Un OTAN arabe… et après ?

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L’actualité brûlante au sein du Conseil de coopération du Golfe ne doit pas cacher un problème de fond. La coopération militaire, à elle seule, ne règle rien. Le vrai combat est fondamentalement idéologique

La visite de Donald Trump dans la région du Proche-Orient avait pour principal objet, nous dit-on, la lutte anti-terroriste. Le président américain a annoncé que l’idée d’un OTAN arabe avait été validée. Quelques semaines après, on assiste à l’éclatement du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG), par la mise à l’écart du Qatar, alors que ce Conseil devait constituer le noyau dur de l’alliance militaire. Le Qatar s’illustrait par des positions divergentes sur les relations avec l’Iran et le soutien au prétendu printemps arabe avec l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, en particulier. Cette actualité brûlante ne doit pas cacher un problème de fond. La coopération militaire, à elle seule, ne règle rien. Le vrai combat est fondamentalement idéologique. En Europe, rares sont les attentats pilotés à partir de Raqqa. En Angleterre, les terroristes ont grandi sur le sol britannique. Quand Theresa May dit « trop c’est trop », qu’elle annonce des « discussions gênantes », qu’elle remet en cause le communautarisme, elle ne fait que dénoncer sa propre impuissance. Il lui faut tout un arsenal juridique en rupture avec les principes mêmes de la Grande-Bretagne, attachés à la liberté d’expression la plus totale. Ce que l’on appelle le terrorisme low-cost, celui d’individus utilisant des moyens rudimentaires et créant néanmoins un impact de terreur, pose de nouvelles questions sur le plan sécuritaire. Il est quasiment imparable, parce qu’il n’y a pas de réseaux. L’étudiant algérien en France défendait la démocratie, les droits de l’Homme, il y a à peine quelques mois. Il a agi seul, après une radicalisation express. Le danger c’est l’idéologie d’abord, avant les organisations. Comment faire pour combattre cette idéologie funeste au niveau mondial et tarir ainsi les sources du terrorisme ? C’est une évidence que le challenge est d’abord celui des pays de culture musulmane. C’est à eux de nettoyer, collectivement, les discours religieux en leur sein. L’absence de clergé en Islam sunnite met cette responsabilité sur les épaules des Etats. Or, ceux-ci sont partagés, par leurs lois, sur l’égalité homme-femme, sur l’ouverture aux autres religions, sur les libertés individuelles, en somme sur tous les thèmes qui font le corpus de l’idéologie jihadiste. Cela nous renseigne sur l’énormité du chantier. L’Occident doit participer à ce chantier, d’abord par la gestion des musulmans vivant sur son sol, mais ensuite par la participation active des chercheurs à la lutte idéologique, en respectant la foi musulmane bien entendu. Al Qaïda a été vaincue, Daech lui a succédé. Là où il y a des foyers de tension émergent des groupes jihadistes. Le volet militaire est donc incapable d’éradiquer à lui seul cette tumeur. L’intégrisme s’alimente même de ces événements pour susciter plus de vocations mortifères. Il faut trouver la voie vers une guerre idéologique globale. Cela risque d’être plus compliqué que de constituer une alliance militaire.

 

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