Les Frères musulmans, ennemis jurés de Donald Trump : info ou intox ?

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Selon plusieurs analystes, si Trump mène vraiment une offensive contre les partis islamistes, c’est aussi le chef de gouvernement Abdalilah Benkirane qui pourrait être considéré comme un criminel.

Le monde se réveille chaque jour sur une décision déroutante et atypique, depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. Mais la relation entre les Etats-Unis et le monde arabe va probablement connaitre quelques inflexions, si le président américain décrète les Frères musulmans comme organisation terroriste.

« Une telle décision aura un impact considérable » a souligné Issandr El Amrani, analyste au sein de l’«International Crisis Group » (ICG)  basé au Maroc, pays où un parti d’obédience islamiste aux relents fréristes est arrivé en tête des dernières élections législatives d’octobre 2016. « Cette initiative pourrait déstabiliser ces pays, où les forces anti-islamistes seront amenées à croître davantage. Cela augmenterait la polarisation », a-t-il ajouté.

Ce projet est une proposition de l’administration Trump qui voudrait classifier la confrérie, vieille de 89 ans, comme organisation terroriste. Ajouter les Frères musulmans à la liste des mouvements terroristes figure en réalité parmi les promesses de la campagne électorale du président américain. Trump n’a pas hésité, même avant sa prise de fonction, à déclarer ouvertement son intention de combattre le terrorisme dans la région du Moyen-Orient, chose que ses partisans encouragent et soutiennent fermement.

Dans la plupart des pays du monde arabe, les mesures prises par Trump ont semé l’inquiétude. Beaucoup de personnes s’attendent donc à voir l’administration américaine classer la confrérie égyptienne comme organisation terroriste. « L’administration d’Obama, nous a éloigné du choc des civilisations » a déclaré, dans ce sens, Emad Shahin, un universitaire égyptien dissident qui enseigne à l’université de Georgetown, avant d’ajouter que Trump est en train de faire basculer le monde.

Cependant, cette décision de Donald Trump pourrait faire le bonheur du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, qui a  mené une répression accrue contre les Frères musulmans, depuis que l’armée a renversé l’ancien président islamiste Morsi. L’Arabie Saoudite et Les Emirats arabes unis vont, de leur côté, probablement soutenir ce projet controversé.

Par ailleurs, dans les pays arabes où les partis islamistes dominent le paysage politique, les experts estiment que les retombées d’une telle décision vont être néfastes pour la politique intérieure de ces pays, mais également pour la diplomatie américaine et pour la lutte contre l’extrémisme.

Cette décision risque ainsi de transformer les relations diplomatiques entre les Etats-Unis et les pays de la région. En Jordanie, un allié stratégique dans la lutte contre le terrorisme, les islamistes constituent un petit mais important groupe au parlement. En Tunisie, le parti Ennahdha, qui a toujours été salué pour sa « modération et son engagement démocratique » depuis la révolution de 2011, va être rejeté. Le chef de gouvernement du Maroc pourrait être considéré à son tour comme un criminel.

Ce projet sujet de polémique est toujours sous examen et la Maison Blanche n’a toujours pas  fait de déclaration officielle pour démentir ou confirmer ces allégations.

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