Le Liban sous l’emprise Hezbollah

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Le Hezbollah est impliqué dans plusieurs conflits régionaux, son armée est mieux équipée que celle de l’Etat, il refuse de déposer les armes ou de les livrer à l’armée légale, il met en danger la stabilité du Liban, bloque les institutions à chaque élection pendant des mois et surtout utilise l’assassinat politique comme moyen

Les législatives libanaises se sont tenues, avec plusieurs années de retard, parce que le contexte politique ne permettait pas cet exercice démocratique. Comme on pouvait s’y attendre,le Hezbollah en sort vainqueur en utilisant des moyens d’intimidation allant jusqu’aux menaces de mort.

Le Liban a besoin d’un fonctionnement normal de ses institutions. Il faut rappeler que ce pays est très divisé, qu’il a connu une guerre civile dévastatrice. Il ne peut se normaliser qu’à deux conditions : se tenir éloigné des conflits régionaux dans une neutralité absolue et laisser au seul Etat l’usage de la force légitime.

Or, le Hezbollah est impliqué dans plusieurs conflits régionaux, en particulier en Syrie, son armée est mieux équipée que celle de l’Etat. Au nom de la résistance à Israël, il refuse de déposer les armes ou de les livrer à l’armée légale. Il met en danger la stabilité du Liban, bloque les institutions à chaque élection pendant des mois et surtout utilise l’assassinat politique comme moyen pour réduire au silence ses adversaires.

Contrairement à ce que l’on peut penser ou lire, sa mainmise sur la communauté chiite ne s’explique pas que par son action sociale, financée par Téhéran. Les Chiites qui ont choisi de se porter candidats sur d’autres listes ont été molestés, traités de vendus, empêchés de faire campagne, parfois obligés de se renier. «Le parti de Dieu» règne d’abord par la terreur. Dans ce contexte, il est difficile d’évaluer une compétition électorale et on comprend le taux d’abstention.

Les institutions libanaises issues des accords de Taef, sont un subtil dosage entre l’Etat confessionnel et la démocratie. Mais depuis l’assassinat de Rafic Hariri, le Hezbollah tient en otage toutes les institutions. Il a bloqué par deux fois l’élection du Président pendant des mois, fait tomber les gouvernements et entrave son travail quand il l’entend.

Il y a plus grave. Il met cette prépondérance, cette force, au service des appétits iraniens dans la région de manière assurée. Hassan Nassrallah, le chef du Hezbollah, a déclaré à plusieurs reprises que «les salaires de nos cadres, notre budget, sont payés par la république islamique parce que nous avons le même destin».

Le Liban ne peut pas supporter un tel positionnement. S’il se départit de sa neutralité, il sombrera dans le chaos, pris en tenaille par le conflit entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Le risque d’une nouvelle guerre civile est de plus en plus patent.

Samy Gemayel, descendant du fondateur d’El Kataeb, réclamait en 2009 une pression politique internationale. Elle est toujours d’actualité parce que ce petit pays est stratégique. Un nouveau conflit rejaillirait sur toute la région, exclurait toute possibilité de solution en Syrie et ouvrirait la voie à toutes les aventures.

Ce scénario du pire devrait faire de la libération du Liban de l’empire du Hezbollah une priorité internationale. Malheureusement ce n’est pas le cas.

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