âge pivot de 64 ans fixé par le gouvernement pour toucher une retraite à taux plein.

"Nous ne retirerons pas" la réforme, a prévenu la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, alors que le Premier ministre Edouard Philippe reçoit les organisations syndicales et patronales mercredi et jeudi, pour essayer de débloquer la situation à l’approche des fêtes de Noel qui s’annoncent chaotiques dans les transports et problématiques pour le commerce

 

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