Migrations, le sens des réalités

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Le Maroc essaye d’accueillir au mieux les migrants de l’Afrique subsaharienne qui s’arrêtent chez nous. On voit bien que cela crée des tensions et nécessite des moyens dont il ne dispose pas. Cette problématique ne peut pas être traitée par des mesures à court terme.

Emmanuel Macron et son gouvernement déclinent un programme vis-à-vis des phénomènes migratoires, dur selon les uns, intenable selon les autres, droitier, pur humaniste, selon les extrêmes. Pourtant, ces positions sont celles de tous les gouvernements français depuis quinze ans, sans application réelle, il est vrai. Le Président français dit, ceux qui fuient une guerre civile ou un régime dictatorial doivent pouvoir trouver refuge, sont éligibles à l’asile en France. Les migrants économiques doivent être raccompagnés chez eux, parce que la France n’a pas de projet digne à leur proposer, quand on sait que le taux de chômage avoisine les 10% et que les prestations sociales ne sont plus assumées par le budget de l’Etat. La question migratoire ne peut plus être otage de positions morales. Elle est déstabilisatrice des deux bords. Angela Merkel s’est montrée très «généreuse» parce que la population de l’Allemagne est vieillissante. Elle l’a regretté, y compris électoralement. Les risques climatiques, les conflits récurrents, continueront à renforcer le flux migratoire. Or celui-ci ne peut être absorbé par le pays d’accueil, non pas par manque de générosité, mais par réalité économique, et, de manière subsidiaire, par réticence culturelle. Des pays africains, auparavant pays de parcours, se retrouvent face à la même problématique. Le Maroc en est un. Nous essayons d’accueillir au mieux les migrants de l’Afrique subsaharienne qui s’arrêtent chez nous. On voit bien que cela crée des tensions et nécessite des moyens dont nous ne disposons pas. Cette problématique ne peut pas être traitée par des mesures à court terme. Il faut inciter les gens à rester chez eux, en leur y offrant un avenir. Cela passe par la recherche de la paix, chaque fois qu’on peut y parvenir et surtout une véritable politique de co-développement, créant des emplois, de la richesse, sur place. Ce choix doit se matérialiser par des politiques fortes et non pas des énoncés de principe, dirigés davantage vers une consommation médiatique que vers une action réelle. Nous savons tous que la pression démographique en Afrique est extraordinaire. Dans vingt ans, le quart des jeunes humains sera en Afrique. Si l’on veut éviter une déferlante en Europe, il faudra leur proposer un avenir chez eux. C’est possible, si sur les problèmes de paix, de stabilité, les interventions étrangères sont plus subtiles, tiennent compte des réalités locales et fixent des règles intangibles. Or, ce n’est pas le cas, les positions varient en fonction des intérêts matériels immédiats. Le co-développement ne peut plus se résumer à l’utilisation des matières premières du sous-sol africain. Il faut aider à la valorisation sur place, à la construction des infrastructures, à l’Education, à l’établissement de vrais systèmes sanitaires. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra arrêter les flux migratoires vers les pays du Nord. Les politiques dites dures n’empêcheront rien. Elles constitueront juste un sujet de débat national.

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