Enseignement : Le consensus, poison mortel de la réforme

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Le roi Mohammed VI vient d?installer un nouveau Conseil Sup?rieur de l?Enseignement avec ? sa t?te Omar Aziman. ?Le conseil (CSEFRS) dont les comp?tences s??tendent ? la formation et ? la recherche scientifique, connait une innovation? ? travers la nomination par le souverain d?un noyau dur d?une vingtaine de comp?tences appel? sp?cialistes et experts. Cette nouveaut? exprime sans doute la volont? de contourner la composition h?t?roclite et pl?thorique du conseil qui ne peut avoir que des effets cacophoniques et paralysants de cette instance d?sormais constitutionnelle. Il est trop t?t pour se prononcer sur ce que pourrait ?tre l??uvre du frais ?moulu CSEFRS et il faut surtout pour l?instant se garder de le juger ? l?aune des r?sultats des travaux non pas th?oriques, parce que dans ce rayon la production est prolixe, mais pratiques des instances qui l?ont pr?c?d?.

Il y a quatre ans j?ai publi? dans Aujourd?hui Le Maroc un article sur les raisons de l?embourbement des tentatives des r?formes de l?enseignement, non pas au nom d?une quelconque expertise, mais en tant qu??l?ve puis ?tudiants et enfin parent d??l?ves et d??tudiant, qui a v?cu dans sa chair le calvaire de l??ducation au Maroc. A toute fin utile, celle de mon d?foulement par exemple, je le republie dans la rubrique Analyses (cliquez ici).

Pour les pus press?s je reprends dans ce texte deux facteurs qui ont ?t? des plus d?terminants, de fa?on certes in?gale, dans la d?ch?ance de l??ducation nationale.

D?abord un corps enseignant perm?able aux id?ologies - marxisantes ? l??poque, islamisantes aujourd?hui- et, ensuite l?absence de l??cole unique, dans son ancienne acception, pour l?ensemble des Marocains.

En dehors du couple arabisation ? marocanisation, souvent appr?hend? de fa?on d?magogique et erron?e, rien n?a autant nui au syst?me ?ducatif que l?engagement politique. Non seulement il s?est transform? ? la longue en un corporatisme ?triqu? et ?gocentrique, plus pr?occup? par les augmentations salariales et les acquis ??sociaux?? que par les questions? p?dagogiques, mais encore il a pris l??ducation nationale en otage du bras de fer entre le pouvoir et l?opposition. Tr?s t?t, mais de fa?on plus patente avec les ?meutes de mars 1965, celle-ci a pris la mesure de l?usage qu?elle pouvait faire de l?instrumentalisation des ?l?ves, des instituteurs et des professeurs dans les rapports de force avec la monarchie. Au lieu de rester un espace d?apprentissage, d?acquisition et d??panouissement des id?es, l??cole marocaine? s?est transform?e ? son insu en une ar?ne de confrontation politique.

C?est tenant compte de cette r?alit? que chaque tentative de r?forme a ?t? subordonn? au pr?alable consensus entre des forces aux int?r?ts inconciliables, si bien que la qu?te du consentement de tous s?est transform? en poison mortel.

L?absence de l??cole unique, non pas dans ce sens o? elle est per?ue par opposition ? l??cole r?gionalis?e, diff?renci?e, adapt?e ? l?environnement social, ?conomique et g?ographique de la population qu?elle veut servir, mais dans celui o? l??cole marocaine vivait dans un ?tat dual, au sens ?conomique du terme, avec l??cole fran?aise, est une autre force blocage. Un ?tat des choses qui va contribuer ? la rel?gation des probl?mes de l?enseignement au second plan dans les pr?occupations des d?cideurs. La pr?sence de la mission fran?aise, accompagn?e par l?enseignement priv?, rejoints plus tard par l??cole am?ricaine, a ainsi couvert d?un voile d?indiff?rence les probl?mes dans lesquels pataugeait l?enseignement marocain. Ce syst?me vici? est devenu valeur refuge des enfants des d?cideurs et de la classe moyenne,? la mission fran?aise agissant dans cette dynamique, de telle mani?re que tous ceux qui pouvaient modifier le cours des choses, ne vivant pas le drame dans leur chair, se sont d?sint?ress?s du probl?me. A la longue, on pouvait m?me croire que l?existence de la mission avait fini par arranger tout ce que le Maroc? comptait et compte de pesant dans la politique de l?Etat du fait qu?elle assurait la reproduction des ?lites en circuit ferm? au sein d?une m?me classe sociale.

Au vu de la situation actuelle peut-on avancer que l??tat des lieux a ?volu? vers le mieux?? ? Tant s?en faut. Il s?est m?me compliqu? par le d?tournement de la solution des probl?mes de l?universit? marocaine par l?extension g?om?trique, partie d?une bonne intention, de l?enseignement sup?rieur priv?. La consolidation de la situation duale de l?enseignement et le recherche continue de l?adh?sion de tous, force d?inertie, ne sont pas dans ce tableau de nature ? rassurer.

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