Paris, Une conférence pour rien ?

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L’administration Obama avait promis en 2008 de ranimer le processus de paix. Elle n’a rien fait, alors qu’elle en a les moyens

Une conférence réunissant 75 pays, pour discuter du Moyen-Orient, a sur le papier, de l’intérêt. Mais quand on sait que Palestiniens et Israéliens n’étaient pas là, que Netanyahu l’a même jugée « futile », lui qui ne cache pas son aversion pour toute négociation multilatérale, on voit les limites de l’exercice.

Voulue par la France, qui n’a plus aucun poids dans ce conflit, elle a été soutenue par les USA. C’est là où le bât blesse. L’administration Obama avait promis en 2008 de ranimer le processus de paix. Elle n’a rien fait, alors qu’elle en a les moyens. Les USA sont le premier allié d’Israël, à qui ils offrent une aide militaire sans pareil au monde. Obama aurait pu utiliser ces rapports pour influer sur le cours de l’histoire. Il s’est heurté à l’intransigeance de Netanyahu et a battu en retraite pendant ces deux mandats. Il est dérisoire de voir que ce n’est qu’après l’élection de Donald Trump qu’il multiplie les gestes. D’abord, la non-utilisation du veto au Conseil de Sécurité contre une résolution qui condamne la colonisation, puis la participation active à la conférence de Paris. Ce baroud d’honneur n’honore pas le président sortant et ne gomme en rien son inaction durant toutes ces années.

Le quartet, l’Union Européenne, n’ont pas fait mieux. Le communiqué de Paris, non signé par la Grande Bretagne, n’est qu’un bottin de bonnes intentions. Il rappelle l’attachement à la solution des deux États, sans se prononcer sur aucune difficulté. Si le processus est bloqué, que les négociations sont rompues, qu’Oslo n’est plus une référence, c’est justement parce que les positions des deux parties concernées sont irréconciliables sur un certain nombre de sujets. La colonisation en est un, mais il y a aussi Jérusalem et son statut, le retour des réfugiés et enfin les frontières.

Ce que l’on attend de la communauté internationale c’est d’offrir un cadre permettant d’aplanir ces difficultés, en rassurant les uns et les autres et en utilisant les pressions diplomatiques, pour y parvenir. Il y a un plan de paix qui peut servir de cadre à cette action. C’est celui du Roi Abdallah appelé « L’offre arabe ». Les Palestiniens l’avaient ratifié et Israël le qualifiait de « base de discussion acceptable ». Il faut le remettre à l’ordre du jour pour ramener Netanyahu et Abbas à la table des négociations. Beaucoup de pays peuvent y contribuer comme le rappelle le fils d’Yitzhak Rabin, dans une analyse exclusive pour Al Ahdath Al Maghribia et L’Observateur du Maroc et d’Afrique.

Le Maroc avait joué un grand rôle dans les accords signés à Oslo. Il peut à nouveau s’y impliquer. Il ne le fera que s’il constate un vrai désir de paix des deux parties, mais aussi de la communauté internationale. Les conflits dans la région ont bien relégué la question palestinienne au second rang. C’est une erreur parce que, sans la paix, cette question cristallisera les rejets identitaires et alimentera les conflits dans la région. Le regain de tensions en Israël peut présager de nouveaux drames. La conférence de Paris paraît être une sorte de dédouanement moral. Les participants ont voulu signifier leur attachement à une paix juste et globale. Celle-ci ne peut être atteinte par de simples exhortations. Elle nécessite une approche plus pragmatique, mais surtout plus forte, plus soutenue. Rabin et Arafat avaient suscité l’espoir parce que les USA, l’Europe, des pays comme le Maroc ou la Norvège s’étaient clairement impliqués sans tambours médiatiques. Seule cette implication peut rouvrir la voie vers la paix. Le reste n’est que bavardage.

 

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