Rabat : Une proposition de médiation pour en finir avec la duplicité de Qatar

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Pour qui veut bien lire, la position marocaine est bien claire. Doha ne se distingue pas par sa loyauté ou par le respect de ses engagements sur ces sujets. Rabat appelle en conséquence à une mise à plat sereine des problèmes

D’Abu Dhabi au Koweït, en attendant (peut-être) d’autres capitales des pays du Golfe, le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, cherche à mieux faire comprendre la position marocaine, voire à trouver un chemin pour la médiation que Rabat s’est proposé à mener au cas où les pays en conflit avec la politique étrangère du Qatar le souhaiteraient. Mais les propositions d’intermédiation étant si nombreuses qu’il lui sera difficile, en raison du degré élevé de tension, de se faire entendre.

Il était facile pour le Maroc de céder aux sirènes du règlement de compte avec Doha et de suivre les pays en rupture avec Qatar et sa duplicité dans la politique d’isolement total de ce riche micro-Etat. Autant que les autres pays arabes, le Royaume chérifien a souffert des prétentions politiques de Doha à être l’un des rouages d’une stratégie, dénoncée par le Roi Mohammed VI au sommet de Riad, qui a ciblé et cible encore ce que les Américains ont appelé à un moment le Grand  Moyen Orient.  

Les incitations de Qatar, par tous les moyens dont il dispose et dont il s’est doté, à la révolte de la rue du monde arabe en vue de son implosion n’ont épargné personne. Ce qui devrait normalement faire estimer la hauteur prise par Rabat à sa juste valeur.

Et à en juger par les communiqués des Affaires étrangères, notamment le troisième, ce n’est vraisemblablement pas le cas. Sinon quelle nécessité de rappeler que « le Maroc n’a pas besoin de présenter une preuve ou confirmer sa solidarité permanente avec les pays frères du Golfe » depuis l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990 « à la participation à la coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen » ?

Autant croire que les alliés du Maroc n’ont pas beaucoup apprécié que Rabat ne les suive pas aveuglément dans la rupture radicale avec le Qatar.

Mais s’il ne l’a pas fait, ce n’est pas que Rabat ne partage pas les positions de ces pays. Bien au contraire : En offrant ses bons offices, le Maroc l’a fait « sur la base de la non-ingérence dans les affaires intérieures, la lutte contre l’extrémisme religieux, la clarté dans les positions et la loyauté dans les engagements. »

Pour qui veut bien lire, la position est bien claire. Qu’il s’agisse des ambitions en leadership des qataris, du soutien ostentatoire aux frères musulmans ou encore des relations avec l’Iran lorsqu’il est question des intérêts de la région, Rabat sous entend que Doha ne se distingue pas par sa loyauté ou par le respect de ses engagements sur ces sujets. Il appelle en conséquence à une mise à plat sereine des problèmes.

Derrière cette position se profile la volonté de réduire ce qui vient de se produire dans la région à un coup de semonce suffisamment audible pour permettre une nouvelle entente sur des bases saines et fermer les portes à toute intrusion à des desseins non-dits, mais connus, d’Etats extérieurs à la sphère arabe.

 

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